Le pergolide ouvre le nouveau marché de la gériatrie équine

Nouveau principe actif : le pergolide. Nouvelle classe thérapeutique : les agonistes dopaminergiques sélectifs, jusqu’alors réservés à la médecine humaine. Nouvelle indication thérapeutique : le syndrome de Cushing équin ou pituitary pars intermedia dysfunction (DPPI). Boehringer Ingelheim commercialise ainsi Prascend®, depuis la fin de l’an passé, un traitement « à vie » du Cushing équin (DPPI) à travers la prise d’un comprimé par jour de pergolide (1 mg). L’innovation est évidente, d’autant que son efficacité est bien démontrée.

Mais ce lancement est aussi un défi. Car, pour les vétérinaires comme les propriétaires, ce n’est pas le Cushing qui rend un cheval de quinze ans et plus un peu fourbu et apathique, mais la vieillesse. Pourtant, en cas de Cushing, le pergolide permet au « vieux cheval » de retrouver sa vitalité dans 90 % des cas, avec des premiers signes d’amélioration en trois à douze semaines.

Un potentiel estimé à plus de 40 000 chevaux

C’est donc « un nouveau marché, celui de la gériatrie équine », que compte développer Boehringer Ingelheim, indique notre confrère Fabrice Thoulon, directeur des activités “équine” et “animaux de compagnie”. Car les chevaux de quinze ans et plus ne sont pas tous à la retraite. Ils restent souvent actifs dans les centres équestres, comme chevaux de loisirs, voire tournent encore en compétition. Le laboratoire s’attaque donc au dépistage de cette maladie qui ne peut pas se résumer aux seuls cas typiques d’hirsutisme.

70 % des chevaux fourbus atteints de Cushing

Selon les études épidémiologiques de prévalence, le syndrome de Cushing affecte 15 à 45 % des équidés au-delà de quinze ans. Dans une population équine estimée en France à un peu moins d’un million de chevaux, dont un quart âgés de plus de quinze ans, le nombre d’équidés atteints de Cushing avoisine 40 000 dans la fourchette basse de prévalence. Selon une enquête menée auprès de 120 vétérinaires équins, un peu plus de 6 000 cas de Cushing équin seraient diagnostiqués aujourd’hui dans l’Hexagone, dont seulement 1 000 traités par le pergolide lorsqu’il était disponible en médecine humaine (ce n’est plus le cas actuellement en France).

Le principal signe clinique d’appel est sans doute la fourbure. 25 à 80 % des chevaux atteints de Cushing présentent une fourbure, selon deux études incluant 21 et 42 chevaux. Plus étonnant, sur 28 chevaux de quinze ans d’âge moyen souffrant de fourbures aiguës ou chroniques, un Cushing est mis en évidence par l’augmentation de l’adrénocorticotrophine (ACTH) dans 70 % des cas. D’autres signes cliniques sont observés, comme une fonte musculaire, un « gros ventre », une léthargie, etc., avant l’hirsutisme.

Le diagnostic par le dosage de l’ACTH

Le diagnostic repose surtout sur le dosage de l’ACTH disponible chez cinq laboratoires : Idexx à Alfortville, LDH à Nantes, Franck Duncombe à Caen, Cal à Troyes et VetAgro Sup à Lyon.

Le traitement, qui comprend un comprimé de 1 mg pour un cheval de 400 à 600 kg, revient aux alentours de 2 € par jour (prix public), soit pas plus cher que le médicament humain quand il était commercialisé.

Si le diagnostic est bien établi, l’absence d’amélioration clinique peut conduire à augmenter la dose par palier d’un demi-comprimé (0,5 mg). Prascend® est présenté en boîtes de 60 et 160 comprimés.