Contre la fièvre Q, associer vaccination et antibiothérapie - La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : KARIM ADJOU

La fièvre Q est due à une bactérie intracellulaire Gram négatif, Coxiella burnetii. Sa répartition est quasi planétaire (à l’exception de la Nouvelle-Zélande). Cette zoonose affecte de multiples espèces animales (ruminants, carnivores, oiseaux).

La contamination s’effectue essentiellement par voie respiratoire, mais elle est possible par un contact direct avec des animaux excréteurs ou un milieu infecté. Des cas de contamination humaine, via l’inhalation de poussières du fumier issu de troupeaux atteints, sont décrits. La bactérie est exceptionnellement résistante dans le milieu extérieur, à la dessiccation, à la chaleur, et aux désinfectants tels que le formol ou l’eau de Javel. Elle peut survivre jusqu’à deux ans dans les litières. Un temps sec et venteux favorise sa propagation.

L’excrétion est particulièrement importante autour des avortements, dans les produits de la parturition (avorton, délivrance) ou dans les sécrétions vaginales. La voie sexuelle, lors de monte naturelle chez les ruminants, est également évoquée. La bactérie est excrétée dans le lait. Bien que très rare, la contamination humaine par voie orale est possible via l’ingestion de lait non pasteurisé ou de produits laitiers issus de ce lait. Une transmission interhumaine existe en théorie.

CONTEXTE

Un diagnostic fondé uniquement sur les signes cliniques est impossible. Chez les ruminants, la fièvre Q est à envisager dans le cadre du diagnostic différentiel des avortements, des mortinatalités et des métrites. Lors d’une série d’avortements, l’administration d’antibiotiques est recommandée toutes les deux semaines chez les femelles qui n’ont pas encore mis bas dans le lot atteint (métaphylaxie). Ce traitement semble réduire le nombre d’avortements sans empêcher l’excrétion des bactéries dans le milieu extérieur. L’association de la vaccination à un traitement antibiotique à base de tétracyclines, pour lutter contre la bactérie, donne des résultats intéressants.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Ainsi, une équipe d’Oniris a mené une étude1 chez 883 vaches prêtes à mettre bas au sein de 22 troupeaux, pour lesquels un diagnostic de fièvre Q clinique était confirmé. Aucun de ces élevages n’a vac­ciné son cheptel contre Coxiella burnetii au cours des cinq années qui ont précédé l’étude, ni pratiqué d’antibiothérapie systématique.

Dans ce travail, 18,3 % des vaches sont excrétrices, alors que 42,2 % sont séropositives. Tous les bovins de plus d’un an sont prélevés et leur statut en anticorps testé à l’aide d’un kit Elisa. Après chaque mise bas, un écouvillonnage vaginal est pratiqué systématiquement et testé avec le kit RT-PCR. Quatre stratégies sont définies, une seule est mise en œuvre dans chaque élevage : vaccination, vaccination et antibiothérapie, antibiothérapie seule, ni vaccination ni antibiotiques. Le protocole vaccinal comporte une primovaccination (deux injections à trois semaines d’intervalle) et un rappel annuel avec un vaccin en phase 1. L’antibiotique choisi est une oxytétracycline longue action à la dose de 20 mg/kg. Dans les élevages où il est administré, les vaches sont séparées en cinq lots : traitement au tarissement, à la mise bas, au tarissement et à la mise bas, au tarissement et deux semaines plus tard, au tarissement et deux semaines plus tard et à la mise bas.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Les animaux séronégatifs présentent un risque significativement inférieur d’être excréteurs au moment du vêlage. Les femelles vaccinées bénéficient d’un risque significativement moindre d’atteindre un niveau d’excrétion élevé à la mise bas. De plus, il paraît préférable de vacciner avant l’insémination artificielle plutôt qu’après. Il est à noter que, dans l’étude, 21,5 % des génisses n’ont pas été vaccinées, pour diverses raisons pratiques.

Le risque d’excrétion de la bactérie à la mise bas est plus important chez les génisses non vaccinées que chez les vaccinées. Les auteurs de ce travail recommandent de limiter la vaccination aux génisses et aux vaches exposées (ou au moins séronégatives). Cette approche pourrait être conseillée dans les troupeaux qui affichent une faible séroprévalence, mesurée par un test Elisa sur le lait de tank. L’antibiothérapie au tarissement diminue significativement le risque de voir des vaches devenir excrétrices, avec de fortes variations intertroupeaux. Mais elle n’a pas d’impact sur le niveau d’excrétion. Une seconde injection de tétracycline ne présente pas d’intérêt. D’autres études complémentaires sont cependant nécessaires pour mieux cibler la prescription d’une antibiothérapie systématique.

  • 1 Taurel A.F., Guatteo R., Joly A., Beaudeau F. Effectiveness of vaccination and antibiotics to control Coxiella burnetii shedding around calving in dairy cows. Vet. Microbiol. 2012 oct 12;159(3-4):432-437. doi: 10.1016/j.vetmic.2012.04.027. Epub 2012 Apr 28.

Pour en savoir plus

→ Guatteo R., Seegers H., Joly A., Beaudeau F. Prevention of Coxiella burnetii shedding in infected dairy herds using a phase I C. burnetii inactivated vaccine. Vaccine. 2008 aug. 12;26(34):4320-4328. Epub 2008 Jun 30.

→ Taurel A.F., Guatteo R., Joly A., Seegers H., Beaudeau F. Seroprevalence of Q fever in naturally infected dairy cattle herds. Prev. Vet. Med. 2011 aug 1;101(1-2):51-57. Epub 2011 Jun 8.

→ Rodolakis A. Q Fever in dairy animals. Ann. NY Acad. Sci. 2009 may;1166:90-3.

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