Les vétérinaires touchés par la morosité ambiante

Sans grande surprise, le contexte économique inquiète les acteurs de la santé. Selon le Scan CMV Médiforce¹ (observatoire des professions libérales de santé), plus de 60 % des professionnels se sentent fragilisés par les évolutions de leur secteur et par une concurrence accrue. Plus en détail, les vétérinaires comme les pharmaciens sont plus de la moitié à déclarer redouter les offres à bas coûts et l’impact des sites marchands sur leurs activités. Aussi, l’automédication et les actes de soins prodigués à l’étranger, notamment dans les pays de l’Est, représentent, selon eux, un réel danger pour leur profession.

L’enquête montre que les vétérinaires n’échappent pas à la morosité ambiante qui règne dans le secteur médical. Et lorsqu’ils s’expriment sur la situation actuelle de leur métier, leur inquiétude est tangible : 95 % des praticiens donnent la note de 5,7 sur 10 (versus 4,6 pour les pharmaciens, bien plus pessimistes). Les vétérinaires ne s’attendent pas non plus à un futur très réjouissant, la note s’abaissant à 5 sur 10 (versus 4,5 pour les médecins généralistes et 4,3 pour les pharmaciens).

Inquiets pour leurs revenus

Parmi les craintes majeures, l’état de leurs finances inquiète plus d’un tiers de l’ensemble des professionnels de santé. Ainsi, 15 % des vétérinaires sondés redoutent une baisse de revenus ou de chiffre d’affaires et 12 % dénoncent les mauvaises conditions économiques (baisse des remboursements/déremboursements). Et plus d’un tiers des vétérinaires appréhendent la dévalorisation de la profession, ainsi que la surcharge de travail. Ces facteurs sont de plus en plus préoccupants.

Néanmoins, les professionnels de santé ne broient pas que du noir : leur vocation n’est globalement pas remise en cause par la conjoncture actuelle. Selon l’observatoire, un praticien sur deux, toutes spécialités confondues, choisirait certainement ou très certainement le même métier si c’était à refaire. Chez les vétérinaires, seuls 38 % donnent la même réponse. Les autres, plus dubitatifs, exerceraient probablement (30 %) ou probablement pas (25 %) le même métier. Ces praticiens (7 %) sont, avec les pharmaciens (10 %), les plus nombreux à déclarer renoncer à leur activité, s’il fallait recommencer. Beaucoup plus optimistes et moins sévères face à leur situation, les kinésithérapeutes (75 %), les radiologues (71 %) et les infirmiers (40 %) exerceraient à nouveau leur métier (^{voir graphique}). Globalement, de moins en moins de professionnels de la santé (35 % versus 43 % l’année précédente) vantent les mérites de leur exercice. Alors que du côté des plus anxieux, les généralistes, les pharmaciens et les vétérinaires sont assez nombreux à ne pas recommander aux jeunes le choix de leur profession en libéral.

• 1 2^e étude 2013 de CMV Médiforce (filiale de BNP Paribas) réalisée auprès de 480 professionnels de santé avec TNS Sofres.