Abattage, cadences et médicament en questions - La Semaine Vétérinaire n° 1538 du 03/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1538 du 03/05/2013

Mission sur la filière viande

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Marine Neveux

La mission d’information sur la filière viande poursuit ses auditions. Le 25 avril1, c’était le tour de l’OABA et du SNVEL.

Pourquoi la France n’impose-t-elle pas l’étourdissement préalable, alors que cela se fait dans d’autres pays ? », questionne en introduction la sénatrice Sylvie Goy-Chavent, rapporteure de la mission d’information du Sénat. Cette problématique revient en effet au fil des auditions. « L’abattage rituel est doublement dérogatoire », répond Frédéric Freund, directeur de l’OABA. Le sénateur Gérard Bailly, agriculteur de la région d’élevage du Jura, poursuit : « Nos éleveurs peuvent-ils exiger que leurs animaux soient abattus avec étourdissement ? Je n’ai pas envie que mes bêtes soient tuées sans ! », s’insurge-t-il. Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, souligne en outre la dérive actuelle et les chiffres erronés fournis par Bruno Le Maire, alors ministre de l’Agriculture : « Les 14 % d’abattages sans étourdissement de 2007 sont comptabilisés en tonnages, or ce n’est pas de la viande que l’on abat, mais des animaux vivants, c’est donc en tête d’animaux que l’on parle ! » En France, 60 % des ovins sont notamment abattus sans étourdissement. Selon une publication de l’Académie vétérinaire de France en 2007, 49 % des abattages rituels ont concerné des ovins et des caprins.

Aujourd’hui, quelle est l’influence de la nouvelle réglementation ? Dans le Bulletin officiel, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, explique que ses services ne peuvent pas fournir de chiffres actuellement, car l’année civile informatique n’est pas achevée…

Des chaînes aux cadences non respectées

Alain Fauconnier, sénateur de l’Aveyron, poursuit : « Je crois sincèrement qu’il faut arriver à un étourdissement. Je connais les chaînes d’ovins, on sait pertinemment que le débit est tel que halal ou pas halal, tout est halal ! Ce sont des abattoirs avec de petits outils, qui sont en concurrence avec de plus grosses structures, multichaînes. Il est difficile d’équilibrer un abattoir, même si cela ne justifie en rien de réaliser ou non l’étourdissement, mais un grand établissement qui traite aussi des bovins peut se rééquilibrer sur cette chaîne plus lente. » D’un autre côté, « si ces petits abattoirs ne sont pas sur le territoire, il n’y aura plus de structures de proximité ».

Selon Jean-Pierre Kieffer, « il faut que les professionnels respectent aussi les cadences. Pour garder des rythmes économiquement rentables, dans les abattoirs, les bovins sont libérés bien avant la perte de conscience ! ».

« Le débat s’étend aussi au contrôle », estime Alain Fauconnier. « C’est un vrai problème, surenchérit Jean-Pierre Kieffer. Il y a des vétérinaires avant et après l’abattage, mais très peu à la bouverie ou qui assistent au déchargement des animaux, très peu le long de la chaîne d’abattage. »

La question du médicament vétérinaire

Avec Pierre Buisson, président du SNVEL, la sénatrice Bernadette Bourzai aborde rapidement la question d’actualité médiatique : les vétérinaires étant à la fois prescripteurs et délivreurs, « quelle part représente le médicament ? Avec quelles conséquences ? Et l’antibiorésistance ? Quelles conséquences cela pourrait avoir sur le nombre de vétérinaires dans les campagnes ? ». « Ce lien est évident, il est économique dans une proportion de 60 %. La prescription-délivrance est un acte intellectuel et souvent, au cours des années, il n’est pas rémunéré », si ce n’est via le médicament. Notre confrère souligne la disponibilité des vétérinaires sur le territoire, nuit et jour. Un maillage dont tous les sénateurs présents à l’audition se félicitent. « Il faut faire la part des choses pour les antibiotiques, rebondit Pierre Buisson. Il n’y a pas de caractère massif et collectif, comme parfois dans certaines filières avec les aliments médicamenteux et, dans ce cas, ce ne sont pas les vétérinaires qui délivrent. » En outre, Pierre Buisson poursuit, « il y a encore beaucoup de débats scientifiques sur l’origine de l’antibiorésistance. Il y a des dogmes ».

« La filière viande est en difficulté, quel est l’impact des soins ? », demande Sylvie Goy-Chavent. « Il existe peu d’études, car souvent le poste vétérinaire est un fourre-tout où l’on met beaucoup de choses », répond le président du SNVEL. En élevage de vaches laitières, une thèse montre que les soins vétérinaires représentent 4 % du chiffre d’affaires.

L’aberration de l’abattage d’urgence

Cette pratique, qui persiste en France, pose des problèmes de transport, « car la distance entre les exploitations et les abattoirs a augmenté, et le temps de transport est incompatible avec un animal blessé », explique Pierre Buisson. En outre, l’industrie de la viande n’en veut pas.

Dans les faits, s’il est peu utilisé, « le fait qu’il soit maintenu ne donne pas une image positive, c’est aberrant. L’abattage d’urgence n’a pas de sens ! », conclut Pierre Buisson.

  • 1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1536 et n° 1537 en page 22.

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