Une réflexion sur le médicament à mettre en perspective - La Semaine Vétérinaire n° 1528 du 22/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1528 du 22/02/2013

Pharmacie vétérinaire

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Auteur(s) : Marine Neveux

Il est important dans le principe que le pharmacien soit un acteur significatif de la distribution du médicament vétérinaire, estime Michel Baussier. En effet, son exclusion pourrait renforcer l’idée, chez certains dirigeants, que les pharmaciens ne sont pas indispensables dans la distribution au détail du médicament en général – je parle du médicament à usage humain – et qu’on pourrait de ce fait lui retirer au moins une partie de son monopole, au profit de la grande distribution… et d’Internet. Ce serait d’abord, il faut savoir le dire avec force en tant que citoyen, une grave régression sociale en matière de santé publique. »

Un enjeu majeur

« Les pharmaciens d’officine constituent une profession dont l’utilité sociale ne saurait être remise en cause. Une telle situation ferait courir à terme un risque identique aux vétérinaires. Or pour les confrères, la pharmacie vétérinaire est un enjeu majeur dans le modèle actuel, poursuit le président de l’Ordre. Ce n’est pas un enjeu pour les groupements agréés et cela l’est encore moins pour l’immense majorité des pharmaciens. Il semble qu’un petit nombre d’officinaux, plus pour des raisons idéologiques (le dogme culturel du monopole pharmaceutique) que réellement économiques, agissent avec des arrière-pensées hégémoniques drapées dans la candeur de la santé publique… Laquelle incantation de la santé publique paraît assez souvent, pour les mêmes, inversement proportionnelle, dans la force de sa déclamation, à la réalité concrète de sa mise en pratique. »

En outre, en se glissant dans la peau d’un pharmacien, il est possible de les entendre admettre qu’une exclusivité de fait serait une démonstration a contrario que le système pourrait fonctionner autrement qu’actuellement. Et il peut être pertinent pour les pharmaciens et les vétérinaires de ne pas voir le système actuel anéanti.

Une double compétence vétérinaire appréciée

« Ainsi, en lieu et place d’un monopole pharmaceutique, et l’historique français étant ce qu’il est – très faible intérêt des pharmaciens d’officine pour le médicament vétérinaire que, dans leur immense majorité et de leur propre aveu, ils connaissent plutôt mal (formation initiale déficiente dans ce domaine) et auquel ils se sont peu intéressés (marché faible, etc.) – d’autres solutions ont été trouvées depuis longtemps et ont fait émerger le principe de trois ayants droit et d’une libre concurrence entre eux, continue Michel Baussier. Le citoyen choisit librement et il semble que, dans une part prépondérante de cas, il trouve un intérêt à ce que le vétérinaire lui délivre les médicaments prescrits (globalité, compacité du service rendu dans une unité de temps et de lieu), au même titre qu’il exécute pour lui les actes vétérinaires (opérations chirurgicales, suivis d’élevage, etc.) qu’il a lui-même conseillés ou prescrits. »

Au final, le client, c’est-à-dire le citoyen, « fait souvent du même coup le choix, pour la délivrance, du professionnel du médicament vétérinaire qui connaît le mieux ce produit spécifique et, surtout, qui connaît intimement l’animal (ou l’élevage) à qui ce médicament est destiné. Le vétérinaire a une double compétence (tout en un, guichet unique) qui semble appréciée du public. C’est un fait constaté, et non provoqué. »

Des pharmaciens économiquement inquiets

Certes, le métier de pharmacien subit des remous ces derniers mois, voire années. « Ainsi, dans une profession pharmaceutique en souffrance économique pour des raisons qui n’ont rien à voir avec notre sujet, une poignée d’activistes contestent la délivrance par le vétérinaire. Nous avons du reste les mêmes fous de l’exclusivité vétérinaire dans nos rangs mais, moins organisés, ils sont moins efficaces. Cette poignée de pharmaciens militants intégristes est active et pratique un lobbying redoutable. Tous les arguments et les artifices sont utilisés, y compris ceux qui relèvent de la plus mauvaise foi et de l’outrance permanente.

Le sujet grave de la lutte contre la résistance des bactéries aux anti-infectieux, qui doit rassembler toutes les forces vives, intelligentes et constructives, des médecins, des pharmaciens et des vétérinaires, a malheureusement permis, par médias interposés, l’expression de chiffres faux, de données tronquées et d’amalgames destructeurs pour une profession travailleuse, discrète, modeste et honnête. Je perçois au quotidien la souffrance des confrères blessés par les calomnies. C’est aussi cela, être vétérinaire pour la vie. La vie est en effet aussi un combat. »

Selon Michel Baussier, une bonne stratégie, sinon une bonne attitude à adopter par les vétérinaires consiste à répondre posément, de façon neutre et dépassionnée aux excès de langage et d’activité. « Les citoyens et les pouvoirs publics finiront peut-être par comprendre et apprécier. Il faut l’espérer en tout cas. C’est mon acte de foi. »

Le respect de l’impartialité

Qu’ils soient vétérinaires ou pharmaciens, les inspecteurs ont un devoir absolu d’impartialité, rappellent le SNISPV et le SPHISP : « Il est aussi absurde d’accuser les vétérinaires inspecteurs de vouloir protéger leurs confrères libéraux que d’accuser les pharmaciens inspecteurs de vouloir protéger les officinaux. » Les inspections conduites par des fonctionnaires de l’État ont un unique objectif : veiller au respect des règles afin d’assurer la protection de la santé publique. « À cet égard, nous tenons à rappeler que la réalisation d’inspections est essentielle pour assurer la prévention des dérives professionnelles », poursuivent les deux syndicats. Et de conclure : « Nous regrettons que les moyens consacrés à l’inspection de la pharmacie vétérinaire soient aussi limités par rapport aux enjeux que représente le bon usage des médicaments vétérinaires sur le plan de la santé publique, particulièrement dans le cadre du plan de prévention de l’antibiorésistance. »

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