Comprendre et traiter un syndrome articulaire dégénératif - La Semaine Vétérinaire n° 1526 du 08/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1526 du 08/02/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : OLIVIER LEPAGE*, Serge Trouillet**

Fonctions :
*professeur au département hippique de VetAgro Sup (Lyon). Article tiré de la conférence présentée lors du symposium européen de diffusion des connaissances en sciences équines, à Vichy (Allier), le 13 octobre 2012.

Le syndrome articulaire dégénératif est une affection complexe. Dans l’articulation du pied du cheval sont impliqués le cartilage, l’os sous-chondral, la membrane synoviale et la capsule fibreuse. Tous ces composants anatomiques peuvent engendrer une inflammation articulaire aiguë, puis chronique. Cela explique pourquoi de nombreux termes sont utilisés pour désigner cette maladie : ostéo­arthrite, ostéoarthrose, arthrite, arthrose, synovite, capsulite, arthropathie, etc. Sans compter les locutions anglaises et leurs sigles ! L’avantage de l’expression “syndrome articulaire dégénératif” est sa formulation générale, à laquelle toutes les autres se rapportent.

Des causes multiples

La dégénérescence de l’articulation est de nature mécanique, biologique ou biochimique. Par exemple, dans le cas de l’arthropathie médicamenteuse, l’injection de corticoïdes, des anti-inflammatoires par ailleurs intéressants, peut conduire l’animal, en l’absence de douleurs, à surutiliser son articulation au risque de l’endommager davantage.

Les maladies liées au développement telles que l’ostéochondrose, les inflammations aiguës ou chroniques, les infections et les traumatismes directs ou indirects, comme la répétition du même mouvement, sont également des facteurs favorisants. Sans oublier les immobilisations prolongées : l’articulation, qui ne peut plus suivre son rythme biologique normal, et cessant de se nourrir, dégénère alors progressivement. C’est ainsi que, de manière générale, chez le sportif comme chez l’animal, l’arrêt complet est à éviter en cas de blessure.

L’arthroscopie à des fins diagnostiques

Le syndrome articulaire dégénératif se traduit par une accumulation d’éléments cellulaires et moléculaires au niveau du cartilage et de l’os. La spécificité du cartilage est qu’il ne possède pas de vaisseaux sanguins. Il n’a donc aucun moyen de se nourrir via des capillaires et le fait au travers du liquide synovial, translucide et doté d’une bonne viscosité. À cet égard, le moindre trouble trahit un processus inflammatoire identifiable. Le cartilage se présente comme une grosse éponge. Il s’écrase quand le cheval pose son membre à terre et y prend appui, ce qui provoque la sortie du liquide synovial. Lorsque l’animal lève le membre, le cartilage se gonfle du liquide provenant de la transformation du sang au travers de la membrane synoviale.

L’os sous-chondral a, quant à lui, un rôle important : il absorbe les forces biomécaniques auxquelles il est soumis. Mais, à la différence du cartilage, il est innervé, donc capable de transmettre les influx douloureux.

Lorsque le traumatisme est aigu, l’examen clinique, la cytologie avec l’étude des cellules dans le liquide synovial, ainsi que l’échographie participent principalement à l’établissement du diagnostic. L’examen radiologique permet ensuite de mettre en lumière des modifications osseuses.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui présente l’avantage de fournir des informations sur l’os et les tissus mous, est utile pour visualiser les traumatismes dans le pied.

Employée à des fins diagnostiques, l’arthroscopie reste l’examen de choix. Elle offre la meilleure évaluation du fonctionnement d’une articulation, même si la sonde ne peut pas toujours être insérée partout. Cet examen est indiqué pour éclairer le choix du traitement ou pour préciser le pronostic sportif d’un animal.

Attention au risque de fourbure en cas de surdosage des corticoïdes

Les options thérapeutiques peuvent être classées en quatre groupes : le recours aux compléments alimentaires, les traitements systémiques ou locaux, et la chirurgie.

La nutraceutique concerne les compléments alimentaires. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont utilisés depuis des décennies. Les AINS COX-2 sélectifs, plus récents, agissent de manière plus précise en limitant le ris­que d’effets secondaires. Les corticoïdes, quant à eux, ont une action puissante de durée courte, intermédiaire ou longue. En arrêtant l’inflammation, ils restaurent rapidement la qualité du liquide synovial, améliorant ainsi la lubrification et l’amortissement des chocs de l’articulation. Ils présentent toutefois l’inconvénient d’affaiblir les défenses locales. Pour une meilleure lubrification, il convient d’associer le corticoïde à une substance synthétique naturellement présente dans toute articulation : l’acide hyaluronique.

Médecine régénérative et greffe du cartilage dans la décennie à venir

Les biphosphonates sont également utilisés pour traiter un syndrome articulaire dégénératif. L’acide tiludronique, injecté par voie intraveineuse, se retrouve dans le plasma et une grande quantité se fixe au niveau de l’os, partout où sont présents des foyers de remaniement. C’est un traitement antirésorption qui a aussi des effets anti-inflammatoires et antalgiques.

En dernier recours, il reste la chirurgie. Quand la prévention et le traitement médical ne suffisent pas, procéder à une arthroscopie ou à une arthrodèse s’impose. Dans le premier cas, l’objectif est d’enlever des fragments, de débrider jusqu’à l’os sous-chondral, puis, éventuellement, de forer celui-ci pour aller chercher les petits vaisseaux sanguins afin de favoriser la formation d’un fibro­cartilage. Ainsi, une nappe est fabriquée sur l’os sous-chondral, afin de le protéger.

L’arthrodèse consiste à imi­ter ce que fait la nature elle-même. Le cartilage est remplacé par de l’os. Après en avoir enlevé les débris, de petits cristaux sont insérés, qui sont autant de minimatrices permettant à l’os de se régénérer. Il est alors possible d’immobiliser des articulations à faible amplitude de mouvement, comme celle du paturon. L’arthrodèse d’une plus grosse articulation, comme celle du boulet, ne permettrait pas à l’animal de retrouver la compétition.

Si ces interventions sont des procédés de routine, ce n’est pas encore le cas pour la médecine régénérative et la greffe de cartilage. Mais, avec d’autres techniques, ce sont certainement des voies d’évolution pour les dix ans à venir.

Médecines équine et humaine, presque à la même vitesse

Le sérum autologue modifié (système Irap(r)) a pour but de stimuler l’effet bénéfique de certaines cytokines retrouvées dans le sang de l’animal. Des cellules souches peuvent aussi être administrées par voie intra-articulaire, pour leur large potentiel de différenciation et leur pouvoir trophique. Dans le cadre de la médecine régénérative, les équipes de recherche en médecine vétérinaire travaillent avec la Société d’études de l’arthrose humaine. Le syndrome articulaire dégénératif n’en est aujourd’hui que mieux compris et traité.

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