Cela n’arrive pas qu’aux autres…

Les maladies d’origine alimentaire s’expriment sous trois formes : les cas isolés (dits sporadiques) sans lien identifié avec d’autres cas, des épidémies diffuses dites “communautaires” dues à des produits distribués largement et qui touchent majoritairement des personnes sans lien apparent entre elles, et les toxi-infections alimentaires collectives (foyers de cas groupés). Les Tiac supposent la survenue d’au moins deux cas d’une symptomatologie similaire, en général gastro-intestinale, dont la cause peut être rapportée à une même origine alimentaire. Cela concerne par exemple les personnes d’une même famille qui ont consommé un repas identique, ou celles qui fréquentent le même restaurant collectif, ou encore celles qui ont participé à un même événement (banquet, congrès, etc.). Nos confrères et consœurs présents aux Journées des GTV en mai 2011 à Nantes pourront en témoigner !

Orientation étiologique selon l’incubation

Les agents responsables de Tiac sont multiples et de sources variées. Ils peuvent être infectieux et dus à des bactéries (par exemple Salmonella, Shigella, Listeria, Campylobacter, E. coli, Yersina enterocolitica, Brucella), à des toxines bactériennes (comme Bacillus cereus, Clostridium perfringens, C. botulinum, Staphylococcus aureus), à des virus (tels que les calicivirus, l’hépatite A) ou à des parasites (Giardia, amibes, Trichinella, Cryptosporidium parvum, Cyclospora, Fasciola hepatica). Ils peuvent aussi être non infectieux ou chimiques (champignons, métaux lourds, pesticides, mercure, plomb). Les aliments concernés sont également variés (^{voir graphique 1}).

Les manifestations digestives, qui peuvent être hautes (nausées, vomissements) ou basses (douleurs abdominales, diarrhée) s’expriment dans un laps de temps variable selon les agents concernés (^{voir tableau}). À ces symptômes peuvent s’ajouter de la fièvre ainsi que d’autres signes cliniques comme des crampes musculaires, des céphalées, des troubles vasomoteurs, des palpitations, des vertiges, ou encore des troubles neurologiques selon l’agent étiologique impliqué. En France, il y a eu, particulièrement à partir de 2006, une augmentation des déclarations de Tiac (^{voir graphique 2}). Cela s’explique en partie par l’utilisation de plus en plus généralisée du logiciel WinTiac. Développé par l’InVS en 2003, il est destiné à tous les professionnels de la gestion des déclarations obligatoires et des investigations des Tiac (ARS, DDCSPP, InVS, DGAL). Il permet de transmettre automatiquement les signalements entre les différents acteurs de la surveillance, assurant ainsi un meilleur partage de l’information et une lisibilité régionale et nationale accrue.

Environ 10 000 malades pour 1 000 foyers par an

Lors de la journée sur le thème des Tiac¹ qui s’est déroulée à Nantes, le 23 octobre 2012, Gilles Delmas (épidémiologiste à l’InVS) a présenté les chiffres en France pour l’année 2011 : 1 153 foyers déclarés, 9 674 malades, 668 hospitalisations, 7 décès. Les salmonelles sont impliquées dans 41 % des Tiac où l’agent a pu être identifié. Selon lui, la déclaration doit être la plus précoce possible afin de réagir rapidement.

Le ministère de l’Agriculture, pour sa part, explique sur son site internet² comment fonctionne le système d’alerte sanitaire, dont l’objectif est de retirer les produits incriminés des rayons des magasins touchés afin d’éviter la contamination d’autres produits au sein de(s) l’entreprise(s) concernée(s) et d’informer le consommateur qui a déjà acheté le produit. Le site permet également d’informer en temps réel sur les alertes en cours³.

• 1 Les toxi-infections alimentaires collectives, journée thématique “Tiac” à Nantes le 23/10/2012, Gilles Delmas.

• 2 http://alimentation.gouv.fr/alertes-sanitaires-france-fonctionnement

• 3 http://alimentation.gouv.fr/alerte-produit¹ Voir aussi : http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Risques-infectieux-d-origine-alimentaire/Toxi-infections-alimentaires-collectives