Deux cas de proventriculite à birnavirus identifiés pour la première fois en France - La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : CYRIL PARACHINI-WINTER

Cela fait maintenant plusieurs dizaines d’années que des cas de proventriculite sont recensés chez des poulets aux États-Unis. Provoquée par un birnavirus (virus très résistant dans l’environnement), cette maladie se manifeste par des retards de croissance et une mortalité légèrement augmentée. Au niveau lésionnel, elle se traduit systématiquement par une hypertrophie et une décoloration de la muqueuse du proventricule1. Bien qu’elle ait été suspectée en Espagne et aux Pays-Bas, c’est dans des élevages de poulets de chair du nord-ouest de la France que les deux premiers cas cliniques ont été identifiés en Europe. Le birnavirus qui en est la cause a désormais un nom : le CPNV pour chicken proventricular necrosis virus2. Des études menées par Jocelyn Marguerie (réseau Cristal-Fili@Vet), visant à décrire le contexte épidémio-clinique de ces deux cas de proventriculite et à effectuer un suivi virologique sur les organes et la litière ont été présentées aux 10e journées de la recherche avicole et des palmipèdes à foie gras à La Rochelle, en mars dernier.

Un tableau clinique et des lésions concordants avec les cas américains

En juin 2011, chez des poulets à durée de vie longue d’une exploitation avicole multi-âges. Les premiers cas européens de proventriculite sont décrits. Puis, au printemps 2012, des poulets âgés cette fois de huit semaines, toujours dans une exploitation multi-âges, sont la cible du second cas diagnostiqué, pour les mêmes symptômes et les mêmes lésions macroscopiques. Comme outre-Atlantique, les poulets présentent un retard de croissance menant à une hétérogénéité des lots, associés à une faible mortalité (augmentée de 2 à 5 %). Les autopsies des animaux cliniquement atteints révèlent un épaississement de la muqueuse proventriculaire sans congestion, érosion ou hémorragie. Néanmoins, si ces lésions sont retrouvées de manière presque systématique chez les plus jeunes sujets autopsiés (lots de deux à cinq semaines), celles-ci s’estompent, voire disparaissent, chez les plus âgés, qui présentent des retards de croissance. Une prostration de 10 à 20 % des animaux dans les lots atteints est par ailleurs notée, ainsi que des poussins “ébouriffés”, mais sans modification significative de leur comportement alimentaire ou dypsique. Il est possible que les adultes présentant un retard de croissance dans les élevages soient des victimes précoces du CPNV qui ont survécu sans présenter par la suite une phase de croissance compensatrice suffisante.

Histopathologies et RT-PCR : les piliers d’un suivi virologique inédit en Europe

La moitié des prélèvements réalisés à l’autopsie sur les proventricules sont fixés au formol et envoyés au laboratoire d’histopathologie d’Oniris, les autres sont congelés avant l’envoi au laboratoire de virologie de l’ENVT pour détection du birnavirus par RT-PCR. Des calques des proventricules de quatre sujets sont en outre envoyés au laboratoire de virologie clinique de l’université de Caroline du Nord pour confirmer l’identité du virus. Dans le deuxième élevage seulement, des prélèvements de duodénum, de côlon, de pancréas, de rate et de bourse de Fabricius sont effectués en plus de ceux du proventricule pour évaluer la présence du virus dans d’autres organes non macroscopiquement atteints. De même, des prélèvements de litière sont réalisés pour mettre en évidence une contamination de l’environnement probable à la vue de la résistance du virus incriminé. Des lésions histopathologiques (inflammation sévère des glandes de la sous-muqueuse, infiltrat lym­phoplasmocytaire, œdème et métaplasie de l’épithélium glandulaire) sont notées dans le proventricule de tous les sujets qui présentent des lésions macroscopiques. De plus, tous les prélèvements de proven­tricules se révèlent fortement positifs en RT-PCR pour le CNPV, avec quelque 99 % de similitudes entre les génomes prélevés en France et celui déjà séquencé aux États-Unis. En outre, pour certains des sujets chez lesquels ils ont été réalisés, les prélèvements de tube digestif (chez cinq individus sur cinq), de rate (deux sur cinq), de pancréas (quatre sur cinq) et de bourse de Fabricius (deux sur cinq) se révèlent positifs en RT-PCR. Le CNPV est retrouvé dans quatre des dix échantillons de litière.

En l’absence de traitement et de mesures de prophylaxie spécifiques de cette maladie, l’incidence clinique de la proventriculite à birnavirus a été contrôlée à la suite de ces deux épisodes – sans néanmoins parvenir à une éradication du virus – grâce à une attention particulière portée au renforcement des barrières sanitaires, au nettoyage, et à la désinfection des circuits et de l’eau de boisson, et à la mise en place d’une stimulation vitaminique séquentielle.

  • 1 T. V. Dormitorio et coll., 2007.

  • 2 J.S. Guy et coll., 2011.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr