Traquer les germes de contamination fécale dans la clinique - La Semaine Vétérinaire n° 1521 du 21/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1521 du 21/12/2012

Entreprise

Auteur(s) : PHILIPPE ZELTZMAN

Dans un essai publié en janvier 2012, cinq confrères de la faculté vétérinaire du Kansas ont étudié la présence d’Enterococcus dans des structures accueillant des animaux de compagnie. Explications.

MÉTHODE

Les auteurs1 ont recherché la présence d’Enterococcus dans 10 cliniques vétérinaires. Pour cela, ils ont testé 4 objets à trois reprises au cours d’une année, pour un total de 30 échantillons par objet. À chaque visite, tous les 4 mois, ils ont effectué un prélèvement sur 1 porte de cage, 1 stéthoscope, 1 thermomètre rectal et 1 pas-d’âne, mis en culture par la suite. La porte est en acier inoxydable. La cage était inoccupée et considérée comme propre. La surface interne des barreaux de la porte, ainsi que la poignée ont été testées. Un écouvillonnage a été réalisé sur la membrane du stéthoscope. Le thermomètre a été trouvé soit dans une salle de consultation, soit dans la salle de soins. L’écouvillon a été passé sur sa surface entière. La même technique a été mise en place pour tester le pas-d’âne.

RÉSULTATS

Fréquence de contamination

La culture pour Enterococcus s’est révélée positive au moins une fois dans toutes les cliniques. Plus spécifiquement, la bactérie a été détectée sur 10 portes, 12 stéthoscopes, 8 thermomètres et 1 pas-d’âne (sur 30). 7 cliniques avaient 1 porte de cage, 1 thermomètre ou 1 stéthoscope contaminé au moins une fois. Une clinique avait 1 thermomètre contaminé lors des trois visites. 3 structures avaient une porte de cage contaminée et 4 cliniques 1 stéthoscope, lors de plusieurs visites.

Résistance

Selon l’espèce d’entérocoque, la résistance antibactérienne était répandue. Par exemple, 73 % des souches d’E. faecium étaient résistantes à l’enrofloxacine, 54 % à l’érythromycine, 51 % à l’ampicilline et 43 % à la doxycycline. Plus de la moitié des souches étaient résistantes à plusieurs antibiotiques. Aucune ne l’était à la vancomycine.

Protocoles de nettoyage appliqués dans les cliniques

5 des 10 cliniques avaient un protocole écrit expliquant comment nettoyer les locaux. Divers produits étaient utilisés : de l’eau de Javel, des ammoniums quaternaires, de la chlorhexidine et de l’alcool. Dans 7 cliniques, les cages étaient nettoyées après le séjour d’un animal. Seulement 2 conseillaient une durée de contact de 10 minutes avec la solution désinfectante placée dans les cages. Dans ces cliniques, la culture pour Enterococcus était négative. 3 praticiens sur 10 ne nettoient jamais leurs stéthoscopes : ces derniers présentaient une culture positive pour Enterococcus. 1 confrère nettoie son stéthoscope entre 2 malades, et 2 l’essuient quotidiennement.

RECOMMANDATIONS

Sur la base de ces découvertes, les auteurs proposent les suggestions suivantes :

– les matières fécales inactivent les désinfectants. Il convient donc de laver les surfaces avant de désinfecter, en respectant un temps de contact de 10 minutes ;

– les pas-d’âne peuvent être brossés, puis trempés dans un désinfectant ;

– les thermomètres doivent aussi être nettoyés rapidement, puis laissés au contact de l’alcool. Une protection en plastique peut être utilisée, mais ne dispense pas d’un nettoyage attentif ;

– la membrane des stéthoscopes peut être désinfectée avec une compresse imbibée d’alcool pendant 10 secondes, ce qui réduit le nombre de bactéries de 99 %.

  • 1 K.S. KuKanich, A. Ghosh, J.V. Skarbek, K.M. Lothamer, L. Zurek. « Surveillance of bacterial contamination in small animal veterinary hospitals with special focus on antimicrobial resistance and virulence traits of enterococci ». Javma 2012, Vol. 240, No. 4, p. 437-445.

UNE BACTÉRIE RÉSISTANTE

Enterococcus est une bactérie résistante, capable de survivre sur les surfaces pendant une semaine. Il peut être virulent et entraîner des infections nosocomiales, même dans une clinique apparemment propre. En outre, il existe un risque de zoonose lors de contact avec les matières fécales ou des surfaces contaminées. Enterococcus peut déposer un biofilm sur les surfaces, y compris sur les portes des cages. Cela réduit l’efficacité des désinfectants. Ce biofilm se trouve aussi parfois sur un cathéter urinaire et provoque une infection urinaire récalcitrante. Une antibiorésistance est possible.

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