L’image du vétérinaire rural apparaît en péril - La Semaine Vétérinaire n° 1524 du 25/01/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1524 du 25/01/2013

Face à l’enjeu du médicament

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PHARMA

Auteur(s) : Éric Vandaële

En termes d’image, le canin supplante maintenant le rural. Mais le silence des vétérinaires dans les médias devient assourdissant… voire risqué.

Le vétérinaire est un sachant, mais un sachant taiseux. » Telle est l’une des conclusions de l’enquête 2012 sur l’image des vétérinaires analysée par Annie-Clerc de Marco de l’agence Presse Papiers pour Merial et le Syndicat national des industries de la viande. Elle a été menée auprès d’une centaine de consommateurs, quinze éleveurs et autant de praticiens.

Le laboratoire avait déjà fait réaliser une enquête similaire en 2002. En dix ans, l’image des vétérinaires a beaucoup changé. Mais pas la communication… toujours absente. Dans les grandes crises sanitaires ou médiatiques, celle dite de la “vache folle” (ESB), celles de la fièvre aphteuse, des grippes aviaire (H1N1) puis porcine (H5N1), et aujourd’hui de l’abattage rituel ou des antibiotiques, les vétérinaires sont en première ligne des sachants, mais restent muets ou inaudibles.

Dur, dur d’être véto…

En 2002, le vétérinaire rural tire l’image de la profession vers le haut. Le mythe du praticien qui se lève la nuit pour un vêlage est encore bien vivant. Le métier est perçu comme « pur et dur », « proche de la nature ». Ce cliché est si ancré que l’image des confrères canins en souffre. Ils soignent les chiens et les chats parce qu’ils n’ont pu faire ce « beau métier de vétérinaire rural ». Ils font même l’objet de critiques… Dur, dur d’être véto !

Le vétérinaire rural, de son côté, se plaint d’être un “pompier” mal reconnu par des éleveurs dont les attentes semblent en décalage par rapport à l’offre.

« Compétent et responsable »

Dix ans plus tard, c’est le docteur des animaux de compagnie qui tire l’image de la profession. Beaucoup de consommateurs de viandes « ne pensent pas à l’implication des vétérinaires dans les élevages ni dans la chaîne alimentaire ». Et quand ils l’évoquent, c’est pour se rappeler que les vétérinaires n’ont pas pu faire grand-chose pour prévenir la crise de la “vache folle”. Néanmoins, le vétérinaire est toujours reconnu comme un professionnel « compétent et responsable » dans son rôle médical, de prévention, mais aussi de protection face aux souffrances animales.

La médicalisation des animaux d’élevage est rejetée par les consommateurs. Le refus est parfois total : « Pour produire une viande de qualité, il est préférable d’éliminer une bête malade plutôt que de la soigner avec des antibiotiques. » Pour les autres, la médicalisation est à limiter au strict minimum. En substance, « les animaux [d’élevage] doivent pouvoir profiter, comme nous, des progrès de la médecine. Manger un animal malade est risqué pour l’homme, je préfère qu’il soit soigné en amont. Car il en va aussi de notre santé ».

Les antibiotiques avec les OGM, les hormones, etc.

Les antibiotiques pâtissent en plus de la mauvaise image véhiculée par les médias grand public. Ils sont classés au rang des « produits nocifs » avec les organismes génétiquement modifiés, les pesticides, les hormones, les farines de viandes, etc. Les consommateurs assimilent leur emploi préventif à un usage comme « facteur de croissance » motivé par la seule rentabilité, et non par un motif médical. Leur consommation est jugée « fréquente et excessive », liée aux conditions « d’élevage de masse », et à l’origine de « résistances ». Seuls les plus pondérés acceptent que les antibiotiques soient éventuellement employés dans une finalité sanitaire, et non strictement économique. Selon la perception des consommateurs, les antibiotiques semblent avoir définitivement quitté le champ médical pour entrer dans celui des outils de productivité et de rendement. Le rejet est fort, « même après des explications sur l’usage thérapeutique de ces molécules ».

Le choc de la révélation

Le grand public ignore tout du couplage prescription-délivrance. Il n’imagine pas que le vétérinaire puisse vendre les médicaments qu’il prescrit. Une minorité s’interroge toutefois : « Le vétérinaire est-il fiable ? Est-il neutre ? Ou bien est-il un agent des laboratoires pour vendre des produits dont on se passerait bien ? »

Annie Clerc de Marco tire donc la sonnette d’alarme sur ces enjeux. Le risque, c’est le choc de la révélation par les médias et la crise de confiance qui pourrait en découler. Selon elle, il devient urgent « d’expliquer, d’informer, de partager », en résumé de « communiquer », mais aussi « d’écouter » et « d’évoluer » pour ne pas choquer… Car nos adversaires, partisans du découplage, ne manqueront plus une occasion pour gratter l’allumette sur un dossier de plus en plus inflammable.

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