Les menaces sur la phénylbutazone équine se dissipent - La Semaine Vétérinaire n° 1536 du 19/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1536 du 19/04/2013

Tromperie sur la viande de bœuf

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Éric Vandaële

Un consommateur de plats à base de bœuf ne serait exposé à la phénylbutazone qu’une fois tous les sept ans, voire tous les 184 ans !

Dans le pire des cas, un gros consommateur de plats préparés à base de bœuf qui, à son insu, ingérerait de la viande chevaline, serait exposé à des résidus de phénylbutazone « une fois tous les sept ans ». C’est peu. Et surtout, cela élimine le risque potentiel de cancérogénicité qui découle d’une exposition chronique. Le consommateur régulier de viande chevaline est un peu plus exposé : au maximum « une fois tous les quatre mois » ont calculé les experts de l’Agence européenne du médicament (EMA) et de l’Autorité européenne de la sécurité des aliments (Efsa). Là encore, cela ne correspond pas à une exposition chronique.

Interdite dans la filière bouchère

Les deux agences ne recommandent donc pas le retrait de la phénylbutazone de l’arsenal thérapeutique équin (Equipalazone(r) en France). Toutefois, le profil toxicologique de la molécule reste défavorable et ne permet pas d’envisager, à l’inverse, la fixation d’une limite maximale de résidus (LMR). Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) reste interdit d’emploi chez les équidés non exclus de la filière bouchère.

L’EMA et l’Efsa recommandent d’améliorer l’application du dispositif réglementaire existant. Le “passeport équin” (ou livret d’identification en France) devrait conduire à exclure définitivement de la consommation humaine les chevaux traités par la phénylbutazone.

Aplasie médullaire létale dans 1 cas sur 30 000

Le principal risque est celui d’une aplasie médullaire mortelle qui survient dans environ un cas sur 30 000 patients traités, soit une incidence similaire à celle du chloramphénicol pour le même risque. Surtout, cet effet mortel n’est pas relié à la dose, mais à une sensibilité individuelle imprévisible. Comme pour le chloramphénicol, ce risque d’aplasie médullaire est à l’origine de l’absence de LMR, donc de l’interdiction d’emploi en productions animales. En outre, la phénylbutazone est « probablement cancérigène ». Et un potentiel effet génotoxique n’est pas exclu.

0,13 % des viandes chevalines contaminées

Mais les données d’exposition des consommateurs à la viande chevaline font qu’il est hautement improbable qu’ils soient exposés à des résidus de phénylbutazone lorsqu’ils en mangent, ou lorsqu’ils ingèrent de la viande étiquetée comme de bœuf mais contenant du cheval.

Environ 300 000 chevaux sont abattus chaque année en Europe, dont près de 100 000 en Italie, 45 000 en Pologne, 30 000 en Espagne, 20 000 en Roumanie, 16 000 en France, 12 000 en Belgique… mais seulement 4 000 au Royaume-Uni. Dans les plans européens de surveillance des résidus de ces dernières années, 2 386 échantillons ont été analysés pour rechercher cet AINS chez les équidés. Seules 37 analyses se sont révélées positives, soit 1,6 % des prélèvements. Mais 86 % des cas positifs (32 sur 37) concernent des chevaux abattus au Royaume-Uni, soit une prévalence de 4 % dans ce petit pays dont les carcasses sont principalement consommées en France.

En Europe, la prévalence moyenne chute à 0,13 %. Depuis le début de l’année, le dépistage, devenu systématique outre-Manche,? a révélé une prévalence de 3,5 % de chevaux positifs à l’abattage. La quasi-totalité des échantillons positifs concernent les reins (33 sur 37). Un seul échantillon de muscle est positif sur 672 testés (soit une prévalence de 0,15 %).

Une tromperie sur 1 à 2 % des plats préparés

En outre, la fraude sur la viande de bœuf ne concernerait que 1 à 2 % des plats préparés à base de bœuf (de type lasagnes surgelées, burgers, etc.). Dans le pire des scénarios, un consommateur, qui ingérerait quatre fois par semaine des spaghettis à la bolognaise, avec une prévalence de résidus élevée (3,5 %), ne serait exposé qu’une fois tous les sept ans à l’AINS. Dans le cas d’une prévalence plus faible (0,13 % comme la moyenne de l’Union), cet individu ne serait exposé à la phénylbutazone qu’une fois tous les 184 ans !

Les risques cancérogènes associés à des expositions chroniques sont donc exclus. Seul le risque d’anémie aplasique est évalué. La probabilité journalière pour qu’un homme sensible à ce risque (soit un sur 30 000 consommateurs) soit exposé à des résidus est estimée entre deux cas pour un milliard d’individus et un cas pour 100 000 millions.

Une éventualité jugée trop exceptionnelle pour que cela conduise à interdire la phénylbutazone chez les équidés exclus de la filière bouchère.

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