Lutte contre les rongeurs dans les élevages avicoles - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Formation

PROUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Karim Adjou*, Khaled Kaboudi**

Les rongeurs sont des commensaux habituels des bâtiments d’élevage de volailles. Ils y trouvent toutes les conditions propices à leur subsistance. L’invasion par ces animaux représente un risque majeur à plusieurs niveaux. Ils provoquent des nuisances chez les volatiles (agitation, nervosité, vecteurs d’agents pathogènes) et dans l’environnement (dégradation des installations, consommation d’aliments, souillures et gaspillage).

Les rongeurs les plus fréquemment rencontrés sont la souris grise, le mulot et le rat gris ou d’égout. Il est peu fréquent de voir plusieurs espèces envahir les bâtiments avicoles en raison de la concurrence qui existe entre elles.

LIEUX DE PRÉDILECTION

Stockage de l’aliment

Le local de stockage des aliments constitue le lieu le plus fréquenté par les rongeurs à la recherche de nourriture. Si une souris grise ne consomme que 1/10e de son poids (voir tableau 1), elle va détériorer une quantité d’aliment égale à dix fois au minimum son poids corporel. En s’attaquant aux sacs, ces nuisibles souillent l’aliment avec leurs excréments, leur urine et leurs poils. Ce dernier devient alors inconsommable et peut transmettre d’éventuels agents pathogènes aux volatiles.

Matériaux

Les rongeurs s’attaquent aux matériaux d’élevage et les détériorent. Ils sont capables de nicher dans l’isolant du toit ou des parois, un endroit idéal où ils trouvent chaleur et sécurité. Lors de leurs trajets, les rongeurs rencontrent souvent des câbles électriques qui gênent leur passage. Ils les rongent pour s’en débarrasser, entraînant un risque de court-circuit, donc d’incendie.

Les surmulots sont même capables de détériorer des canalisations en acier (2 cm de diamètre), de creuser des galeries sous les fondations du bâtiment ou une dalle en béton. Ces rongeurs peuvent aussi traverser un mur de parpaings.

TROIS ÉTAPES DE LUTTE COMPLÉMENTAIRES

Le contrôle de ces nuisibles dans les élevages avicoles doit inclure non seulement les produits chimiques, mais aussi la mise en place de mesures visant à rendre les locaux inaccessibles.

L’hiver constitue le moment stratégique pour tenter d’éradiquer les rongeurs des exploitations. En effet, durant la période froide, ces animaux sont en plus faible effectif et ils ont tendance à consommer davantage les appâts, car la nourriture à l’extérieur se raréfie.

Empêcher l’introduction des rongeurs dans le bâtiment

Une bonne étanchéité du bâtiment est une nécessité. Une souris peut passer à travers un trou de 18 mm de diamètre et un rat par une ouverture de 24 mm. Ainsi, les portes doivent fermer hermétiquement ou être munies de bondes métalliques qui empêchent les rongeurs de pénétrer à l’intérieur en rongeant le bois.

Les orifices autour des tuyaux et des câbles doivent être obturés avec du béton ou des plaques métalliques.

Éliminer les facteurs favorisant la persistance des rongeurs dans le bâtiment

> Enlever les aliments gaspillés et vidanger en permanence les poubelles.

> Pratiquer un désherbage sur 1 m autour de chaque bâtiment.

> Réaliser un gravillonnage du pourtour des bâtiments sur une zone de 1 m de largeur et de 10 à 15 cm d’épaisseur. Cette opération décourage les rongeurs de creuser et de nicher près des fondations.

Réduire les populations de rongeurs

Le recours aux rodonticides et aux pièges constitue les principales mesures de lutte.

Appâts toxiques

Les rodonticides les plus fréquemment utilisés sont les produits anticoagulants qui agissent par blocage de la vitamine K, inhibant ainsi la synthèse de la thrombine à partir de la prothrombine. Cela conduit à la mort par hémorragie interne au bout de quatre à quinze jours (selon la molécule). Ces produits sont soit monodose, soit multidose. Les produits à dose unique sont de loin les plus utilisés. Ils ont l’avantage de provoquer la mort après une à deux pri­ses. En effet, dans les élevages avicoles, les rongeurs disposent de beaucoup de nourriture et ils ne visitent un poste d’appâtage qu’une ou deux fois avant de retourner à leur source alimentaire habituelle.

Quant aux poisons à dose multiple (à effet cumulatif), ils nécessitent une consommation journalière pendant 7 à 21 jours pour que les rongeurs accumulent une dose mortelle. Si la consommation s’interrompt, le cycle de toxicité est rompu : les rongeurs peuvent tomber malades, mais ne meurent pas. Dans ce cas, ils apprennent vite à éviter les appâts en question. Outre les anticoagulants, il existe d’autres produits à activité rodonticide plus aiguë, notamment chez la souris (voir tableau 2), mais ils ne sont utilisés que par des professionnels. Ils ont été développés en raison de la résistance de plus en plus importante des rongeurs aux anticoagulants.

La dératisation doit se faire en trois temps principaux, tout en respectant une durée minimale de traitement de six à huit semaines (traiter sur courte durée, deux semaines par exemple, ne permet d’éliminer que 80 % de la population visée) :

– la pose des appâts ;

– la surveillance de leur consommation et leur renouvellement ;

– la postdératisation ou la prévention d’une réinfestation.

Les appâts sont déposés dans des boîtes (bait box) qui leur assurent une meilleure conservation (loin des poussières et des déjections des volailles), tout en réduisant le gaspillage (les rongeurs ne consomment pas les appâts souillés ou mouillés). Leur entreposage doit se faire dans des endroits stratégiques où les animaux peuvent les sentir et les trouver facilement, à raison d’un poste tous les 3 m pour les souris et tous les 10 m pour les rats. Les principaux lieux sollicités sont le pourtour du poulailler, les annexes, les fenêtres et le local de stockage de l’aliment.

La surveillance des appâts est à effectuer deux fois durant la première semaine, puis sur un rythme hebdomadaire pendant six à huit semaines. Le taux de consommation des appâts constitue le principal critère de la fréquence du renouvellement (voir figure).

Le maintien de la lutte contre les rongeurs après la dératisation aura pour objectif la détection et la prévention d’une éventuelle réinfestation, via le maintien de quelques postes d’appâtage dans les endroits les plus fréquentés, tout en surveillant la consommation du poison. Cette opération doit être au moins mensuelle.

Les pièges

Le recours à la méthode mécanique, fondée sur l’instal­lation de pièges, est efficace lors d’infestation massive. Ces souricières, de différents types (snap trap, capture multiple, piège à colle), sont souvent utilisées comme une mesure complémentaire pour détruire les rongeurs ayant échappé à une campagne de dératisation et/ou de désourisation (appâts). Pour être efficaces, ces pièges doivent être déposés à côté des murs, derrière les objets, dans les coins obscurs et dans les lieux d’activité des rongeurs (rebords, matériel stocké, etc.).

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr