Des écoles vétérinaires à la pointe du progrès - La Semaine Vétérinaire n° 1540 du 17/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1540 du 17/05/2013

Formation et recherche

Dossier

La cancérologie occupe une place privilégiée dans les écoles vétérinaires, qui développent leur expertise clinique dans ce domaine, d’abord au service de leur mission pédagogique. Le cursus des étudiants comprend ainsi l’enseignement du développement tumoral (sous l’angle anatomo-pathologique) puis des maladies cancéreuses les plus courantes (lymphomes, mastocytomes, tumeurs mammaires, buccales, etc.) dès les premières années. Les bases du diagnostic et de la thérapeutique, y compris leur aspect réglementaire, sont abordées. Les tumeurs profondes (digestives, pancréatiques) ou moins fréquentes sont enseignées plus tard dans le cursus. Dans leur parcours clinique, les étudiants profitent également des consultations spécialisées en cancérologie mises en place dans chaque école.

À Nantes, l’accent est mis sur l’apprentissage d’une bonne communication avec le propriétaire, afin de lui expliquer les options diagnostiques et thérapeutiques disponibles et ce qu’il est possible d’en attendre, ou pas. « Encore davantage que pour d’autres maladies, la prise en charge d’un cancer impose l’adhésion du maître, constate Catherine Ibisch, maître de conférences en oncologie à Oniris. Depuis quatre ans, nous faisons intervenir des comédiens pour exercer les étudiants au travers de séances de type jeu de rôle. » En partenariat avec une société de pet food, une salle devrait même être équipée d’une caméra et d’un miroir sans tain afin d’élargir les possibilités pédagogiques.

À Lyon, l’ouverture d’un résidanat en oncologie, depuis janvier 2011, étoffe l’équipe de l’unité de cancérologie et en dynamise l’activité. Mais pour Frédérique Ponce, qui la dirige, un bon cancérologue est avant tout un bon interniste, qui dispose de compétences pointues dans tous les domaines de la médecine interne.

L’animal en modèle pour l’homme

D’ici à quelques mois, VetAgro Sup devrait s’équiper d’un appareil de scintigraphie, puis de radiothérapie métabolique. Un équipement en radiothérapie externe est également en projet à plus long terme. Il complétera l’activité clinique de l’unité et simplifiera l’accès à la radiothérapie pour la clientèle régionale (référée aujourd’hui à Créteil ou en Suisse).

L’exploitation de ces nouveaux équipements s’effectuera également en lien avec l’activité de recherche de l’équipe. En effet, l’implication des écoles vétérinaires en oncologie touche aussi ce domaine, via l’étude des mécanismes de la cancérogenèse afin d’évaluer de nouvelles molécules comme cibles thérapeutiques, via l’identification de biomarqueurs à des fins diagnostiques ou pronostiques, ou encore via le développement de modèles animaux pour l’étude des cancers humains. En effet, certaines affections tumorales sont très proches chez l’homme et les carnivores domestiques, lesquels offrent de bons modèles d’atteinte spontanée. Vet­Agro Sup travaille, entre autres, sur les lymphomes, leur caractérisation, et l’identification de cibles thérapeutiques. Le fibrosarcome du chat est au centre d’un projet innovant concernant son exérèse assistée par l’imagerie optique. Une technologie également explorée dans le cadre des tumeurs prostatiques canines, avec des espoirs d’application chez l’homme pour l’amélioration du diagnostic précoce.

Un centre anticancéreux vétérinaire à Nantes

À Oniris, la recherche en cancérologie a récemment pris son envol avec l’ouverture de l’unité AMaROC, dédiée à l’oncologie comparée et adossée au centre hospitalier et au centre de recherche préclinique de l’établissement. Jérôme Abadie (maître de conférences), son responsable, s’enthousiasme de sa création, née du partenariat avec d’autres structures de recherche régionale. « Nous tentons de soigner l’animal de compagnie dans l’optique de mieux soigner l’homme demain. La translation s’effectue plus souvent en sens inverse. »

Ce partenariat s’articule notamment autour du cyclotron Arronax, qui ouvre des perspectives d’études novatrices en médecine nucléaire (développement de médicaments radioactifs). L’équipe vétérinaire nantaise travaille particulièrement sur le lymphome B du chien et sur les tumeurs mammaires de la chienne et de la chatte. Pour ces dernières, les travaux de recherche évaluent également les liens potentiels avec l’obésité et l’environnement (notamment le contact avec des polluants comme la dioxine ou des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A).

Ce choix d’Oniris permettra aussi le transfert ou l’acquisition d’un matériel de pointe en imagerie médicale (Pet Scan, Spect/CT) et en radiothérapie (accélérateur pour la radiothérapie externe, curiethérapie). L’école prépare ainsi l’ouverture d’un centre de lutte contre le cancer vétérinaire pour 2014, destiné à augmenter l’offre de soins et à devenir un centre d’innovation thérapeutique. « Je veille à ce qu’il constitue une structure de transfert vers la clinique des innovations issues de l’unité de recherche AMaROC », précise Catherine Ibisch, qui porte le projet.

À Toulouse également, le développement de la cancérologie est dans les starting-blocks, avec le déploiement de nouvelles ressources humaines et matérielles dans un proche avenir. Mélanie Pastor (enseignant chercheur contractuel, titulaire du DESV de médecine interne) souhaite y étendre l’activité clinique, mais aussi de recherche : « La demande des industriels pharmaceutiques est particulièrement forte dans le domaine de l’oncologie. »

Une application vétérinaire limitée

Thérapies ciblées, immunomarquage, radio-isotopes, anticorps monoclonaux, marqueurs de prédictivité de la réponse au traitement : les orientations actuelles de la recherche contre le cancer sont multiples. Les combinaisons d’anticancéreux existants constituent également une possible voie de progrès. Mais leur évaluation se heurte aux freins pratiques et financiers liés à des études qui impliqueraient différents laboratoires pharmaceutiques.

Les fruits de ces travaux de recherche s’appliqueront à la médecine humaine avant tout. Ils profitent immédiatement aux animaux, dans la mesure où ceux-ci sont recrutés dans les essais précliniques et bénéficient donc, à moindre frais, de techniques diagnostiques innovantes et de traitements prometteurs encore en cours d’étude. Mais le coût des traitements anticancéreux, souvent exorbitant en médecine humaine, les rend inaccessibles en pratique vétérinaire courante (au moins tant qu’un générique ou qu’une déclinaison vétérinaire n’est pas disponible). Ainsi, sauf exception – à l’exemple des récentes innovations médicales pour le traitement des mastocytomes canins ou la vaccination thérapeutique contre le mélanome aux États-Unis1 –, les thérapeutiques anticancéreuses de demain ne présentent qu’une application limitée ou lointaine chez l’animal.

  • 1 Quelques structures françaises proposent cette vaccination, sous condition, en partenariat avec Merial.

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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