Une séance thématique dédiée à la production ovine

Avec une production de viande ovine stable, malgré une diminution de 17 % de l’effectif ovin global surtout en élevage allaitant (- 24 % entre 2000 et 2008), et du nombre de structures (entre 1999 et 2009, - 40 % en élevage allaitant, - 18 % en laitier), l’élevage ovin demeure contrasté : élevage hors sol très spécialisé, pastoralisme et petits troupeaux utilisés comme tondeuses à gazon. Pierre Autef (sngtv) souligne qu’un tiers des élevages possèdent moins de dix brebis. Selon lui, la conjoncture devrait s’améliorer grâce à la baisse des importations de Nouvelle-Zélande et d’un différentiel des cours favorable entre la France et le Royaume-Uni et l’Irlande. Cependant, les coûts de production sont en hausse, perceptible dans l’augmentation de 10 % de l’indice des prix d’achats des moyens de production (Ipampa). Afin d’améliorer les revenus des éleveurs, il identifie trois leviers d’action : jouer sur la productivité numérique (par une meilleure gestion de la reproduction, une réduction de la mortalité périnatale), la conditionnalité des aides (grâce à la formation des éleveurs, les visites de bilan sanitaire et l’application du guide de bonnes pratiques ovines) et des actions sur l’Ipampa (ce qui, pour le praticien, se traduirait par une réduction du poste “produits et services vétérinaires”, notamment avec la réduction de l’emploi des antibiotiques, des thérapeutiques raisonnées et l’augmentation des traitements préventifs).

Les particularités de la médecine ovine

Les nombreuses émergences virales qui secouent le paysage font de la médecine ovine une médecine vivante, qui combine médecine de troupeau et traitements individuels. Jean-Christophe Natorp (SNGTV) estime que la mise en place de visites de suivi d’élevage est possible et que les éleveurs seraient prêts à s’investir. Il faut cependant prendre en compte leur faible disponibilité, dans certains cas leurs difficultés financières, et leur motivation pour les aspects sanitaires.

La difficulté de traiter cette espèce est soulignée par Liliane Rehby (SNGTV), à cause de la réduction des indications et parfois de l’absence de limites maximales de résidus (LMR). Pour Jean-Christophe Natorp, l’une des caractéristiques de la médecine ovine est une forte empreinte empirique et l’automédication. Fait confirmé par Liliane Rheby, qui cite les données collectées par le Résapath : seulement 2 % des résultats d’antibiogrammes concernent les ovins, et 1,9 % les caprins. Des enquêtes, menées par l’Anses, indiquent également que 73 % des traitements sont administrés sans avis vétérinaire. 40 % des cas de troubles respiratoires motivent un appel du vétérinaire. Les pratiques à risque sont essentiellement des utilisations hors AMM, avec ou sans application de la cascade, qui concernent 22 % des traitements antibiotiques, le défaut d’observance (non-respect des doses, de la durée des traitements, des voies d’administration, ou mauvaise estimation du poids des animaux) et l’antibioprévention.