Les praticiens se sentent peu informés sur les risques professionnels

Voilà un constat qui peut faire frémir la médecine du travail : 41 % des participants à notre sondage en ligne sur les risques professionnels se disent peu informés, et 35 %, pourtant mieux informés, y sont peu préparés. S’il est impossible de se préparer à l’imprévisible, il existe toutefois des solutions pour réduire certains risques, ou faire face aux dangers présents dans les structures vétérinaires.

« La prévention des risques radiologiques est bien faite dans la profession. Il y a des lacunes pour les autres risques, chimiques ou physiques notamment. Pour les risques infectieux, nous sommes suffisamment formés par nos études », estime une consœur. En effet, les risques liés aux germes pathogènes sont généralement abordés pendant le cursus scolaire, ainsi que la toxicité des médicaments et des produits utilisés dans l’exercice professionnel. Encore faut-il y penser une fois lancé dans le grand bain. Ainsi, un confrère indique qu’il a récemment été surpris par « le manque de connaissances chez un étudiant vétérinaire sur la nocivité de l’isoflurane, et sur le risque de transmission d’agents pathogènes lors de détartrage ». Il est vrai que l’expérience aide à « faire davantage attention », et améliore l’appréhension des situations difficiles avec les animaux. Mais il est inutile d’attendre d’avoir mal au dos, par exemple, pour commencer à s’en préoccuper.

Le seul véritable frein à la mise en place d’une politique efficace de prévention des risques professionnels vient souvent des praticiens eux-mêmes. Cela demande du temps et du recul. « Nous sommes vétérinaires, comptables, employeurs, etc. Nous ne pouvons pas tout faire bien et nous délaissons certaines choses, comme celle-ci », explique un confrère. « Les informations sont disponibles quelque part, mais je n’ai pas le temps de les chercher. Il faudrait déléguer cela, mais à qui et à quel prix ? », se demande un autre.

Pourtant, les moyens d’information existent, du côté de la médecine du travail ou de nos instances professionnelles. Un test simple, qui permet de déterminer s’il est temps de réagir d’urgence, consiste à compiler les accidents et les arrêts de travail des vétérinaires et des auxiliaires, sans oublier de noter la fréquence des “petits bobos” : bleus à cause d’un coin de table qui dépasse du mur, courbatures liées au transport des sacs de croquettes ou des animaux, plaies et bosses consécutives à une contention mal assurée.

Les dangers physiques et chimiques sont parfois sensiblement réduits grâce à quelques adaptations mineures : modifier les habitudes de stockage, renforcer la vigilance lors de la manipulation, remanier l’organisation spatiale pour réduire le transport des charges lourdes, recourir plus souvent aux muselières, ou simplement apporter un plus grand soin à la façon dont est assurée la contention des animaux. Les vétérinaires sont, de par leur nature de soignants, habitués à écouter leurs clients. Toutefois, rien n’empêche de s’écouter soi-même ou d’être à l’écoute des idées de son équipe.