Les examens chez le cheval en coliques - La Semaine Vétérinaire n° 1542 du 31/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1542 du 31/05/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : ALAIN SENSENBRENNER*, SOPHIE PAUL-JEANJEAN**

Fonctions :
*praticien équin à Truchtersheim (Bas-Rhin). Article tiré de la conférence présentée aux Journées nationales des GTV à Nantes, le 16 mai 2013.

L’examen du cheval atteint de coliques ne permet généralement pas de diagnostiquer une cause précise. Toutefois, il doit être complet et systématique pour permettre de suspecter, de mettre en évidence et, surtout, d’exclure avec certitude un certain nombre de signes d’appel, afin de faire la distinction entre des coliques qui nécessitent un traitement médical simple et celles qui exigent un traitement plus lourd, voire chirurgical.

Les taux de réussite des interventions chirurgicales lors de coliques sont essentiellement conditionnés à l’état du cheval lors de son admission, lui-même corrélé au délai d’intervention. Cela nécessite donc une collaboration et des décisions rapides, aux différents échelons de prise en charge du cheval : détenteur de l’animal, vétérinaire de terrain, transporteur, accueil en clinique spécialisée et équipe d’intervention.

Certains facteurs de risque sont en outre liés à l’âge : les jeunes chevaux souffrent plus rarement de coliques, mais sont prédisposés aux intussusceptions. Les chevaux âgés sont plus souvent atteints de strangulation par lipome pédiculé ou de hernie dans le foramen épiploïque. D’autres facteurs sont liés au sexe, comme la hernie inguinale chez le cheval entier, le déplacement ou la torsion du côlon replié chez les juments poulinières.

EXAMEN CLINIQUE

Le premier examen est réalisé à distance et les signes de coliques sont recherchés : flehmen, grattage, couchage, roulage, regard au ventre, position en chien-assis. Ces signes sont plus ou moins marqués ou fréquents et caractérisent l’intensité de la douleur.

L’examen clinique comprend ensuite les paramètres classiques.

→ Température rectale : la présence d’une fièvre supérieure à 39 °C n’est pas un signe de gravité, mais peut laisser suspecter une entérotoxémie, qui constitue une contre-indication chirurgicale.

→ Fréquence cardiaque et pouls : ces paramètres expriment l’état de choc consécutif à la gravité et à l’intensité de la douleur.

→ Fréquence respiratoire : elle est augmentée en cas de douleur, de distension comprimant le diaphragme et d’acidose.

→ État des muqueuses (temps de recoloration cutanée, coloration, sécheresse) : la dégradation et l’évolution de ces paramètres reflètent le statut cardiovasculaire et sont des facteurs pronostiques.

→ L’auscultation digestive s’effectue dans les quatre quadrants. Les bruits de brassage et les borborygmes sont fortement diminués, voire totalement absents dans les cas graves.

→ La palpation transrectale est à pratiquer en gardant à l’esprit la sécurité du vétérinaire, du propriétaire et du cheval. Elle doit être complète et identifier les différentes structures fixes, de gauche à droite, dans le sens des aiguilles d’une montre : la rate, le rein gauche, le ligament néphrosplénique, la bande charnue du cæcum, les structures pelviennes, la vessie, l’utérus ou les anneaux inguinaux, et souvent la courbure pelvienne en bas à gauche. Tout élément différent de ce schéma constitue une anomalie, à qualifier dans la mesure du possible : anomalie de position, de tension ou de distension.

Le sondage nasogastrique doit être systématique lors de coliques violentes ou suspectes pour le praticien. Il est parfois nécessaire de réaliser trois à quatre siphonages successifs pour amorcer le reflux. La présence d’un reflux important (plus de 4 à 5 l) ou persistant (liquide jaune verdâtre épais) est anormale.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

→ L’examen échographique peut être réalisé en pratique ambulatoire et permet d’identifier le gros intestin avec les haustrations, les anses de l’intestin grêle, la présence de liquide péritonéal et les organes (rate, foie et reins). Il convient de s’intéresser à la mobilité, à l’épaisseur de la paroi, au diamètre et à la forme des anses, ainsi qu’à la quantité de liquide.

→ La paracentèse abdominale a perdu une partie de son intérêt avec le développement de l’examen échographique et n’est pas toujours facile à réaliser sur le terrain. Il s’agit d’un examen complémentaire à interpréter avec précaution, car les modifications sont parfois tardives.

→ La numération-formule ne permet pas d’établir de diagnostic différentiel de coliques. Les cas de neutropénie sévère (taux de globules blancs inférieur à 2 500/mm), signe en faveur d’une entérotoxémie ou d’une entérite proximale, ou de neutrophilie, signe d’abcès ou de péritonite, sont souvent des contre-indications chirurgicales.

→ L’hématocrite et les protéines totales permettent d’apprécier l’état d’hydratation.

→ La lactatémie, qui peut être réalisée au chevet de l’animal, signe le métabolisme anaérobique lors du choc. Elle ne permet pas de différencier les cas médicaux des cas chirurgicaux, mais a une valeur pronostique. Dans une étude de 2008, 83 % des chevaux atteints d’une colique chirurgicale et présentant à l’admission un taux supérieur à 6,8 mmol/l sont morts.

BILAN ET DECISION THÉRAPEUTIQUE

Le bilan de l’examen clinique ne permet pas toujours d’établir un diagnostic précis, mais de déceler des signes d’indication chirurgicale, ou plus encore de vérifier leur absence.

Face aux coliques, la décision thérapeutique, qu’elle soit médicale ou chirurgicale, ne peut avoir lieu qu’après un examen complet du cheval et le recueil des signes en faveur d’une laparotomie exploratrice. Le vétérinaire de terrain, en première ligne, doit surtout s’attacher à les exclure.

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