De la médecine à l’utilisation du cheval

Cette année, les sujets abordés lors de la JRE concernaient bien des aspects médicaux, mais en lien avec les différentes disciplines sportives. Des travaux de qualité ont été présentés, comme celui de Marianne Depecker (Oniris). Notre consœur s’est attachée à montrer l’influence du poumon prélevé sur le diagnostic cytologique des affections des voies respiratoires profondes, dans une étude portant sur 138 chevaux trotteurs français à l’entraînement. Les résultats, significatifs, « laissent supposer que le prélèvement des deux poumons par endoscopie ou guidage endoscopique est nécessaire pour le diagnostic de certitude de l’inflammatory airway disease (IAD) et de l’hémorragie pulmonaire induite à l’exercice (HPIE) ».

Le surentraînement chez le cheval a également fait l’objet d’une approche endocrinienne par Concetta Amato (unité de nutrition et d’endocrinologie, Oniris). Cet état de fatigue chronique comporte des composantes multiples. L’objectif de l’étude était d’approfondir les variations hormonales pendant l’exercice, et de tenter de déceler des marqueurs d’apparition de la fatigue. 37 chevaux de spectacle ont ainsi fait l’objet d’un suivi longitudinal. Les principaux résultats montrent un déséquilibre de la balance énergétique (alors que les apports nutritionnels sont augmentés). « Parmi les facteurs endocriniens significativement modifiés par la charge de travail, le cortisol, l’ACTH, la leptine, l’IGF1, la testostérone et le rapport testostérone/cortisol pourraient se révéler des marqueurs pertinents. »

Du côté de l’Inra de Nouzilly et de Jouy-en-Josas, les premières gestations après un transfert d’embryons équins biopsiés et sexés ont été suivies. 70 embryons ont ainsi fait l’objet de deux études. Au bilan, la biopsie par aspiration est à privilégier. Toutes les prédictions se sont révélées exactes.

Endurance et causes d’élimination

Mohamed Younes (Inserm) a exposé les causes d’élimination en course d’endurance sur 7033 départs, dont 39 % de chevaux éliminés. « La plupart des éliminations ont lieu lors de la 2^e ou 3^e étape de la course », a-t-il détaillé. Il a aussi constaté une fréquence cardiaque de récupération plus élevée chez les chevaux éliminés par rapport aux classés. En outre, les sujets boiteux sont plus rapides que les autres chevaux éliminés : « Un cheval qui va trop vite risque d’être éliminé pour boiterie. » Les jeunes chevaux courent à des vitesses plus élevées que les chevaux âgés et intermédiaires, et leur fréquence cardiaque de récupération est moins haute. Enfin, dans les pays chauds et humides, les risques d’élimination pour trouble métabolique sont accrus. Mohamed Younes a conclu à la nécessité d’une bonne préparation physique et d’une vitesse adaptée en début de course.

Attention visuelle et renforcement positif

Le comportement n’est pas oublié lors de cette journée de la recherche. Céline Rochais (université de Rennes 1) s’est attachée à l’attention visuelle du cheval, un élément moteur pour améliorer l’apprentissage. « Des facteurs intrinsèques (âge, sexe, race) et extrinsèques (conditions de vie, actions humaines) ont une influence sur cette attention visuelle », a-t-elle expliqué. L’utilisation d’un renforcement positif permet un apprentissage plus rapide, et la relation homme-cheval en sort renforcée. Au-delà d’une récupération tactile (grattage du garrot), l’impact du renforcement alimentaire est bien plus marqué. L’étude a été menée chez deux groupes de chevaux censés rester immobiles. Plusieurs signes ont été observés, comme l’orientation du regard, de l’encolure vers l’entraîneur, etc. La récompense alimentaire a bien un impact sur l’attention du cheval. Elle entraîne une valence positive, ainsi les actions humaines peuvent augmenter l’état d’attention de l’animal.

La délicate question du jugement des épreuves de dressage a été abordée par Laura Adam (université de Caen). « Un biais de jugement n’est pas une erreur, a-t-elle expliqué. Face à la complexité, un profil expert est attendu, de même que des compétences spécifiques. »

Du développement durable à l’évaluation de l’interaction entre l’animal et le patient psychiatrique pendant un programme de thérapie assistée par le cheval, toutes ces études ont mis en exergue la richesse des relations avec les équidés au sein de notre société.