Chirurgie des cavités nasales et sinusales chez les oiseaux - La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013

Formation

NAC

Auteur(s) : Hugues Beaufrère

Fonctions : diplomate ABVP (avian) et ECZM (avian), université de Louisiane, à Bâton-Rouge (États-Unis)

Les maladies respiratoires sont communes chez les oiseaux, en particulier celles d’origine infectieuse ou alimentaire.

ANATOMIE

L’anatomie du système respiratoire supérieur des oiseaux est complexe et en avoir une connaissance précise est primordial pour traiter efficacement ses affections. Les cavités nasales se situent à la base du bec et, dans certaines espèces comme les faucons et les perroquets, un opercule nasal est présent dorsalement. Elles communiquent avec la cavité oropharyngée et la trachée par les choanes, et possèdent trois conques dont les deux premières s’ouvrent sur la cavité nasale et la dernière sur le sinus infra-orbitaire.

Les oiseaux n’ont qu’un seul sinus paranasal, le sinus infra-orbitaire, qui s’étend dans toutes les structures de la tête et du cou par de multiples diverticules, y compris le bec chez les psittaciformes (voir figure). Ce sinus comporte deux ouvertures, toutes deux en position dorsale, qui empêchent l’évacuation des exsudats (l’une communique avec la conque dorsale et l’autre avec la cavité nasale dorsalement). Sa paroi latérale est composée de tissus mous exclusivement, ce qui en facilite l’accès chirurgical. Les sinus infra-orbitaires (gauche et droit) communiquent chez les perroquets, mais pas chez les passériformes granivores. Le diverticule cervico-céphalique est le principal diverticule du sinus infra-orbitaire. Il ne s’agit pas d’un sac aérien proprement dit et il n’est donc pas connecté aux poumons. Ce diverticule est large et sujet aux traumatismes. Des os, la base de la tête et l’intégralité du cou chez les perroquets sont pneumatisés par ce diverticule, qui semble moins développé chez les autres espèces. Les cavités nasales, les sinus infra-orbitaires, les diverticules cervico-céphaliques et les oreilles moyennes communiquent, et la quasi-intégralité des os du crâne sont pneumatisés.

Ainsi, les infections respiratoires supérieures peuvent impliquer la majeure partie des structures anatomiques de la tête et s’accompagnent fréquemment de conjonctivites. L’imagerie médicale de choix pour explorer les cavités respiratoires supérieures est le scanner (les radiographies standard sont peu sensibles).

EXTRACTION DES RHINOLITHES

Les rhinites granulomateuses sont dues à des concrétions de sécrétions nasales (rhinolithes), des débris squameux et inflammatoires colonisés par une variété de bactéries et de champignons. Elles sont liées à des déficits nutritionnels, notamment en vitamine A, qui perturbent le processus normal de desquamation de l’épithélium nasal. Les perroquets gris et les amazones y sont davantage sensibles. Ces granulomes entraînent, avec leur formation progressive, la destruction des structures nasales et adjacentes.

Le traitement repose sur un débridement. Une petite curette dentaire ou un instrument équivalent à l’extrémité fine est utilisé pour déloger la concrétion en commençant par les bords, afin de la séparer de la paroi nasale tout en préservant l’opercule nasal. Le granulome est enlevé en totalité ou par fragmentation. Une fois le plus gros de celui-ci débridé, la partie restante est ôtée minutieusement par un curetage et un flushage à l’aide de sérum physiologique (l’oiseau doit être intubé pour prévenir une aspiration pendant le flushage). Il convient de prendre garde, car les structures nasales sont fragiles et sujettes aux saignements. Le déficit nasal dû au granulome est souvent sévère dans les cas avancés. Ce dernier est soumis à une culture bactérienne et fongique. L’intégrité des structures nasales étant compromise, cette procédure devra être répétée à intervalles réguliers pour retirer les débris qui s’accumulent constamment.

En plus du débridement chirurgical, il convient de modifier l’alimentation de l’animal (donner des granulés et des fruits et des légumes, limiter les mélanges de graines), de lui administrer de la vitamine A, et d’appliquer localement des antibiotiques et des enzymes protéolytiques (par exemple une préparation à base de trypsine).

SINUSOTOMIE ET TRÉPANATION DES SINUS

Les sinusites sont fréquemment associées aux rhinites et presque toujours d’origine infectieuse (des bactéries Gram négatif le plus souvent). En raison de l’anatomie des sinus, les exsudats ne sont pas drainés et, en cas de sinusite avancée ne répondant pas aux thérapeutiques classiques ni à un lavage sinusal, une sinusotomie associée à un débridement des granulomes est recommandée.

Une trépanation sinusale à travers l’os frontal ou maxillaire peut être pratiquée pour avoir accès à des lésions impossibles à traiter par voie nasale ou par une sinusotomie classique. La trépanation, rarement entreprise, permet d’atteindre le diverticule maxillaire du sinus infra-orbitaire (trépanation maxillaire dans le bec supérieur) et le diverticule préorbitaire (trépanation frontale dorsale) lors d’infection ou de néoplasme. Avant d’entreprendre de telles interventions chirurgicales, la suspicion quant à la localisation de l’affection doit être élevée et un scanner est recommandé.

Sinusotomie

Le sinus infra-orbitaire est un espace triangulaire situé principalement sous les yeux et dont la topographie change avec la position du bec supérieur et inférieur.

Une incision cutanée est pratiquée ventralement à l’arc jugal, exposant ainsi la paroi latérale du sinus. Le bec supérieur est fléchi et le bec inférieur maintenu en extension, ce qui augmente l’espace du sinus. La paroi du sinus est ensuite incisée et la cavité est inspectée (voir photos 1a et 1b). Tout granulome est retiré. Il convient d’être prudent, car cette zone est également propice aux saignements. Une fois le débridement terminé, la paroi sinusale et la peau sont suturées. Un lavage sinusal peut également être entrepris mais, en raison du nombre important de connexions et de diverticules, il n’est généralement pas préconisé. Un écouvillonnage sinusal est parfois soumis pour des cultures bactérienne et fongique.

Des approches plus craniales sont possibles, associées à davantage de saignements. L’abord dépend de l’espèce et de l’anatomie du sinus, et celui décrit ici a été développé chez des perroquets aras.

Trépanation maxillaire

La trépanation maxillaire est réalisée avec un petit trépan dans le côté du bec, jusqu’à atteindre l’os spongieux. Les éventuels granulomes sont débridés à l’aide d’une curette et les débris sont mis en culture (voir photos 2a et 2b). La zone est laissée ouverte pour le traitement local et est fermée ultérieurement par l’application d’une résine.

Trépanation frontale

Pour la trépanation frontale, la peau est incisée à environ 1/4 ou 1/5e de la distance entre l’orbite et la narine. Un trou est réalisé avec un trépan orienté légèrement vers le milieu (voir photos 3a et 3b). Cette procédure est délicate en raison de la taille des structures oculaires chez les oiseaux et des variations anatomiques interspécifiques. Il est préférable qu’elle soit fondée sur un scanner. Un drain peut être mis en place pour le traitement local et la peau est suturée.

GONFLEMENT DU DIVERTICULE CERVICO-CÉPHALIQUE

Les causes de gonflement du diverticule cervico-céphalique par de l’air sont inconnues à ce jour, mais d’aucuns avancent qu’une rupture du diverticule ou un blocage de sa communication avec le sinus infra-orbitaire (effet valve) sont impliqués (voir photo 4). Plusieurs traitements sont préconisés, dont les résultats sont variables.

> L’incision de la zone de gonflement, suivie de la marsupialisation des tissus sous-cutanés à la peau ou de la pose d’un stent en Teflon, n’est généralement efficace que temporairement (fermeture de la stomie lors de la cicatrisation ou obstruction du stent par des exsudats ou du tissu granuleux).

> Une approche consiste à connecter le site de gonflement avec d’autres zones du diverticule cervico-céphalique et le sac interclaviculaire, profondément entre les clavicules, de manière à faire dériver l’air vers le système respiratoire inférieur.

> Une technique de “pleurodèse” ou d’“ablation” du sac aérien peut être mise en œuvre. Un large cathéter est inséré dans le diverticule cervico-céphalique et dirigé cranialement, et un port est mis sur l’embout. Le cathéter est suturé en place avec deux points simples. Un produit sclérosant y est injecté (du tétradécyl sulfate de sodium est utilisé par l’auteur aux États-Unis, à raison de 2 mg/kg dilués à 5 % avec de l’eau stérile). Le cou de l’animal est massé pour répartir la solution sur l’ensemble de la région. Un léger bandage avec du coton et du sparadrap permet de protéger le cathéter et de maintenir une pression entre les parois du diverticule. Une seconde injection est réalisée plusieurs jours plus tard, si nécessaire. Le produit induit une inflammation locale susceptible de provoquer des adhérences dans la paroi du diverticule ou d’obstruer les éventuelles connexions.

> Une ponction régulière de la zone surgonflée est également possible. En outre, certains cas guérissent spontanément.

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