La médecine interne équine européenne en terres du Nord - La Semaine Vétérinaire n° 1531 du 15/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1531 du 15/03/2013

Médecine sportive

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Julie Dauvillier

Le 6e congrès annuel du Collège européen de médecine interne équine (Eceim) s’est tenu au Touquet, les 8 et 9 février derniers. Pour la première fois, il était organisé en France.

La médecine sportive était au cœur de ces deux jours de conférences. Lors de la session d’ouverture, K. Hinchkliff, expert en matière de cheval athlète, a démontré que si une augmentation des performances de vitesse était théoriquement encore envisageable chez les trotteurs, en revanche les limites du possible sont probablement atteintes chez les galopeurs, grâce à une sélection génétique pointue et à l’amélioration des programmes d’entraînement.

Répercussion de l’exercice sur l’immunité

Notre consœur Tatiana Art a ensuite exposé les connaissances actuelles en termes de répercussion de l’exercice sur l’immunité. Chez l’homme, il est désormais établi qu’un exercice modéré régulier diminue la susceptibilité aux infections. En revanche, les athlètes sont, eux, plus sensibles aux infections, notamment des voies respiratoires supérieures. Il existe en effet une période de baisse de l’immunité, située entre 24 et 72 heures après un exercice intense. En phase de préparation des compétitions, ces périodes se chevauchent et augmentent la susceptibilité de l’organisme aux infections. De même, il est observé chez les chevaux de course une incidence importante des infections virales, malgré un programme de vaccination régulier. Chez l’homme, le cortisol est un acteur majeur de cette baisse d’immunité, ce qui ne semble pas être le cas chez le cheval.

Anomalies des voies respiratoires supérieures

Normand Ducharme (université de Cornell) est revenu sur les anomalies des voies respiratoires supérieures à l’origine de contre-performances. Il a notamment rappelé qu’il existe d’autres causes de collapsus pharyngé que la neuropathie dégénérative, comme le collapsus bilatéral des cartilages aryténoïdes et des cordes vocales chez les trotteurs norvégiens, la persistance du quatrième arc branchial, et la déviation ventrale des processus corniculés des cartilages aryténoïdes.

Il a également remis en question la signification d’une “épiglotte flasque”, souvent perçue comme une prédisposition au déplacement dorsal intermittent du voile du palais : l’instillation de lidocaïne sur l’épiglotte suffit à lui redonner un aspect turgide, mettant en évidence le rôle des récepteurs sensitifs de la région.

Le rôle du ventricule droit en cardiologie

Le cardiologue humain A. La Gerche, de l’hôpital universitaire de Melbourne (Australie), a attiré l’attention sur le rôle du ventricule droit en cardiologie. Longtemps négligé, il intéresse aujourd’hui cette spécialité humaine grâce notamment aux nouvelles technologies (IRM cardiaque à l’effort) qui ont mis en évidence des dysfonctionnements à ce niveau. Ce ventricule est également suspecté d’être à l’origine des arythmies fatales chez les athlètes de haut niveau. Un projet de recherche est en cours chez le cheval pour étudier sa fonction, notamment grâce au Doppler tissulaire (A. Decloetdt et G. van Loon). Notre consœur Lesley Young a rappelé que la fréquence cardiaque maximale n’évoluant pas avec l’entraînement, c’est le volume d’éjection systolique qui détermine les capacités aérobiques de l’athlète, chez l’homme comme chez le cheval. Le cœur se remodèle dans les deux espèces selon la composante “endurance” de l’exercice demandé. A. La Gerche a ainsi rappelé que l’hypertrophie concentrique observée chez les culturistes n’est pas une adaptation physiologique à l’effort demandé ; sans dopage aux stéroïdes, le cœur d’un culturiste n’est pas plus gros que celui d’un non-athlète ! Le remodelage physiologique est néanmoins à distinguer de celui, pathologique, secondaire à une surcharge volumique, comme c’est le cas lors de régurgitation valvulaire. Les mesures échocardiographiques, ainsi que l’étude de contractilité cardiaque grâce au Doppler tissulaire permettent de distinguer ces deux entités.

Les protocoles de test d’effort standardisé

Après avoir rappelé que la quasi-totalité des épreuves sportives chez le cheval font majoritairement appel au métabolisme aérobie, nos consœurs Anne Couroucé-Malblanc et Emmanuelle van Erck-Westergren ont exposé les protocoles de test d’effort standardisé adaptés aux différentes disciplines.

Outre l’évaluation des capacités aérobiques d’un individu à un instant T, l’évaluation répétée d’un cheval permet de suivre son évolution au cours de l’entraînement. Ainsi, le suivi de chevaux de course de galop en début d’entraînement a révélé une augmentation moyenne de la V200 de 65 m/min (10 %) après cinq mois d’entraînement. En l’absence de cette évolution, les causes de contre-performances doivent être explorées. La mesure directe de la VO2 (consommation en oxygène), grâce à un analyseur de gaz sanguins fixé à un masque, est désormais disponible en version portable. Néanmoins, la résistance à l’air qu’entraîne son utilisation ne permet pas, pour le moment, de mesurer la VO2 max.

À propos du surentraînement

Les conférences de Cathy Mc Gowan et de J.-C. Chatard, chef du département de médecine sportive à l’université de Saint-Étienne, ont permis la comparaison des données en matière de surentraînement chez l’homme – pour lequel il n’est pas envisageable de le reproduire volontairement chez les athlètes de haut niveau – et chez le cheval. Deux phénomènes proches, mais distincts, ont été mis en évidence :

< l’overreaching, qui consiste en un exercice dépassant les capacités normales de l’individu sur une courte durée, entraîne, après une période de repos, un rebond des capacités sportives (phénomène d’adaptation) et fait partie des programmes d’entraînement actuellement utilisés ;

< le surentraînement vrai, dans lequel une baisse de performances est associée à un dysfonctionnement des systèmes parasympathiques et sympathiques, nécessite un repos prolongé pour espérer retrouver un niveau de performances antérieur.

Le congrès de l’Eceim en bref

Pour sa première organisation sur le sol français, le congrès a réuni :

> 213 vétérinaires, dont 130 spécialistes, membres des collèges européens et/ou américains ;

> 83 praticiens dont la participation a été encouragée grâce à une étroite collaboration avec l’Association vétérinaire équine française (Avef).

> Au terme de la journée précongrès du 7 février, un quiz en cardiologie a permis aux participants de tester leurs connaissances, avec à la clé plusieurs prix dont un ECG portable (Télévet®).

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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