DES VÉTÉRINAIRES AU CHEVET DES CHAMEAUX DU RAJASTHAN - La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013

Reportage

Auteur(s) : Myriem Lahydely

L’État du Rajasthan possède un centre de sauvegarde du chameau (Camel Rescue Center, CRC) unique en Inde. L’équipe vétérinaire de cette ONG a ouvert une clinique spécialisée en 2011. Son objectif : ralentir le déclin d’un cheptel, réduit de moitié en moins de 20 ans.

Le chameau est une mascotte au Rajasthan (nord-ouest de l’Inde). Il fait partie de notre quotidien. Si nous ne faisons rien, d’ici à 50 ans il n’y en aura plus, hormis les spécimens que nous irons contempler dans des zoos. » Vétérinaire depuis 2005, Pradeep Singhal a vu s’accélérer la chute de la population de chameaux (de 1 million à 500 000). Ils sont utilisés, encore aujourd’hui, pour les labours, la traction ou comme moyen de transport. « Les traditions s’estompent, les villageois ont davantage accès à l’éducation et préfèrent partir pour la ville faire des affaires. Cet exode touche les Rewari – une tribu pourtant associée au chameau depuis des siècles – qui accèdent à la motorisation… », constate le vétérinaire qui, une fois diplômé, a décidé de soigner et de sauver les chameaux. Cette passion d’enfant l’a amené dès 2007 à reprendre les rênes du projet Camel, lancé en 2001 par Help In Suffering, une ONG qui se consacre aux soins des animaux malades.

Une clinique unique

L’activité exercée sur le terrain avec leurs mini-hôpitaux ambulants – consultations gratuites hebdomadaires sur des marchés, chez l’habitant, soins gratuits chaque année à la foire de Pushkar, concentrant pendant huit jours plusieurs milliers de têtes, traitements à l’hôpital pour animaux de Jaipur – a été renforcée par l’ouverture de la clinique de Bassi en 2011, la seule de l’État du Rajasthan. Un vétérinaire, un auxiliaire, un chauffeur et deux gardiens y travaillent.

« Notre activité monte en puissance, de plus en plus de personnes entendent parler de notre travail », se réjouit le vétérinaire. Les soins y sont gratuits, dans une région où la plupart des chameliers vivent avec 2 € par jour. La structure de Bassi participe de cette expansion. Elle dispose de deux salles de soins, de onze stalles pour l’hospitalisation des chameaux, d’un dispensaire pour les traitements, d’une pièce pour la mise en quarantaine, et d’un lieu clos pour déposer les animaux morts et d’un centre ad hoc pour les incinérer. S’y ajoutent une salle d’opération, abritée sous un immense auvent, un entrepôt pour stocker la nourriture, une salle d’attente et des pièces à vivre pour les vétérinaires et les auxiliaires.

Des soins complets

Les principales activités de la clinique sont la désinfection des plaies, le lavage des yeux infectés à l’acide borique, la vaccination contre les surinfections de la peau comme la gale, assez courante en Inde, le traitement des trypano­somiases, fréquentes, et des troubles de digestion, des infections respiratoires et de l’anorexie liés à un changement de saison ou d’alimentation, etc. Les actes chirurgicaux consistent, pour les plus lourds, à réparer des mâchoires brisées ou à soigner des fractures de la jambe. Les petites sutures sur une narine déchirée sont pratiquées à domicile.

Un laboratoire d’analyses devrait également voir le jour. « Cela va dépendre des donations, nous en avons absolument besoin. Nous essayons de trouver les instruments et les produits nécessaires. Nous constituerons aussi une bibliothèque consacrée à cette médecine dont le cursus universitaire est plutôt minime, contrairement à celui des buffles et des vaches », annonce Pradeep Singhal. « Rien n’est simple, les autorités ne sont pas toujours très coopératives », regrettent les vétérinaires du CRC. Lourdeurs bureaucratiques, incompréhensions, manque d’intérêt, etc.

Un travail de prévention

Le centre, qui répond pourtant à un fondement de la Constitution indienne, vit grâce aux aides de fondations internationales et à l’investissement de l’équipe, parfois épaulée également par des vétérinaires étrangers.

Outre le service médical rendu ici tous les jours, un important travail de prévention est réalisé. L’équipe permanente sensibilise les chameliers aux zoonoses, aux blessures de bât (qui peuvent s’infecter de façon chronique ou se traduire par une septicémie et entraîner la mort de l’animal) et de narines percées de chevilles de direction en métal ou en bois. « Beaucoup d’animaux souffrent faute d’attention et de soins, explique Aasiwal Deepak, vétérinaire permanent de la clinique de Bassi. Les propriétaires ignorent que la température d’une cheville en métal sous 50 °C en été peut provoquer de graves brûlures aux narines ou que les chevilles en bois favorisent les bactéries ». Depuis, le CRC fournit des chevilles en plastique. À la clinique de Bassi, qui agit sur un rayon de 100 km, 3 124 chameaux ont été traités entre mars 2011 et septembre 2012. « Sans ces soins, j’aurais vendu mon chameau », dit un chamelier.

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