Protocole de lutte contre la paramphistomose en élevage bovin - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Formation

PROUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : François Courouble*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*praticien à Sully (Saône-et-Loire), commission “parasitologie” de la SNGTV

Dans la clientèle vétérinaire d’Épinac, en Bourgogne, la prévalence de la paramphistomose chez les génisses d’un an est de 17 %. Elle augmente pour atteindre 92 % chez celles de trois ans. Les veaux sous la mère sont contaminés et, si l’infestation est plus forte entre deux et trois ans, elle est également massive lors des années de pâture suivantes. Tel est le résultat d’une étude1 menée entre 2003 et 2011 par François Courouble et ses associés au sein de cette clientèle.

Une méthode de lutte contre cette parasitose est proposée par notre confrère car, bien que la prévalence de l’infestation soit particulièrement forte dans les régions historiquement connues pour en être le berceau, comme la Bourgogne et l’Auvergne, elle se déplace vers le nord de la France.

Des coproscopies un mois après l’entrée à l’étable

« Si la fasciolose doit être traitée à l’entrée à l’étable, cela n’est pas conseillé pour la paramphistomose en raison de la présence de larves, qui sont peu ou pas sensibles à l’oxyclozanide, la seule molécule active », rappelle François Courouble.

Afin de déterminer le meilleur protocole de traitement, des prélèvements coproscopiques sont réalisés, fin 20112, dans quatre élevages charolais (72 animaux) depuis l’entrée à l’étable des bovins jusqu’à leur relâcher. Les analyses sont effectuées par flottaison en cellule de McMaster avec du sulfate de zinc (densité 1,44, assez forte pour permettre la flottaison des œufs lourds sans provoquer leur éclatement). Une valeur seuil de 25 œufs par gramme de fèces (OPG) est fixée arbitrairement pour mettre en place le traitement. L’éleveur détecte un effet sur son troupeau à partir d’une moyenne de 100 OPG, qui correspond à la présence de plusieurs centaines de parasites dans le rumen.

Dans trois élevages de l’étude, la prévalence d’animaux excrétant des œufs est importante dès l’entrée à l’étable, devient maximale quatre à cinq semaines plus tard, puis se stabilise. Elle peut ainsi être appréciée après le premier mois de stabulation. De plus, la valeur maximale d’OPG augmente en parallèle avec la moyenne des OPG, ce qui laisse supposer que la majorité des animaux sont infestés.

Possibilité d’une étude épidémiologique

Dans les élevages fortement infestés, une étude épidémiologique permet d’identifier les zones de pâturage où sont principalement localisées les limnées. La prolificité du paramphistome est liée au nombre de métacercaires présents. Or l’infestation des limnées dépend de l’excrétion d’OPG. Ainsi, la paramphistomose est un parasitisme d’accumulation, « toujours plus d’animaux excrètent de plus en plus et assurent une colonisation de l’espace, puis une dissémination », précise notre confrère. Le traitement permet d’assainir les pâtures, en évitant la présence d’œufs de paramphistomes dans les fèces, donc en prévenant l’infestation des limnées. Dans les élevages où la rotation du pâturage s’effectue dans une même série de pâtures pour le même lot (élevage allaitant), les analyses coproscopiques sont à mettre en place par lot, en préférant la coproscopie individuelle à celle de mélange. Cela permet de différencier les taux d’infestation des animaux selon les pâtures et de déterminer la zone de contamination principale.

  • 1 Courouble F. Épidémiologie de la paramphistomose entre 2003 et 2011 dans un élevage charolais. À partir d’un cas concret, proposition de protocoles de recherche des zones contaminantes dans l’exploitation et de traitement. Proceedings JNGTV. 2012 : 553-555.

  • 2 Courouble F. La paramphistomose, optimisation de la période de traitement et résultats d’un essai comparatif. Proceedings 27e journée GTV Bourgogne. 2012:98-104.

PROPOSITION D’UN PROTOCOLE DE TRAITEMENT

Notre confrère conseille d’effectuer une coproscopie au minimum quatre à cinq semaines après l’entrée à l’étable.

> En cas de forte infestation, de l’oxyclosanide est administrée à la dose de 15 mg/kg, soit 45 ml pour 100 kg, huit semaines après la rentrée.

> En revanche, si les OPG sont faibles dans un contexte épidémiologique favorable à la présence de paramphistomose, une seconde série de coproscopies est réalisée trois mois plus tard, pour vérifier l’absence de contamination importante des animaux en fin de saison de pâturage. Selon le résultat, le même traitement sera proposé.

> Des traitements pratiqués avant le délai de quatre à cinq semaines font courir le risque de laisser de nombreux immatures vivants, dans un contexte épidémiologique favorable à la présence de paramphistomose. Des coproscopies sont alors nécessaires 3 mois plus tard, afin de vérifier la valeur des excrétions fécales dues aux adultes issus des immatures non tués. Deux traitements sont alors appliqués à la dose de 10,2 mg/kg, soit 30 ml pour 100 kg (sans stop dose), le premier à l’entrée pour réduire fortement le risque pathologique dû aux adultes, le second à la sortie pour diminuer la recontamination des pâtures (à la dose de 15 mg/kg si l’infestation se révèle massive).

> Enfin, un traitement des génisses de deux ans est indispensable un mois avant la mise à la reproduction.

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