L’opération du javart chez le cheval au xxe siècle - La Semaine Vétérinaire n° 1540 du 17/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1540 du 17/05/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : CHRISTOPHE DEGUEURCE*, SOPHIE PAUL-JEANJEAN**

Fonctions :
*ENV d’Alfort, conservateur du musée Fragonard. Article tiré d’une conférence présentée lors du congrès de médecine et de chirurgie équines de Genève, en décembre 2012.

Le javart était une maladie extrêmement courante au début du xxe siècle. Son traitement était encore enseigné aux élèves de l’école d’Alfort à la fin des années 50. L’outil spécifique à son trai­tement chirurgical, la feuille de sauge, faisait partie de la trousse de base des élèves.

Il existait plusieurs variétés de javarts. Leur point commun était l’apparition d’une nécrose des tissus de l’extrémité distale des membres chez le cheval, le mulet et le bœuf, dans les régions du boulet, du paturon ou, le plus souvent, de la couronne. Cette nécrose se pré­sentait sous la forme d’une masse phlegmoneuse ulcé­rative qui évoluait en fistule. Les causes étaient des contusions répétées du paturon ou de la couronne, associées à des mauvaises conditions d’hygiène qui induisaient une infection des cartilages ungulaires, notamment chez les chevaux de labeur.

FORMES VARIÉES

La littérature regorge de formes de javarts : cutanées, tendineuses, nerveuses, fibreuses et cartilagineuses. Le javart cartilagineux, le plus courant et le plus redouté, se caractérisait par une nécrose limitée et chronique des cartilages ungulaires. Une tuméfaction dure et chaude, associée à un érythème de la région coronaire du pied, le plus souvent aux membres postérieurs, évoluait en une masse ovoïde douloureuse responsable d’une boiterie marquée. Le phlegmon perçait alors, laissant s’écouler du pus, et une matière nécrotique appelée « bourbillon » était évacuée par l’ouverture. Une fistule de profondeur variable se mettait en place : superficielle dans le cas d’un javart simple, elle pouvait se diriger vers la gaine tendineuse dans le cas d’un javart tendineux.

En présence d’un javart encorné, elle prenait naissance dans la couronne, principalement entre le quartier et le talon, et provoquait souvent un décollement de la paroi. Le processus infectieux pouvait atteindre le fibrocartilage complémentaire de la troisième phalange et donner naissance à un javart cartilagineux. D’autres structures étaient atteintes : la troisième phalange, les ligaments collatéraux et l’articulation interphalangienne distale.

En cas de javart simple ou cutané, l’évolution vers la guérison était spontanée, mais des cicatrices et des déformations du bourrelet coronal pouvaient persister. Ce type de javart était particulièrement fréquent chez les chevaux soumis à l’humidité : ainsi, ceux qui travaillaient au hallage ou dans les relais de poste étaient les plus atteints. Bien que souvent bénin, il pouvait occasionner une large nécrose cutanée.

Traitements

La première mesure était donc de maintenir le cheval au repos dans un lieu sec et propre. Les hippiatres, puis les vétérinai­res, prescrivaient la maturation de l’abcès à l’aide de cata­plas­mes dont la composition variait selon les auteurs. Le plus connu était l’onguent de populéum. La deuxième étape consistait à vidanger l’abcès après l’avoir percé à l’aide d’une sonde pour en extraire le bourbillon. À la suite de ces traitements, le développement de “cerises” (chéloïdes) était maîtrisé à l’aide de divers produits tels que l’onguent basilicum. De nombreux auteurs préconisaient l’utilisation de térébenthine pendant la phase de cicatrisation afin de créer une action qualifiée aujourd’hui d’antiseptique. Le javart cartilagineux était la forme la plus grave, caractérisée par l’apparition d’une nécrose des cartilages complémentaires de la troisième phalange et d’une fistule au niveau de la couron­ne. Cette dernière était sondée pour en évaluer l’étendue. Une atteinte du bourrelet coronal condamnait souvent l’animal.

Dans le cas contraire, le traitement était envisagé : le sujet était fortement polémique. Les anciens hippiatres utilisaient essentiellement des traitements médicamenteux à base de caustiques ou de cautères de feu, bientôt remplacés par des techniques chirurgicales. De puissants caustiques chimiques, appelés cautères potentiels et composés de sublimé de corrosif ou d’alcool et d’aloès, étaient préparés en boulettes qui étaient enfoncées au cœur de la fistule. Puis des produits cautérisants, sous forme liquide, étaient ensuite utilisés au sein de la fistule et en couronne.

La méthode chirurgicale la plus couramment utilisée avait été développée par Lafosse. Le premier temps était l’arrachement de la muraille après avoir posé un garrot au niveau du paturon. Les instruments utilisés étaient des rénettes, la feuille de sauge pour séparer le podophylle de la corne, et un rogne-pied. Puis la membrane kératogène était incisée à la limite distale du bourrelet coronal. Le troisième temps opératoire consistait à retirer le cartilage à l’aide de la feuil­le de sauge, puis le pied était protégé par un pansement imbibé d’eau-de-vie ou de térébenthine.

Le javart était une affection particulièrement invalidante et de nombreux traitements furent mis en avant pour le soigner. Il a disparu avec le déclin du cheval de travail et des conditions d’hygiène et d’utilisation associées.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr