Résultats 2011 des élevages bovins viande suivis par le réseau Bovins croissance - La Semaine Vétérinaire n° 1538 du 03/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1538 du 03/05/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : JULIEN BELVEZE*, SERGE TROUILLET**

Fonctions :
*Institut de l’élevage. Article tiré d’une communication présentée lors du Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand, le 3 octobre 2012.

Les éleveurs disposent aujourd’hui, avec l’appui de conseillers professionnels, d’un outil pour les accompagner efficacement dans la conduite de leur troupeau. Il a vu le jour grâce au partenariat entre la fédération Bovins croissance et l’Institut de l’élevage, qui ont traité les données multiples (de reproduction, de performances animales et d’abattage) issues de plus de 11 000 élevages en France, entre 2009 et 2011.

Un référentiel national sur Internet

Les professionnels de l’élevage de bovins viande ont désormais accès, en ligne, à de précieuses données utiles à leur métier. Les sites internet des deux partenaires leur proposent en effet un référentiel national, qui illustre la diversité des performances des élevages selon les systèmes et les conduites. « Cet outil, indique Julien Belvèze ?(Institut de l’élevage) qui l’a présenté au Sommet de l’élevage 2012, décrit les performances de reproduction et de croissance des troupeaux selon les races, les régions d’élevage, les types d’atelier et les périodes de vêlage. Il est à la disposition des conseillers pour une utilisation en élevage, le but étant de faciliter la recherche de marges de progrès avec les éleveurs. »

Ces repères pour les éleveurs sont issus du traitement des données de 11 300 élevages (63 vaches en moyenne en 2011) suivis par le réseau Bovins croissance sur les années 2009, 2010 et 2011. L’échantillon représente 17 % des éleveurs français, 700 000 vaches allaitantes, soit 20 % du cheptel français. Avec une spécificité : un fort dynamisme de ces élevages, dont les troupeaux augmentent chaque année deux fois plus vite que la moyenne nationale (deux vaches au lieu d’une). Les données traitées concernent les huit principales races allaitantes (charolaise, limousine, blonde d’Aquitaine, aubrac, salers, parthenaise, rouge des prés et gasconne), les trois premières comptant respectivement pour 31 %, 25 % et 21 % des cheptels suivis par Bovins croissance.

Des données de reproduction, de performances et d’impact économique

Ces éleveurs sont majoritairement des naisseurs (59 %) spécialisés dans la vente de broutards, certains ayant un objectif de vente de reproducteurs, que ce soit des mâles ou des génisses pour le renouvellement. Ce sont aussi des naisseurs-engraisseurs (25 %), de taurillons principalement, mais aussi de veaux sous la mère. Les autres développent des ateliers mixtes, avec des bovins viande et des bovins lait.

Deux principaux types de données sont valorisés. Les premières touchent la reproduction : la productivité globale (c’est-à-dire le nombre de veaux sevrés par rapport à l’effectif moyen de vaches présentes), la mortalité avant le sevrage (nombre de veaux morts avant 210 jours par rapport au nombre de veaux nés) et l’intervalle entre deux vêlages (IVV) en jours. Les secondes concernent les performances animales (poids, âges, types moyens et gains moyens quotidiens en g/j). Des données sur l’abattage sont également traitées, mais surtout, des notions d’impact économique sont introduites.

« Nous avions besoin, pour une meilleure communication en direction de l’éleveur de transformer tous ces chiffres techniques en mesure d’impact économique, explique Julien Belvèze. Selon les objectifs et les moyennes de la race, nous avons ainsi attribué un impact en euros, positif ou négatif, sur la mortalité (repères : 5 % pour les races rustiques : aubrac, salers et gasconne ; 8 % pour les autres races allaitantes), l’IVV (repère : 390 jours) et la croissance des mâles (repères : à 210 jours pour la blonde d’Aquitaine et la gasconne ; à 300 jours pour les autres). Pour rendre lisibles tous ces chiffres, nous avons distingué les élevages du quart supérieur sur la productivité globale du troupeau, et croisé les quatre modalités que sont les huit races, les types d’ateliers, les grandes régions et les conduites d’élevage (en lien avec la gestion des vêlages). »

Une grande variabilité, indépendante des types d’ateliers…

Les résultats montrent une grande variabilité. Entre ceux qui caractérisent le quart supérieur de la productivité globale moyenne du troupeau et la moyenne générale, en 2011, il est par exemple observé, en race charolaise, des écarts de plus de 13,5 %, avec un IVV moyen raccourci à 379 jours au lieu de 385, et une mortalité avant le sevrage ramenée à 6,9 % versus 9,9 % ! Pour la blonde d’Aquitaine, l’écart de productivité globale moyenne s’élève à 18,5 %, avec un IVV raccourci à 392 au lieu de 410 et une mortalité avant le sevrage ramenée à 7 % versus 10 %. L’impact économique est clairement positif pour ces élevages qui conduisent bien leur troupeau, maîtrisent les IVV, éliminent rapidement les vaches à problèmes et où la mortalité est faible.

La variabilité affecte également les éléments de performances. Par exemple, sur les critères poids, âges, types des mâles à sept mois, pour la blonde d’Aquitaine, les valeurs s’échelonnent de 200 kg à 400 kg ! Julien Belvèze et son équipe se sont en conséquence attachés à piéger cette variabilité, pour mieux en identifier les ressorts. Ils ont vérifié quels étaient les impacts sur les résultats des types d’ateliers, des régions d’élevage et des conduites en matière de vêlage. « Pour les types d’ateliers, six ont été mis en avant : naisseurs, naisseurs-engraisseurs de taurillons, naisseurs-engraisseurs de veaux sous la mère, mixtes bovins viande et bovins lait, mixtes naisseurs-engraisseurs de taurillons et mixtes naisseurs-engraisseurs de bœufs. Résultat : le type d’atelier n’est pas suffisant pour expliquer cette variabilité. »

… mais dépendante des régions, et encore plus de la conduite des vêlages

L’effet de la région est, à cet égard, beaucoup plus significatif. Prenons le cas des naisseurs-engraisseurs de taurillons de race limousine. Leur productivité globale moyenne atteint 99 % en zone intensive du grand Ouest Bretagne-Pays-de-la-Loire, et 90 % dans la zone d’élevage polyculture du Sud-Ouest. Autre exemple, les Bretons produisent 10 % de veaux supplémentaires que leurs collègues du sud du Massif central, lesquels produisent en revanche des veaux de 20 kg de plus au même âge. Selon les marchés auxquels ils sont destinés, on ne produit pas les mêmes taurillons ici et là. Une partie de la variabilité est ainsi piégée par le lien au sol et l’utilisation du sol, les douze grandes zones d’élevage ayant été définies sur les potentiels agronomiques des surfaces.

Julien Belvèze a gardé le meilleur pour la fin : « Avec la conduite des vêlages, on arrive au plus intéressant. Nous avons souhaité répondre à deux questions : quelle est la meilleure période pour regrouper les vêlages, en lien avec la cohérence du système ? Le regroupement des vêlages a-t-il un impact significatif sur les résultats de reproduction et les performances animales ? Au niveau national, il y a un pic des vêlages à la fin de l’hiver, au mois de mars. Chez les éleveurs du réseau Bovins croissance, leur répartition est beaucoup plus homogène. Trois pics plus écrêtés apparaissent en septembre (vêlages d’automne), en décembre (vêlages d’hiver précoces) et en mars, en lien avec la dynamique nationale (vêlage d’hiver tardif ou de printemps). »

Regrouper les vêlages selon la période optimale pour la zone d’élevage

Parmi les 11 300 adhérents à Bovins croissance, 59 % regroupent plus de 60 % des vêlages sur 90 jours. Les situations selon les races et les régions diffèrent cependant fortement. Par exemple, en race charolaise, le vêlage d’hiver (34 %) domine celui d’automne (25 %) et celui plus étalé (27 %), tandis qu’en race limousine, le vêlage étalé domine largement (42 %), devant le vêlage d’automne. Il en est de même pour les régions où, notamment, la zone de polyculture-élevage du Sud-Ouest est plutôt tirée vers le vêlage de printemps, tandis que la zone intensive du grand Ouest l’est davantage vers celui d’automne.

Prenons le cas d’un groupe assez fourni, celui des ateliers naisseurs charolais dans la zone herbagère du nord du Massif central. L’échantillon propose une diversité de situations où cinq périodes de vêlages ressortent, avec des impacts globaux (mortalité, IVV et croissance) très différents. Traduits en euros, il apparaît que le vêlage étalé produit des résultats dégradés, de même que celui de printemps tardif. Celui d’automne est intéressant avec cependant, dans le conseil aux éleveurs, une mise en garde sur les surcoûts liés à cette conduite qui implique davantage de nourriture pour l’hivernage et plus de bâtiments. Le vêlage d’hiver est intéressant, tout juste dépassé par celui de la double période qui, bien que minoritaire, a le meilleur impact économique au total.

Cela devrait faire réfléchir la plupart des éleveurs français qui pratiquent essentiellement le vêlage de printemps ! D’autant que le regroupement en automne et en hiver est facilité par le recours à l’insémination (40 % et 15 %) et qu’il permet des performances animales bien meilleures : + 17 kg pour les poids, âges, types à 210 jours sur des mâles, par exemple, en vêlage d’automne, entre ceux qui regroupent le plus et ceux qui le font le moins.

Pour un meilleur choix de conduite des troupeaux

Regrouper les vêlages a donc un effet positif. Selon la zone d’élevage, il convient de choisir la période optimale, celle qui apparaît la plus cohérente à l’échelle de l’exploitation, selon les bâtiments et l’autonomie alimentaire de l’élevage. La situation du vêlage de printemps est apparue très dégradée dans la zone herbagère du nord du Massif central. Elle se révèle au contraire la meilleure pour la reproduction et la croissance des veaux dans la zone herbagère du Nord-Ouest (Normandie). « Là se situe le rôle des professionnels qui doivent conseiller les éleveurs sur le meilleur choix de conduite de leur troupeau en lien avec leur environnement », conclut Julien Belvèze.

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