La prévention, de préférence sans antibiotiques - La Semaine Vétérinaire n° 1541 du 24/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1541 du 24/05/2013

Journées nationales des GTV 2013

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À LA UNE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau*, Lorenza Richard**

Les journées des Groupements techniques vétérinaires (GTV) ont eu lieu à Nantes, du 15 au 17 mai dernier. Le thème principal (« la prévention, approches opérationnelles ») et les ateliers sont revenus sur la problématique de l’antibiorésistance.

La prévention ? Pas si facile à définir, surtout dans son approche opérationnelle. Le thème principal des journées nationales des GTV a proposé un panorama des approches pratiques, après la présentation des facteurs de risque dans les élevages et des outils, sanitaires ou non, à la portée des vétérinaires. Un tour d’horizon à découvrir dans le dossier de La Semaine vétérinaire du 7 juin prochain.

En ateliers thématiques, il était question du parasitisme chez la vache laitière, de la gestion de la période de transition, du diagnostic et du traitement des mammites, ainsi que du virus de Schmallenberg, des affections respiratoires, etc.

Un nouvel atelier “médicament vétérinaire”

Pour cette première édition, Alain Philippon (professeur émérite à la faculté de médecine de Paris) et les vétérinaires Gérard Moulin (ANMV), Philippe Le Coz (commission porcine), Jean-Yves Madec (Anses) et Alain Bousquet-Mélou (ENVT) étaient invités à aborder le thème des antibiotiques critiques, notamment leur définition, les conséquences de leur utilisation et les critères de choix. Les bases de la hiérarchisation des antibiotiques sont liées aux conséquences pour la santé humaine. Il n’y a pas de symétrie entre les santés animale et humaine, bien que les molécules jugées d’importance critique chez l’homme et l’animal soient sensiblement les mêmes. La vraie question est de savoir s’il est possible d’optimiser la santé animale sans augmenter le risque chez l’homme. Actuellement, les recommandations de traitement chez l’animal sont de taper vite et fort ou, comme l’a précisé Alain Bousquet-Mélou, « de taper fort et d’arrêter vite » afin de réduire la pression d’exposition des bactéries commensales, qui peuvent acquérir des gènes de résistance et les transmettre. Dans le cas des fluoroquinolones, la résistance acquise est chromosomique, avec une transmission verticale, donc des conséquences lorsque les bactéries résistantes sélectionnées sont pathogènes pour l’homme. Mais pour les céphalosporines, les résistances sont portées par les plasmides, avec une transmission horizontale et un impact potentiel sur n’importe quelle bactérie. Jean-Yves Madec a suggéré de se poser un certain nombre de questions avant de choisir un antibiotique : à quel point la bactérie peut-elle être résistante ? Sa résistance est-elle très diffusible ? D’autres résistances peuvent-elles être transmises ou d’autres bactéries touchées ? Le recours à un antibiogramme à visée thérapeutique est souvent jugé superflu par Alain Philippon, mais il est nécessaire avant d’utiliser des fluoroquinolones ou des céphalosporines de dernière génération, voire indispensable dans certains cas.

S’en passer ? C’est possible

La filière porc a présenté son retour d’expérience après le moratoire décidé en 2010 sur l’usage des céphalosporines de 3e et 4e générations. Selon Philippe Le Coz, les éleveurs ont bien vécu cette évolution, car ils y étaient préparés. Comme il s’agissait d’une initiative combinée entre les différents acteurs de la filière, dont les vétérinaires, des actions d’information et de formation ont été menées auprès des éleveurs afin de leur expliquer la situation au cours de l’année précédant l’instauration du moratoire. Comme les vétérinaires étaient très soudés, avec un message commun entre les libéraux et leurs confrères des groupements, cela a facilité la prise de conscience des éleveurs, d’autant que la filière est souvent prise pour cible en cas de crise. Philippe Le Coz a souligné l’importance, pour les praticiens, de prendre le temps d’en parler avec leurs clients.

D’un point de vue pratique, les périodes générant de fortes consommations d’antibiotiques ont été identifiées, ainsi que les usages habituels, pour lesquels des mesures sanitaires et des pratiques alternatives sont proposées.

Petits ruminants : des pertes perçues comme “habituelles”

Le constat est unanime : l’éleveur de petits ruminants n’appelle pas son vétérinaire pour la réalisation des autopsies, même lorsqu’elles sont gratuites (prise en charge par les Groupements de défense sanitaire dans certains cas), et les avortements sont sous-déclarés. La mortalité des agneaux, qui s’établit à 16 % en moyenne, est perçue comme habituelle, de même que certaines pertes, considérées comme normales. La marge de manœuvre du vétérinaire est donc importante. Il peut reprendre sa place via une démarche de conseil, en faisant prendre conscience à l’éleveur des pertes non chiffrées de son exploitation, lui permettant ainsi d’améliorer ses résultats. Il est en mesure, notamment, de fournir un avis par rapport au statut sanitaire du cheptel d’origine des animaux introduits dans une exploitation, ou de rappeler les bonnes conduites d’élevage et l’intérêt primordial des autopsies et des déclarations d’avortements. Expliquer à l’éleveur que les mesures de prévention conseillées peuvent lui faire gagner de l’argent est l’argument à mettre en valeur, afin qu’il associe davantage le praticien à un conseiller utile sur le plan économique qu’à une dépense.

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