Un programme senior améliore la qualité de vie des animaux âgés

La population de chats de plus de onze ans ne cesse d’augmenter. Leur prise en charge est donc importante et mérite d’être intégrée à la pratique quotidienne du vétérinaire. Mais quels types de consultations mettre en place ? Quels tests diagnostiques et quels médicaments utiliser ? Voilà quelques questions soulevées lors de ce meeting. À l’occasion d’une conférence interactive avec le Britannique Kit Sturgess, praticien en médecine interne, les habitudes des vétérinaires présents ont été sondées.

Rechercher une hypertension

Il apparaît nécessaire de développer la mesure de la pression artérielle. En effet, moins de la moitié des vétérinaires présents le font. Or, chez le chat âgé, l’hypertension est fréquente. Certes, les dispositifs à acquérir se révèlent coûteux (entre 350 € et 1 500 €). Cependant, il est facile de convaincre le propriétaire, car en médecine humaine, la prise de la tension est courante.

De plus, Diego Esteban, praticien en médecine interne féline à Barcelone, a insisté sur la nécessité de mesurer la pression artérielle lors de la consultation du chat âgé, vidéo d’une mesure correcte avec la méthode Doppler à l’appui. Quatre catégories (de I à IV) permettent d’évaluer le risque d’atteinte des organes cibles (de minime à fort), selon les pressions artérielles systolique et diastolique évaluées (Brown, 2007). Bien entendu, l’effet “blouse blanche” est à garder en tête lors de cette mesure chez le chat.

Un questionnaire envoyé avant la consultation

Tout laisse à penser qu’identifier au plus tôt les premiers signes d’une maladie et intervenir rapidement présente un réel bénéfice pour l’animal. Or un certain nombre de vétérinaires ne proposent pas encore de suivi pour réagir face au vieillissement. Pourtant, mettre en place un programme senior améliore la qualité de vie des animaux âgés. De plus, un tel plan de dépistage permet de développer un réseau de propriétaires concernés par la santé de leur chat et de les fidéliser à la clinique.

L’une des étapes clés de ce programme est la diffusion d’un questionnaire sur la qualité de vie du chat âgé. Les propriétaires sont souvent satisfaits de ce type de formulaire et prennent conscience de l’état de leur animal. Simple à mettre en œuvre, il convient de l’envoyer avant la consultation. Le client peut ainsi réfléchir chez lui aux questions, en ayant son chat sous les yeux. À partir de ce questionnaire, de l’examen clinique et du suivi du poids de l’animal, le vétérinaire propose un dépistage de base, rapide, simple et abordable financièrement (hématocrite, protéines totales, urée, Alat, bandelette et densité urinaires). Les résultats des examens peuvent rendre anxieux les propriétaires. Le praticien doit donc les expliquer le plus simplement possible. Une fois les anomalies énoncées, il est essentiel d’exposer les maladies susceptibles d’en découler, mais surtout les traitements possibles, le suivi et l’évolution probable.

Un risque iatrogène chez le vieux chat

Le traitement du chat âgé est un challenge qui exige des précautions, a souligné Claude Muller, praticienne à Lomme (Nord). Souvent extrapolées de la médecine humaine, les modifications physiologiques liées à l’âge peuvent changer la pharmacocinétique et la pharmacodynamique d’un médicament. Il ne faut pas oublier l’adage « primum non nocere », bien que le risque iatrogénique demeure tout de même faible avec de nombreuses spécialités vétérinaires. Un certain nombre de médicaments en font courir un au chat âgé. C’est le cas des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des diurétiques, des antihypertenseurs, du trilostane, de la gentamicine et autres aminosides (néphrotoxicité), des anticancéreux (index thérapeutique étroit), des inducteurs enzymatiques (comme le phénobarbital et la cimétidine) ou des sédatifs, des anesthésiques, des corticoïdes, du kétoconazole et de l’itraconazole, de la clomipramine. La dose minimale efficace est à rechercher et la durée de traitement doit être la plus courte possible en première intention. Couramment, en pratique quotidienne, l’efficacité thérapeutique est mesurable. Si le traitement est bien toléré, mais avec peu d’effets dus au sous-dosage, il est possible d’augmenter la posologie. La conférencière a précisé qu’il ne faut pas appréhender d’utiliser les médicaments qui peuvent améliorer la qualité de vie de l’animal. En effet, d’après des études récentes (Gowan, 2011 et 2012), le méloxicam est utilisable sur des périodes de six mois, également chez des chats atteints d’une insuffisance rénale chronique.