La filière équine mérite d’investir dans le sanitaire - La Semaine Vétérinaire n° 1526 du 08/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1526 du 08/02/2013

Économie

Actu

À LA UNE

Auteur(s) : Marine Neveux

La journée organisée par le Réseau économique de la filière équine (REFErences), le 5 février à Paris, avait pour thème cette année la gestion sanitaire.

La journée REFErences 2013, consacrée aux résultats des études sur l’économie de la filière équine, a abordé le sanitaire sous l’angle économique. à l’heure du désengagement progressif de l’État du secteur des chevaux, qui a relayé aux professionnels l’organisation de leur filière, il faut en effet parfois faire le grand écart entre d’un côté la réalité du terrain et les faibles budgets alloués au sanitaire, et de l’autre un gouvernement qui se targue de disposer d’un système efficace.

Cette journée a notamment permis de mettre en exergue certaines applications et des exemples pertinents présentés par le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) et des confrères. La matinée était consacrée aux chiffres de la filière et le début d’après-midi au rôle des vétérinaires sentinelles, indispensables dans la gestion des maladies infectieuses. En revanche, la fin de journée a laissé un goût amer à notre profession, certes peu représentée à ce rendez-vous. Les confrères présents ont en effet été confrontés à l’approche de plusieurs professionnels de la filière qui campent encore sur des positions dogmatiques. Selon ces derniers, les frais vétérinaires sont essentiellement onéreux et il convient de les réduire par tous les moyens, même les plus illégaux, et en connaissance de cause de cette illégalité (sans réaction de l’administration centrale présente dans la salle !) : achat sur Internet de vermifuges, entente illicite sur les tarifs, achats groupés de médicaments avec l’aide de pharmaciens, réalisation d’actes et de soins vétérinaires, remise en cause des connaissances des vétérinaires au motif d’une plus grande expérience de leur part, etc. Il est dommage que notre profession n’ait pas pu ou souhaité sinon défendre les vétérinaires, au moins répondre à une telle attitude peu reconnaissante envers les confrères et entachée d’illégalité.

En outre, alors que le maillage des vétérinaires sentinelles est salué, ainsi que les actions du Respe, certains intervenants, au motif d’un budget pour les frais vétérinaires toujours plus serré, ont prôné d’autres modèles comme la création d’une section équine au sein des Groupements de défense sanitaire (GDS) de la région Midi-Pyrénées.

Le bilan sanitaire d’écurie trop peu utilisé

Avant ces dernières interventions, l’approche de Laurence Lajou (Something Else) a permis de relativiser le poste financier qu’est le vétérinaire et de le replacer dans une démarche d’analyse objective et pertinente pour l’entreprise que représente l’écurie. Notre consœur a également souligné l’importance des praticiens locaux et généralistes en termes de proximité et de gestion des urgences. Sans ce maillage, les propriétaires d’équidés seraient démunis, ils ont donc tout intérêt à préserver ce réseau local.

Le bilan sanitaire d’écurie (BSE) n’est pas encore adopté avec enthousiasme par la filière. Certains professionnels n’y voient qu’une lourdeur administrative sans intérêt, d’autres voudraient une visite à peu de frais leur permettant de disposer de produits pour gérer eux-mêmes leur cheptel. Notre profession a donc devant elle un large horizon pour communiquer sur le conseil et adopter une démarche pédagogique. « Le bilan sanitaire d’écurie n’est pas encore suffisamment utilisé », a confirmé Laurence Lajou. Il convient, dans ce cadre, « de définir avec le vétérinaire des objectifs concrets, mesurables pour progresser ensemble, a expliqué notre consœur aux responsables d’écurie présents. Ne gérer que les catastrophes aboutit à rester dans le coût. Alors qu’opter pour la prévention, adaptée au cas, à l’évolution de l’épidémiologie, de l’environnement et avec une intervention précoce du vétérinaire lors de soins curatifs, constitue une bonne façon d’augmenter la rentabilité de son entreprise ».

Le BSE doit au final être un moment privilégié d’échanges : « Quel dirigeant peut se dispenser de faire, une fois par an, le bilan de son entreprise ? »

Des outils, mais aussi des points faibles

Notre consœur Bénédicte Ferry a rappelé les informations importantes à collecter pour gérer une crise sanitaire. En premier lieu, cela passe par la connaissance des équidés, donc par leur identification et l’indication de leur lieu de détention, dont la déclaration est aujourd’hui obligatoire. Le registre d’élevage et le bilan sanitaire, « qui se mettent en place doucement dans les écuries », sont d’autres éléments essentiels.

Des points faibles, au sein de la filière, mettent encore à mal une gestion vraiment efficace. C’est le cas notamment de la problématique de l’équarrissage et de l’enfouissement des cadavres, qui reste une réalité de terrain. En effet, « pour gérer les équidés, il faut un stock fiable : nous disposons des entrées et des naissances, mais de gros progrès restent à faire pour les sorties », a poursuivi Bénédicte Ferry. L’amélioration des échanges entre le système Sigal (dédié aux animaux de rente), les données du Sire et celles de l’équarrissage constitue une piste intéressante et pourrait évoluer vers un dispositif baptisé Récital. Certes, il reste à savoir comment le mettre en place concrètement sur le terrain à l’heure où les budgets alloués fondent…

Un écueil est en outre identifié au niveau des déclarations de détention, que les différents acteurs de la filière équine peinent à intégrer : seul un quart des équidés sont enregistrés actuellement !

Un autre point faible concerne les registres d’élevage, qui sont mal renseignés. Selon une enquête menée en 2012 dans 155 exploitations du réseau REFErences, la moitié seulement de ces registres sont tenus à jour. Ils sont pourtant indispensables à la traçabilité. Là encore, le vétérinaire sanitaire a un rôle important de pédagogue à jouer.

Bénédicte Ferry se félicite par ailleurs de la mise en place de la plate-forme nationale d’épidémiosurveillance en santé animale par l’Anses. Des travaux sont en effet initiés, une nouveauté pour la filière équine.

Vers un système dématérialisé

Des manquements sont relevés dans le remplissage du feuillet des traitements médicamenteux des équidés. Selon Bénédicte Ferry, « ce feuillet ne fait pas l’unanimité dans la filière. Au niveau des instances européennes, nous avons eu une mauvaise note lors de la dernière inspection. Nous espérons pouvoir gérer cela dans un système dématérialisé pour favoriser les interventions des différents acteurs ». Des projets de dématérialisation du carnet de santé du cheval sont en effet en cours, afin de favoriser les contrôles (certification des vaccinations par le vétérinaire via un accès en ligne, etc.).

Un congressiste fait également observer, à juste titre, que beaucoup de crises arrivent par la voie des chevaux importés. « Il n’y a pas d’obligation de vaccination contre la grippe, confirme Jean-Yves Gauchot, président du Respe et de l’Association vétérinaire équine française (Avef). Avec une nouvelle gouvernance sanitaire, nous pouvons espérer aller plus loin sur la vaccination des chevaux qui ne sont pas de sport. »

« Pourquoi ne pas construire une interprofession sanitaire et prévoir un fonds sanitaire puisque la filière sait qu’elle en a besoin ? », questionne enfin Bénédicte Ferry.

Le Respe : un modèle de gestion sanitaire

Le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) offre aujourd’hui un système d’alerte et de gestion sanitaire particulièrement efficace. Comme en a témoigné sa directrice, notre consœur Christel Marcillaud-Pitel, le réseau est performant, le dialogue est constructif et présente l’intérêt d’établir une concertation avec des instances transversales.

Côté bilan, les épizooties survenues en 2012 affichent de lourdes conséquences financières : 184 000 € pour le foyer de myéloencéphalite à HVE1 dans le Finistère, par exemple, et un impact psychologique important. Nos confrères Pierre-Hugues Pitel et Marie-Noëlle Lemouland ont montré, à travers des cas réels, l’ampleur des coûts économiques engendrés, sans oublier les répercussions ultérieures (gestion de la rumeur, des craintes non fondées, etc.). Le vétérinaire doit de son côté faire avec un bilan financier d’équilibriste : une facturation aléatoire, un risque de perte de clientèle en raison des longs trajets pour se rendre dans les foyers et du temps investi. « Au final, les épizooties engendrent un coût économique pour tous les partenaires de la filière », témoigne notre consœur.

Plusieurs foyers de grippe, au printemps dernier, ont également nécessité une cellule de crise. Là aussi, le bilan est lourd, avec l’arrêt des mouvements de chevaux et même des inquiétudes de l’autre côté de la Manche pour les jeux Olympiques.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr