DES VACHES AUX PETITS SOINS DANS LE DÉSERT INDIEN - La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/04/2013

Reportage

Auteur(s) : Myriem Lahidely

En Inde, la vache sacrée n’est pas une vue de l’esprit. Elle est la gau mata, la mère vache, qui conserve une place particulière dans le panthéon hindou. Un objet de dévotion, au temple, dans la rue où elle cohabite avec l’homme et ses véhicules, et dans les hôpitaux qui lui sont consacrés. « 190 structures soignant des animaux, des bovidés en particulier, sont enregistrées par le gouvernement du Rajasthan », indique le vétérinaire Mahendra Singh Rathore. Le Pannalal Gaushala de Mandaur, où il exerce, soigne des générations de vaches depuis 137 ans. Il se veut le seul établissement privé du district de Jodhpur à traiter les maladies en tous genres, ainsi que les accidents.

Aménagées sur 20 ha, 72 étables construites en brique, dotées d’enclos, accueillent vaches, génisses, taureaux, buffles, zébus, etc., triés selon leur sexe, leur âge (adulte, veau) et leur maladie. Il y a également trois enclos postopératoires (certains à l’abri des oiseaux et des insectes), des boxes d’isolement pour les mâles agressifs, des stalles pour l’élevage, etc. Parmi plus de 2 000 résidentes, beaucoup de bêtes handicapées ou anémiées (1/5e des pensionnaires), des centaines d’aveugles, des seniors et des vaches qui ne produisent plus de lait, etc. « La malnutrition est un problème fréquent dans cette région semi-désertique qui n’a vu, en dix ans, que deux vraies saisons des pluies », explique Anand Singh Kachwaha, l’un des deux superviseurs de l’hôpital.

Les césariennes, une routine

Parmi les vaches soignées l’an dernier à Mandaur, 58 y ont séjourné pour une hernie, 200 pour un prolapsus utérin, 100 pour une ingestion de pierres ou de sacs en plastique nécessitant une ruminotomie… « C’est assez courant, cela provoque de gros problèmes de digestion et des déficiences minérales et vitaminiques, des infections et des gaz qui, en s’accumulant, peuvent entraîner un collapsus », indique le vétérinaire. Les césariennes sont réalisées en routine (près de 200 l’an dernier). « Beaucoup de vaches arrivent ici avec des fractures multiples, notamment de la filière pelvienne, provoquées par un accident de la route. Cela favorise des dystocies qui rendent la parturition difficile et nous oblige à opérer quand nous n’arrivons pas à modifier manuellement la position du veau. » Sans compter les perfusions parentérales, les traitements antibiotiques et anti-inflammatoires, les interventions chirurgicales quotidiennes dans une salle dédiée mais néanmoins sommaire, les plâtres, les soins pour des tumeurs de l’œil ou de la corne (16 en cours de traitement, 95 l’an dernier), etc. « Dès que le cancer a creusé la corne, c’est trop tard, on coupe. Quand la base est touchée, on la referme en employant une technique reconstructrice de la peau, mais généralement, la vache meurt dans les trois mois », précise le Dr Rathore.

250 animaux par jour

Dépourvu de laboratoire, l’établissement envoie ses analyses à 15 km, à l’hôpital vétérinaire d’État de Jodhpur qui héberge un laboratoire régional de diagnostic. Mais malgré son effectif restreint – un vétérinaire présent le matin et joignable 24 heures sur 24, cinq auxiliaires présents dix heures par jour, trois assistants chargés de l’intendance qui aident aussi lorsqu’il faut contenir les animaux… et trois inspecteurs – l’hôpital de Mandaur traite gratuitement jusqu’à 250 animaux par jour. Ces derniers, abandonnés ou non, sont récupérés sur simple appel dans l’une des trois ambulances de l’hôpital, dans un rayon de 100 km, ou amenés directement par leur propriétaire ou des particuliers qui les ont trouvés errants, en mauvais état. « Les propriétaires de vaches stériles ou qui ne donnent pas de lait préfèrent les abandonner dans la rue plutôt que de les envoyer à l’abattoir », souligne Usha Yadav, une jeune auxiliaire vétérinaire.

Des dons en tout genre

Toutes les vaches sont soignées jusqu’à la guérison ou accompagnées « jusqu’à ce qu’une divinité les rappelle », précise le vétérinaire. L’hôpital assume sa mission uniquement grâce aux dons. Des apports de toutes sortes – nourriture, argent, fournitures, aide – lui sont assurés par les fidèles du temple, par les commerçants et les hommes d’affaires de Jodhpur ou des grandes villes comme Bombay, Delhi, Ahmedabad ou Surat (Gujarat), par les villageois et les citoyens locaux, etc. Tout – y compris les intérêts des dons financiers placés dans des banques privées ou publiques – est réinvesti dans l’hôpital (achat de médicaments et de produits de soins, compléments alimentaires en granulés, tonnes de carottes, de chou et autres végétaux utiles, frais de fonctionnement, salaires, etc.). « De tout temps, même pendant les pires famines du siècle, nos résidentes ont toujours eu, chaque jour, au moins de l’eau et de la nourriture », résume Ram Prakash Joshi, le comptable de la structure. Un minimum dans ce pays où la vénération des vaches, même vagabondes, est une tradition vivace. Chaque geste en leur faveur compte comme un acte de piété.

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