Impact des cages aménagées sur le comportement des poules pondeuses

Depuis le 1^er janvier 2012, les éleveurs de poules pondeuses d’œufs de consommation doivent avoir installé des cages aménagées pour leurs animaux. La directive européenne n° 1999/74/CE a orchestré ce changement. Ces cages sont plus spacieuses (750 cm² versus 550 cm² précédemment) et enrichies de différents éléments, tels qu’une aire de grattage et de picorage, un nid, des perchoirs ou encore des dispositifs de raccourcissement des griffes. Face à la nouveauté de ces agencements subsistent nombre d’interrogations relatives aux bénéfices comportementaux. C’est pour répondre à ces questions que Stéphanie Klein (R&D Sanders) a présenté les résultats d’une étude sur le comportement dans le temps et l’espace de la poule pondeuse en cage aménagée¹, lors des 10^e Journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras à La Rochelle, en mars dernier.

Une étude multiparamétrique à grande échelle

Onze élevages sont sélectionnés. Dans chacun, les animaux sont placés dans des cages aménagées entre 17 et 18 semaines d’âge. Cinq de ces élevages utilisent des cages de 60 poules, qui sont alors divisées en six zones virtuelles, tandis que les six autres sont équipés de cages d’une capacité de 20 poules, sectorisées en trois zones. De plus, deux souches de poules brunes sont étudiées (sept structures élevant la souche 1 et les quatre autres la souche 2). Dans chaque élevage, trois observations d’une demi-heure par tranche d’une heure sont réalisées. Chacune est effectuée chez six poules successivement (âgées de 22, 30 ou 50 semaines), à raison de cinq minutes par poule (soit un total de 3 x 6 x 11 = 198 observations de comportements).

Pour les élevages comportant des cages de 60 poules, un animal est initialement dans chaque zone. Pour ceux munis de cages de 20 poules, deux animaux sont sélectionnés au hasard dans chacune des trois zones.

Seulement 5,8 % du temps consacré au déplacement

L’observateur, placé sur une échelle de biais par rapport à la cage afin de ne pas trop influer par sa présence sur le comportement des animaux, prête une attention particulière à la nature, à la durée et à la localisation dans la cage des comportements. Ces derniers sont ensuite rattachés à l’une des catégories suivantes : inactivité (par exemple, la tête dans les plumes), alimentation, confort individuel (par exemple, ébrouement), locomotion, observation de l’environnement, exploration de l’environnement (par exemple, picage du perchoir) et interaction avec les partenaires (comme le picage des plumes, doux ou agressif). Il en ressort que, sur l’ensemble des onze élevages, 40,8 % du temps est consacré à l’alimentation, versus 39 % à l’observation de l’environnement, 5,8 % au déplacement, 4,2 % à l’exploration de l’environnement, 2,8 % à l’inactivité et 1,4 % aux interactions avec les congénères. Seules des interactions positives (picage doux sans agressivité) ont été observées.

L’âge n’influence pas les comportements de confort ou d’alimentation

Les résultats de l’étude révèlent également que la taille des cages n’a pas d’influence sur la répartition des comportements. Il en est de même pour l’heure d’observation (première, deuxième ou troisième heure correspondant aux trois séries effectuées dans chaque élevage), à ceci près que le temps consacré au comportement d’observation diminue entre la première heure et la troisième (44 % versus 32,6 % respectivement). Ce phénomène pourrait être lié à une diminution de la curiosité de l’animal envers l’observateur.

Les plus jeunes poules (âgées de 22 semaines), introduites dans un milieu nouveau, passent plus de temps à explorer la cage et moins à observer l’environnement que les autres. Les plus âgées (50 semaines) consacrent, elles, une partie plus restreinte de leur temps à interagir avec leurs congénères (1,2 % versus 1,6 % pour les plus jeunes). En revanche, l’âge n’influence aucunement les comportements de confort ou d’alimentation, ce qui va à l’encontre des résultats de l’étude d’Albentosa et coll. de 2007. La souche, enfin, a un effet significatif sur les comportements d’observation et d’interaction avec les autres animaux, même si ceux-ci se cantonnent à des picages doux. Dans tous les cas, et pour les deux tailles de cage, c’est dans les territoires les plus latéraux que les poules expriment le mieux les comportements d’alimentation (zone extrême contenant le nid, où les poules sont peu dérangées par leurs congénères) ou de confort (aire située à l’opposé, comportant une aire de grattage et de picorage, et où les gallinacés ont le plus de place). Ces dernières observations restent toutefois du domaine de l’hypothétique et seraient à confirmer par des investigations complémentaires.

• 1 Travaux réalisés par Pauline Thomas et supervisés par Yannick Thoraval (responsable technique volaille ponte Sanders).