Le médicament en thème phare de l’édition 2012 - La Semaine Vétérinaire n° 1519 du 07/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1519 du 07/12/2012

Congrès Afvac et RNV

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À LA UNE

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Pour la deuxième année consécutive, le congrès annuel de l’Association des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), qui s’est tenu à Paris du 29 novembre au 2 décembre dernier, était couplé aux rencontres du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Le thème du médicament a servi de fil rouge.

Le médicament vétérinaire et l’annonce par Stéphane Le Foll, il y a quelques semaines, d’une remise à plat « sans tabou » du couplage prescription-délivrance, était au cœur des discussions lors des rencontres syndicales, mais aussi du symposium sur le médicament auquel ont participé les différen­tes familles de notre profession1.

D’une année difficile…

« 2012 aura été marquée par une interminable instruction à charge contre les prérogatives de délivrance de la profession vétérinaire », a déploré Pierre Buisson, président du SNVEL. La menace n’est pas que française, elle plane également au niveau du Parlement européen. « Sous la pression de la présidence danoise, nous avons d’abord dû affronter le dénigrement de notre position dans le circuit du médicament », a rappelé le président du syndicat. Il s’agit de tout le débat sur la responsabilité des prescripteurs vétérinaires dans l’antibio­résistance. « Non content de laisser les eurodéputées danoises faire prospérer ce concept imbécile, démenti par les faits partout en Europe, il s’est trouvé chez nous quelques relais politiques pour offrir une tribune à ces errements intellectuels », s’est insurgé Pierre Buisson.

… au rêve de croisière

Est-on alors face à un procès d’intention à l’égard de notre profession ? « Les vétérinaires ne prescrivent pas plus pour gagner plus. Ils ont pour unique objectif de soigner les animaux que leurs propriétaires leur confient et d’utiliser pour cela tous les moyens autorisés par l’État », a martelé le président du SNVEL. Le ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire lui a répondu sur un ton qui se voulait apaisant : « Je ne veux pas vous désigner ce matin en coupables. Ce n’est pas votre intérêt, ce n’est pas le mien. Je veux que les vétérinaires soient dans le groupe de discussion, le découplage est une possibilité, mais ce n’est pas forcément là où le découplage existe que tout est mieux. » Stéphane Le Foll tente d’amor­tir ainsi le séisme déclenché par son annonce, en novembre dernier. L’heure est même à la métaphore : « Je veux vous embarquer pour une croisière. L’enjeu de l’agro-écologie suppose une agriculture orientée vers beaucoup moins de consommation d’un certain nombre d’entrants, quels qu’ils soient. Le système de l’assurance tous risques doit être oublié pour un système de prescription plus précis. Je ne suis pas là pour vous dire que vous êtes coupables d’un système. Le vétérinaire, je compte dessus, je ne le stigmatise pas, même si je me pose un certain nombre de questions sur l’antibiothérapie. J’ai évoqué pour les antibiotiques critiques la possibilité du découplage, c’est une possibilité. » La question est donc loin d’être fermée. Soit, mais comment scinder une ordonnance en deux ? Car cette proposition d’un découpage partiel suscite des interrogations. Est-ce une première étape pour nous préparer au pire ?

Vers un contrat d’objectif ?

Pierre Buisson est revenu sur l’exemple de l’action conduite aux Pays-Bas, qui a permis d’obtenir une réduction de moitié des quantités d’antibiotiques administrées aux animaux, mais aussi la quasi-extinction du recours à ceux dits critiques : « Ce résultat a été obtenu grâce à une mobilisation des prescripteurs et des filières, sans intervention législative ni stigmatisation de la culpabilité des vétérinaires par le découplage, sans même l’ombre d’un élément de preuve. »

Une analyse partagée par Stéphane Le Foll, qui renchérit : « Mon objectif est de diminuer la consommation d’antibiotiques. Nous devons faire un effort, mais en trouvant les meilleures solutions, pas en les stig­matisant les unes contre les autres. »

Et Pierre Buisson de proposer : « Donnez à notre profession un contrat d’objectif et faisons respecter la loi. Commençons immédiatement par abolir l’usage préventif des antibiotiques instauré par leur présence sur la liste positive. Envisagez, comme nous, le retrait des antibiotiques de l’aliment médicamenteux. Ils représentent la moitié du tonnage. Les consommateurs seront les premiers à vous remercier. Ensemble et en priorité, renforçons le rôle du vétérinaire. » Pour cela, il rappelle l’outil précieux et unique en Europe qu’est la visite sanitaire bovine : « Annualisez son rythme, étendez-la aux autres espèces et travaillons ensemble à son actualisation permanente. »

De son côté, Stéphane Le Foll envisage de « retirer des antibiotiques critiques qui, aujourd’hui, sont directement accessibles par les éleveurs. Dans le cas de l’aliment médicamenteux, nous devons pouvoir trouver des accords ». La visite sanitaire bovine a été remaniée récemment et le ministre s’est dit favorable à la développer sur un rythme annuel.

Un décret à paraître prochainement

Pierre Buisson a aussi interpellé le ministre sur les modifications envisagées concernant la forme capitalistique des entreprises vétérinaires : « Vos services, sous votre autorité, sont maintenant en mesure de proposer une solution pragmatique que nous jugeons protectrice de l’intérêt des vétérinaires exerçant dans leur structure. »

Et Stéphane Le Foll de répondre : « Vous avez évoqué, pour votre activité, une organisation en termes sociétaires, à condition de la respecter, mais là je vous fais confiance. S’agissant des SPFPL2, il y a un décret en Conseil d’État qui sera publié dans les jours à venir. »

Par ailleurs, le président du syndicat s’est félicité de l’avancement du dossier I-Cad, qui associe profession vétérinaire et cynophilie. Il a mis aussi en avant le projet de création d’une fondation dédiée à la santé animale.

L’abattage rituel aussi abordé sans tabous ?

Le ministre de l’Agriculture n’a pas manqué de répondre, lors des rencontres syndicales, aux problématiques soulevées régulièrement pas l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA), présidée par Jean-Pierre Kieffer. Notre confrère l’avait rencontré quel­ques jours auparavant. « Sur la question des abattoirs et de l’abattage rituel, je ne veux pas me laisser imposer un débat, je veux être en capacité de l’encadrer, je suis parfaitement laïc, il y a des règles, des dérogations, je veux qu’elles soient appliquées », a affirmé Stéphane Le Foll.

Au final, le ministre a marqué le terrain pour le nouveau gouvernement, sans annonce ni promesse en ce début de mandat, mais avec des chantiers à venir qui devraient bousculer… « Pas le Danemark, mais la France dans l’Europe, une volonté, un projet, un objectif. Si nous sommes d’accord sur l’objectif, c’est ensemble que nous y arriverons. C’est ensemble que nous nous embarquerons dans un beau projet », promet l’homme politique. « Je veux vous embarquer dans une croisière », a-t-il martelé à plusieurs reprises. Souhaitons juste que le bateau ne s’approche pas trop près d’une île italienne lors de son voyage. À suivre…

  • 1 Voir en pages 20-21 de ce numéro.

  • 2 Sociétés de participations financières de professions libérales.

Le congrès en chiffres

→ 3 700 badges délivrés par l’Afvac.

→ Plus de 2 000 vétérinaires ont assisté aux conférences scientifiques et visité l’exposition commerciale :

– 1 015 congressistes scientifiques (dont 181 conférenciers et 176 invités, élus bénévoles des associations et institutionnels de la profession) ;

– 1 024 vétérinaires visiteurs.

→ 241 auxiliaires.

→ 112 exposants sur 1 841 m2 de stands.

→ 362 inscrits aux RNV du SNVEL.

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