Apprendre à intégrer un apprenti : un véritable savoir-faire - La Semaine Vétérinaire n° 1530 du 08/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1530 du 08/03/2013

Entreprise

Auteur(s) : Françoise Sigot

L’apprentissage fait recette, spécialement chez les vétérinaires pour former leurs auxiliaires. Que la démarche soit motivée par la volonté d’anticiper un besoin de recrutement ou de s’impliquer dans la formation des jeunes, il faut savoir qu’un apprenti demande du temps et de l’investissement.

L’apprentissage a depuis longtemps prouvé sa pertinence pour conduire les jeunes à la fois au diplôme et à une première expérience professionnelle. Ainsi, selon l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI), 44 % des apprentis décrochent leur diplôme et se voient proposer un emploi par leur entreprise d’accueil. Reste que pour que ce parcours soit gagnant pour tout le monde, quelques règles s’imposent.

RECRUTER AVEC SOIN

L’apprenti demeure dans la structure au moins deux ans. Il participe à la vie de la clinique, côtoie les clients, les fournisseurs et l’ensemble des équipes. Autant dire qu’il est indispensable de porter grand soin au choix du candidat. « La plupart des échecs que nous rencontrons sont liés à un recrutement mal mené. Or même si l’apprenti n’est présent dans la clinique qu’une partie du temps et s’il ne prend pas en charge autant de missions qu’un salarié, sa sélection doit obéir aux mêmes règles que pour un autre collaborateur », insiste Danièle Ducret, coordinatrice du centre de formation ApForm de Blanquefort. Depuis quelques années, le centre de formation des auxiliaires a donc pris le parti d’effectuer une présélection des candidats afin de présenter aux vétérinaires des jeunes a priori motivés et déjà informés de ce qui compose le travail quotidien en clinique. Pour accroître les chances de réussite, Delphine Paulet, vétérinaire et fondatrice de la structure de conseil VetSide, préconise par ailleurs d’être clair sur son projet. « Le jeune doit savoir, dès son embauche, s’il a des chances d’être recruté au sein de votre structure à la fin de son apprentissage, ou pas. Cela évitera de débuter une collaboration avec de fausses idées. »

INTÉGRER SANS RIEN CACHER

Recruté comme les autres, l’apprenti doit aussi être intégré de la même façon. « Il convient, dès son arrivée, de le présenter à l’équipe, de lui expliquer les différents rouages du fonctionnement de la clinique et, surtout, d’être précis sur des éléments qui peuvent sembler futiles, mais qui ont une véritable importance. Qui peut tutoyer qui, qui peut être sollicité pour telle ou telle question, quelles sont les habitudes de l’équipe, etc. Ces règles de vie et de travail sont essentielles à connaître pour un jeune apprenti », assure Delphine Paulet. « Lorsque j’accueille un apprenti, je lui propose d’abord de venir avec moi en chirurgie, afin qu’il se familiarise avec le métier, sans avoir le stress de l’accueil et de la relation avec les clients. Ensuite, le jour suivant, il observe le travail d’une ASV au comptoir et avec les animaux. Ainsi, il voit rapidement ce qu’est une clinique vétérinaire », indique Stavrakis Stavros, praticien à Marck (Pas-de-Calais).

ASSOCIER L’ÉQUIPE À L’APPRENTISSAGE

L’apprentissage n’est pas simplement une relation entre l’apprenti et son tuteur (souvent le vétérinaire). C’est au contraire une histoire collective dans laquelle l’ensemble des collaborateurs ont un rôle à jouer. « Il est important d’informer l’équipe de la décision de prendre un apprenti et de donner une logique et un objectif à cette décision. Si le jeune est embauché en apprentissage en vue d’être intégré en fin de contrat, il faut le dire. S’il n’est là que pour la période de formation, il est aussi important de le préciser. Le vétérinaire doit également expliquer à son équipe ce qu’il attend d’elle vis-à-vis du jeune », souligne Delphine Paulet.

Certains vont plus loin, à l’image de Bruno Pelletier, praticien à Suresnes et à Colombes (Hauts-de-Seine), qui effectue seul un prérecrutement et présente deux ou trois candidats finalistes à son équipe, avant de décider en prenant en compte cet avis.

FIXER UN CADRE PRÉCIS À L’APPRENTI

Avec le temps de l’accueil vient celui de l’explication du cadre au sein duquel devra évoluer l’apprenti. « Même droits, même devoirs que les autres collaborateurs, c’est avec cette maxime que j’accueille régulièrement des apprentis », témoigne Bruno Pelletier. À ce cadre de vie vient s’ajouter un cadre de travail. « Le jeune doit savoir ce qu’on attend de lui, donc il faut lui fixer des objectifs, décrire les missions qu’il devra prendre en charge », explique la fondatrice de VetSide.

SAVOIR DÉLÉGUER CRESCENDO

Durant ce parcours d’intégration et au moment de définir les objectifs, si les maîtres de stage ne doivent garder à l’esprit qu’une seule chose, c’est bien la dimension temporelle. « Les jeunes ont besoin d’un temps d’adaptation, ils ne peuvent pas être opérationnels tout de suite, puisqu’ils sont là pour apprendre », fait valoir Danièle Ducret. Deux ans sont nécessaires pour former un auxiliaire, bien peu d’ASV seront donc totalement opérationnels avant. C’est donc à travers une montée en puissance régulière des tâches qui leur sont confiées que les jeunes se forment. « La transmission s’effectue au fil du temps, en déléguant de plus en plus, après avoir cadré et expliqué au jeune ce qu’on attend de lui », précise Stavrakis Stavros. Bien entendu, ce temps d’adaptation est jalonné de réussites, mais aussi d’échecs. « Pour prendre un apprenti, il faut être prêt à rattraper ses erreurs, voire ses gaffes, auprès des clients », reconnaît-il. « Il faut être conscient que le jeune n’a aucune connaissance du métier, il convient donc de ne pas l’exposer d’entrée aux situations délicates, en gardant à l’esprit que sa formation s’inscrit dans une progression et un accompagnement », renchérit Bruno Pelletier. D’où l’importance de suivre de près le parcours du jeune, afin de mesurer quelles sont les missions qu’il pourra prendre en charge avec succès.

ÊTRE DISPONIBLE PENDANT L’APPRENTISSAGE

Pour réussir à trouver le bon dosage entre les compétences du jeune et les tâches à lui confier, être à ses côtés pour expliquer, pour montrer, pour l’accompagner dans son travail et répondre à ses questions, les ingrédients indispensables à un parcours d’apprentissage réussi se résument à une seule recette : le temps ! Certains maîtres d’apprentissage choisissent de réserver un moment précis de la semaine, au cours duquel le jeune pourra les questionner. D’autres se rendent disponibles « au fil de l’eau » pour répondre aux questions. D’autres encore laissent le soin aux ASV expérimentés de suivre le jeune de près, pour toutes les questions qui touchent au cœur du métier d’auxiliaire.

SAVOIR DIRE SANS DÉMOTIVER

Au-delà du temps, l’apprenti demande aussi un retour sur son comportement et son travail. Et pas seulement lorsque les choses ne se déroulent pas au mieux ! « Dire ce qui ne va pas est essentiel, mais dire ce qui va est primordial, car les jeunes y sont très sensibles. Par ailleurs, cela permet d’éviter la démotivation, fréquemment observée, notamment durant les premières semaines », souligne la coordinatrice du centre de formation ApForm. « Il faut sans cesse verbaliser les choses. Les non-dits sont toujours préjudiciables au parcours d’apprentissage », renchérit la fondatrice de VetSide. Là encore, le temps est essentiel, car l’instant de colère face à une erreur fuse rapidement, mais les félicitations ou les remerciements pour un travail bien mené se font souvent attendre…

UN RÉFÉRENTIEL COMME OUTIL DE FORMATION

Même si ces règles de base posent les fondations d’un “bon” parcours d’apprentissage, chaque expérience reste unique. C’est pourquoi un référentiel définit avec précision les contenus de la formation pratique et théorique. Il aide à mettre en place les bonnes pratiques indispensables à la réussite. En outre, un livret accompagne le jeune et le vétérinaire dans les relations avec le centre de formation, favorisant ainsi les échanges indispensables entre théorie et pratique. De plus, les enseignants se rendent régulièrement sur le lieu de travail de l’apprenti et entretiennent des contacts fréquents avec les maîtres de stage pour effectuer les adaptations nécessaires au parcours de chacun.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr