La médecine interne féline à l’honneur à Arcachon

En endocrinologie, alors que deux maladies émergentes félines, l’acromégalie et l’hyperadolstéronisme, ont passionné les spécialistes, le programme général est revenu sur les deux dysendocrinies les plus fréquentes chez le chat : l’hyperthyroïdie et le diabète.

Ainsi, il convient de suspecter une hyperthyroïdie chez tout chat âgé, surtout s’il présente des vomissements chroniques, un amaigrissement, une polyuro-polydipsie, une polyphagie et un souffle cardiaque. Pour notre consœur Sylvie Daminet (diplomate Acvim et Ecvim, université de Gand, Belgique), « la palpation cervicale doit systématiquement entrer dans l’examen clinique de l’animal âgé ». En outre, une élévation des paramètres hépatiques est observée dans 75 % des cas. Les interactions entre la thyroïde et les reins ont des conséquences importantes sur le diagnostic et le traitement : d’une part, l’hyperthyroïdie induit une hyperfiltration rénale qui abaisse la valeur de la créatininémie et, d’autre part, une maladie rénale chronique diminue la concentration sérique des hormones thyroïdiennes. Au final, le traitement antihyperthyroïdien peut révéler l’existence d’une insuffisance rénale chronique, tandis qu’une thyroxinémie dans la partie haute des valeurs normales ne permet pas d’exclure une hyperthyroïdie devant un tableau clinique évocateur et un nodule thyroïdien.

Une rémission possible du diabète

Chez le chat, le diabète peut disparaître. Néanmoins, notre consœur Julie Gallay-Lepoutre (diplomate Acvim, praticienne à Ollioules, Var) a précisé que persiste alors un état prédiabétique. La rémission survient généralement au cours des six premiers mois du traitement insulinique. Une rechute est observée dans 25 à 30 % des cas. Les chances de rémission semblent plus élevées chez les chats plus âgés et lors d’une administration antérieure de glucocorticoïdes, alors qu’elles sont diminuées en présence d’une hypercholestérolémie ou d’une polyneuropathie diabétique. Lorsqu’une rémission est suspectée, notre consœur recommande de diminuer graduellement la dose d’insuline, par palier de 50 %, avec un suivi toutes les deux semaines, jusqu’à l’obtention de « doses homéopathiques ».

Notre confrère Yannick Bongrand (diplomate Acvim, praticien à Bordeaux, Gironde) est revenu sur le choix de l’insuline : l’injection unique chaque jour d’une insuline retard, de type glargine (Lantus(r), médicament humain), a une durée d’activité de 24 heures chez l’homme, ce qui ne nécessite pas de seconde injection quotidienne. En outre, de son point de vue, « la probabilité d’obtenir une rémission clinique est optimisée avec la glargine, car les périodes d’hyperglycémie sont limitées au cours de la journée ». Toutefois, ce type d’insuline ne bénéficie pas d’une AMM vétérinaire.

Enfin, Géraldine Blanchard, (diplomate ECVCN) a insisté sur l’importance de l’aspect diététique : « Un chat diabétique doit absolument manger, car l’anorexie mène à l’acidose, avec un aliment pauvre en glucides, et doit retrouver un poids optimal. »

Non pas une, mais des cystites

La cystite idiopathique est la principale cause de maladie du bas appareil urinaire chez le chat (60 à 70 % des cas non obstructifs), suivie par les lithiases et les infections du tractus urinaire.

Selon Christelle Maurey-Guenec (maître de conférences à Alfort), les cystites par bouchons urétraux pourraient n’être qu’une expression clinique particulière de la cystite idiopathique, mais « le lien n’est pas prouvé ». La gestion thérapeutique de cette affection ne s’arrête pas avec le retour du chat au domicile après un épisode aigu. Thierry Francey (diplomate Ecvim, université de Berne, Suisse) et Géraldine Blanchard ont, de concert, rappelé la nécessité d’une approche multimodale, englobant l’environnement et le mode de vie du chat, l’alimentation et l’abreuvement, en complément des traitements médicamenteux.

Revoir ses prescriptions d’antibiotiques

Point d’orgue de l’édition 2013, le conseil scientifique du Gemi a présenté son consensus sur l’antibiothérapie raisonnée en médecine interne. Juan Hernandez (diplomate Acvim, praticien à Arcueil, Val-de-Marne) a rappelé que « la prescription d’un antibiotique n’est plus un acte anodin, il induit des conséquences à l’échelle de l’individu, mais également de l’environnement ». En tant que vétérinaire “antibiocitoyen”, il convient de revoir ses schémas thérapeutiques : taper fort, moins longtemps, sans confondre colonisation et infection bactériennes.

• 1 Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) et son Groupe d’étude en médecine interne (Gemi).