Les espèces ciblées par le braconnage en Afrique du Sud ont évolué - La Semaine Vétérinaire n° 1533 du 29/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1533 du 29/03/2013

Faune sauvage

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MONDE

Auteur(s) : Cyril Parachini-Winter

Bien que les peines de prison encourues soient très lourdes, le braconnage dans ce pays à l’extrémité australe du continent africain est encore loin d’être maîtrisé.

L’Environnemental Crime Investigation (ECI) est une organisation dont la mission première, depuis sa création en 1994, est la lutte contre le braconnage. Composée d’une dizaine de rangers, elle agit depuis lors au niveau national, dans les réserves sud-africaines. Certains de ses membres, rencontrés sur place, évoquent en quoi consiste ce véritable travail de détective et de police de la savane.

Une diversité de missions

« Notre rôle se décline en trois volets : l’investigation, les opéra tions spéciales et l’information auprès du public et des professionnels, expliquent-ils. Nous nous intéressons au braconnage, bien entendu, mais de manière plus générale à tous les crimes majeurs contre l’environnement. Excepté les animaux domestiques, le bétail et les chevaux, le reste de la faune, mais aussi de la flore d’Afrique du Sud, est placé sous notre responsabilité. La plupart des criminels et des braconniers sont originaires d’ici ou viennent du Mozambique. Nous nous occupons également d’assurer la liaison entre les organisations gouvernementales et non gouvernementales. »

La corne de rhinocéros à plus de 4 000 €/kg

Selon les membres de l’ECI, le braconnage recouvre désormais plusieurs pratiques. « Il y en a principalement deux types : le braconnage commercial, dont le but est la revente des produits issus des animaux, et le braconnage de survie, pour lequel les animaux sont tués afin de nourrir une famille. Néanmoins, bien souvent, ce second type finit par être aussi commercial en raison de l’excédent d’animaux tués par rapport aux réels besoins alimentaires. »

Les victimes animales changent aussi. Ainsi, il y a plusieurs années, l’ivoire des éléphants était très recherché. Aujourd’hui, ce sont les rhinocéros qui font le plus les frais des braconniers, pourchassés pour leur corne. Utilisée notamment au Yémen pour la fabrication de couteaux ou pour ses propriétés médicinales (elle est affublée de nombreu ses vertus pharmaceutiques, dont un effet antipyrétique), la corne de rhinocéros est vendue au marché noir à plus de 4 000 €/kg, en Europe et en Asie. Le cours de l’ivoire (utilisé surtout pour l’ornementation, la joaillerie ou la fabrique de tampons) a chuté quant à lui, et il ne se vend plus aujourd’hui au-delà de 140 €/kg. « Parmi les autres victimes actuelles du braconnage, ajoutent les membres de l’ECI, il y a les reptiles (les crocodiles sont chassés pour leur peau, les serpents sont envoyés par voie postale comme des documents sans être détectés car ils sont à sang froid), le caviar, les aba lones, les primates comme le vervet monkey (très convoité pour sa viande), mais aussi les végétaux (cactus, etc.). Les conséquences des actes des braconniers vont au-delà de la réduction des effectifs d’animaux. Parfois, les mouvements incontrôlés de toutes ces espèces déclenchent des épidémies à leur lieu d’arrivée (virus Ebola, fièvre aphteuse) qui, lors qu’elles touchent le bétail, peuvent être à l’origine du blocage des exportations et de per tes économiques conséquentes pour le pays. »

Des scènes de crime et de vraies enquêtes à mener

« Il est difficile de trouver des indices sur une scène de braconnage, car souvent la pluie, le vent ou le passage d’autres animaux ont effacé beaucoup de traces. Néanmoins, il s’agit de l’une de nos missions principa les, et une condition sine qua non pour comprendre le mode de fonctionnement des braconniers et démanteler leurs réseaux. Nous recherchons des empreintes de pas, des signes de passage d’un véhicule, des cartouches, des échantillons d’ADN (principalement à partir de sang ou de poils). Nous évaluons également l’ancienneté des ca davres en nous aidant du stade de développement des larves que nous trouvons dessus. Enfin, nous prêtons une attention particulière aux concordances et à la symétrie qui existent entre les parties du cadavre prélevées et les produits animaux saisis ou retrouvés dans le commerce (bouts d’os, cornes, etc.). Ce dernier type d’indices est l’un des plus précieux. »

Les peines encourues par les braconniers sont lourdes (entre dix et quinze ans de prison, rien que pour la possession illégale d’une arme automatique). Au Botswana, le pays voisin, si quel qu’un est aperçu sans uniforme dans une réserve en pos session d’une arme, il est abattu sans somation. Bien que la lutte contre le braconnage développe ses moyens et mobilise ses effectifs, en parallèle des organisations criminelles, le chemin est encore long pour maîtriser cette pratique dans toute l’Afrique du Sud.

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