Tromperie sur la viande et traçabilité complexe

Le scandale médiatique prend des allures de tsunami : de la viande de bœuf sur l’étiquette, du cheval dans la barquette ! Chili con carne, moussaka, lasagnes, les grandes marques de surgelés sont sur la sellette. Les lasagnes incriminées ont été fabriquées au Luxembourg par une société française de Metz, l’approvisionnement en viande provient d’une société dans l’Aude, qui elle-même se fournit chez un producteur roumain via un trader chypriote, lequel a également sous-traité à un autre trader des Pays-Bas… Et voilà des lasagnes 100 % bœuf qui finissent avec de la viande de cheval !

Cette révélation soulève des problématiques essentielles : celles de la traçabilité, de la tromperie du consommateur, mais aussi de la sécurité sanitaire. En effet, ce dernier aspect a bien souvent été traité comme anecdotique ces derniers jours. Or la trichinellose, une zoonose parasitaire alimentaire, sévit en Europe de l’Est. Comment évaluer les potentiels traitements reçus par les chevaux dans ces pays ? Les fraudeurs de Roumanie n’ont qu’un objectif, vendre, et peu importe comment.

À l’inverse, tout un arsenal réglementaire existe en France, qui ne mérite pas l’opprobre jeté sur l’ensemble de la filière.

Le contrôle de la viande dans les pays tiers en question

Cette tromperie soulève aussi des interrogations sur la qualité et le contrôle de la viande dans les pays tiers. Dans un communiqué du 11 février dernier, le Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV) rappelle que « les règles européennes applicables aux produits d’origine animale provenant d’un autre État membre imposent la réalisation de contrôles à destination ». Or sur la période 2010-2011, « seulement 1 311 interventions ont été réalisées pour 3 422 établissements enregistrés en France, ce qui représente une baisse de plus de 20 % par rapport à l’année précédente », déplore le SNISPV.

Le syndicat pointe de nouveau les baisses récurrentes d’effectifs dans les services chargés de la sécurité sanitaire. En outre, « ces règlements communautaires ont posé le principe que le producteur étant le mieux à même d’assurer la sécurité des produits qu’il met sur le marché, il lui revient de “s’autocontrôler” ». Mais compétence et honnêteté sont-elles toujours au rendez-vous ? Il est permis d’en douter, après un tel scandale…

Benoit Hamon, le ministre de la Consommation, a annoncé que durant toute cette année, des contrôles seront mis en place dans la filière viande. « Je découvre la complexité des circuits », a renchéri son collègue à l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui promet quant à lui des sanctions.