L’Académie vétérinaire réaffirme le concept “One Health” - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Séance solennelle

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Auteur(s) : MARINE NEVEUX

L’Académie vétérinaire de France a tenu sa séance solennelle, le 6 décembre dernier, sous les lambris de l’Académie de médecine, présidée par… un vétérinaire, le professeur André-Laurent Parodi. Un lieu de choix pour une belle reconnaissance du concept “une seule santé”.

La séance académique du 6 décembre, prestigieuse et dynamique, a été marquée par l’intervention de plusieurs confrères qui portent haut notre profession, mais aussi le caractère indissociable de la santé animale et humaine. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll était présent, de même que Jules Hoffmann, le prix Nobel de physiologie et de médecine 2011, qui a présenté ses travaux sur la réponse immunitaire innée.

Des écoles vétérinaires en décalage

Selon notre confrère André-Laurent Parodi, le choix de ce lieu emblématique pour la séance solennelle illustrait bien « qu’il y a deux médecines, celle de l’homme et celle des animaux, pour assurer une seule santé ».

Jeanne Brugère-Picoux, présidente de l’Académie vétérinaire, n’a pas manqué de mettre en avant notre profession, rappelant ses contributions essentielles à la santé animale et humaine au cours des décennies et son implication, jusqu’à l’actualité récente du plan Eco-antibio 2017. « La connaissance de la pathologie comparée nous a souvent aidés », a-t-elle poursuivi. Notre consœur est revenue sur plusieurs avis de l’académie émis en amont de nom­breuses crises sanitaires (encéphalopathie spongiforme bovine, rage, influenza aviaire, etc.), soulignant au passage que les vétérinaires des laboratoires de diagnostic sont indispensables. Pour elle, l’éviction l’an passé de notre profession du diplôme d’études spécialisées de biologie médicale, au motif que les vétérinaires ne sont pas une profession de santé, est délétère et injustifiée. Concernant l’influenza aviaire, les vétérinaires ont d’ailleurs été moins alarmistes, et à juste titre, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Il vaut mieux écouter les vétérinaires que les médecins quand il s’agit d’animaux… ».

Jeanne Brugère-Picoux regrette également la négation de la recherche au sein des écoles vétérinaires. Alors que 2011 célébrait l’année mondiale de notre profession, l’académie n’a pu que déplorer le changement de nom des ENV de Lyon et de Nantes.

La présidente a aussi tiré la sonnette d’alarme pour que l’enseignement vétérinaire ne se focalise pas essentiellement sur la pathologie individuelle des espèces de compagnie au détriment des animaux de ferme, voire des volailles : « L’enseignement sur la filière avicole est en perte de vitesse dans les écoles, alors que les volailles constituent la principale source de protéines dans le monde pour les années à venir », a déploré Jeanne Brugère-Picoux.

Par ailleurs, « l’académie est une structure qui peut s’exprimer en toute indépendance sur les données de la science », s’est félicitée notre consœur. Pour preuve, en septembre dernier, l’institution a émis un avis sur l’expérimentation animale, via la commission dirigée par notre confrère Claude Milhaud et chargée de cette préoccupation croissante de la société pour le bien-être des animaux.

Un message martelé, pour « une prescription curative, de précision »

Stéphane Le Foll a poursuivi sur son élan des jours précédents, lors du congrès de l’Afvac-RNV1, caressant de nouveau notre profession dans le sens du poil. Il est revenu sur le lien entre le modèle alimentaire et l’approche sanitaire, et sur son souhait d’une France leader de l’agro-écologie. « Dans le cadre des modèles alimentaires actuels, des questions se posent : allons-nous continuer à manger de la viande ? » Selon le ministre, les derniers interdits alimentaires étaient religieux, fruit d’une approche dogmatique loin des préoccupations d’une académie scientifique. Alors, « les vétérinaires doivent jouer un rôle : celui de s’inscrire dans un débat plus global qui pose toutes les questions ».

« La dimension sanitaire est importante, avec des principes sur lesquels il faut que nous puissions nous mettre d’accord », a rappelé Stéphane Le Foll, qui a de nouveau martelé sa volonté de passer d’une « logique d’assurance tout risque » à une « prescription curative, de précision ». Quelles en seront les modalités ? « Nous devons participer aujourd’hui à une nouvelle révolution qui nous oblige à penser les choses différemment. » À suivre donc, à l’heure où le ministre ouvre aussi le débat sur le couplage prescription-délivrance.

Se voulant rassurant, Stéphane Le Foll a en outre affiché son souhait d’intégrer les vétérinaires dans sa réflexion : « Ils ont été les précurseurs, ils ont un rôle et une place dans cette santé unique, et le ministre de l’Agriculture a aussi un message à faire passer à celui de la Santé (…) Nous ne sommes pas là pour montrer du doigt les erreurs qui ont été faites, nous avons besoin des vétérinaires sur le terrain et dans la recherche. J’ai besoin de votre expertise sur tout le débat qui sera lancé à la fin de l’année. » Et de conclure sur le principe de « logique de prescripteur, de précision », jusqu’à l’enseignement vétérinaire. Est-ce déjà pour préparer les futures générations à ne plus avoir que la prescription ?

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1519 du 7/12/2012 en pages 14 à 16.

LES PRIX

→ Prix Clément Bressou décerné à Philippe Cottereau et Jeanne Weber-Godde pour l’ouvrage Claude Bourgelat : un Lyonnais fondateur des deux écoles vétérinaires du monde (1712-1779). Et ex-aequo : Jaques Donjean, Olivier Horn et Philippe Raxhon pour le film Honoré Fragonard, la passion de l’anatomie.

→ Prix Victor Robin à Fabrice Hebert et Christophe Bulliot pour le Guide pratique de médecine interne, chien, chat et NAC.

→ Prix Pierre Cadiot à Jean-Marie Nicol, cofondateur de www.vetofocus.com.

→ Prix Paul Groulade à Christine Médaille pour le Vade-mecum des analyses vétérinaires.

→ Prix Jean Blancou à Jaques Barnouin et Ivan Sache pour le livre Les Maladies émergentes.

→ Prix Achille Urbain à Florence Ollivet-Courtois et Sylvie Overnoy pour l’ouvrage Un Éléphant dans ma salle d’attente : aventures d’une vétérinaire.

→ Prix Raoul Baron à Feillet pour l’ouvrage Nos Aliments sont-ils dangereux ?

→ Prix Emmanuel Leclainche à Claude Gilbert et Emmanuel Henry pour Comment se construisent les problèmes de santé publique.

→ Prix Jean Pantaléon à Sylviane Dragacci, Nadine Zahia-Rozis et Pierre Galtier pour le livre Danger dans l’assiette.

→ Prix Raymond Ferrando à Henri Leridon et Ghislain de Marsily pour Démographie, climat et alimentation mondiale.

→ Prix de l’Académie vétérinaire de France, dotés par la Mutuelle Ampli, à Alexia Hamelin, Alice Dumoulin, Alix Ortega, Marlène Finck, Mathilde Mielcarek, Maetitia Piane, Vanessa Mailland, Elsa Richiardi.

→ Prix de l’association Animal société aliment à Yves Le Floc’h Soye pour le livre Tout le gibier de France : atlas de la biodiversité de la faune sauvage.

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