Quelques exemples d’erreurs analytiques en hématologie - La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : CATHY TRUMEL*, AURÉLIE LEVIEUGE**

Fonctions :
*professeur de biologie médicale animale et comparée à l’ENV de Toulouse Article tiré d’une conférence présentée au congrès de l’Afvac 2011.

Points forts

– Un frottis sanguin permet de contrôler, dans de nombreux cas, la cohérence des résultats obtenus à partir d’un automate.

– Le diagnostic différentiel doit être clairement établi avant d’interpréter une anomalie des résultats chiffrés.

Face à une anomalie quantitative et/ou qualitative d’un résultat en hématologie, le praticien doit savoir détecter les erreurs, établir un diagnostic différentiel en prenant en compte les erreurs possibles, mais également les causes physiologiques (espèce, race, état physiologique) et enfin, seulement, les causes pathologiques. Il doit aussi être capable de reconnaître les principales anomalies morphologiques des cellules sanguines ou, tout simplement, envoyer un frottis de bonne qualité, non coloré, à un laboratoire vétérinaire, accompagné des résultats chiffrés. Les principales erreurs proviennent, en général, d’une interprétation trop rapide des résultats chiffrés, en l’absence de frottis sanguin.

ERREURS PRÉANALYTIQUES

Cette phase de collecte et de traitement des échantillons est critique.

Des erreurs sont parfois liées à :

→ la technique de prélèvement : il convient, par exemple, d’utiliser le bon tube de prélèvement, et de veiller à un remplissage adéquat. Lors de la présence de caillots (mauvais tube, délai avant analyse, trop de sang pour la quantité d’anticoagulant), la numération des plaquettes est sous-estimée et induit d’autres modifications en fonction de l’automate utilisé ;

→ l’animal : chez le chat stressé ou malade, la libération d’adrénaline, qui est un activateur plaquettaire, peut conduire à la formation d’agrégats plaquettaires. Chez le chat, des lymphocytoses fortes sont possibles, lors de stress aigu et en cas de réaction inflammatoire (infectieuse chronique, immune, etc.). Un repas, une transfusion récente, la prise de médicaments risquent de modifier un résultat. Chez un animal lipémique, l’hémoglobinémie est surestimée parfois de façon spectaculaire (+ 2 ou 5 g/dl). La CCMH et la TCMH (concentration et teneur corpusculaires moyennes en hémoglobine) sont également modifiées. Il convient donc d’effectuer les prises de sang sur des animaux à jeun, dans la mesure du possible, ou de recommencer l’analyse en cas d’hyperlipémie.

ERREURS ANALYTIQUES

Pour obtenir un résultat fiable, il faut connaître les limites de son automate. Ainsi, un même échantillon analysé par trois automates distincts risque de fournir trois résultats différents. En variation d’impédance, des agrégats plaquettaires peuvent être à l’origine d’une thrombopénie et être comptés comme des leucocytes (un amas de trois ou quatre plaquettes atteint la taille d’un granulocyte). En cytométrie en flux, les agrégats peuvent être reconnus comme tels ou non et être alors à l’origine d’une thrombopénie potentiellement accompagnée d’une alarme machine. Chez le chat ou certains cavaliers king charles, une plaquette de grande taille risque d’être confondue avec une hématie et entraîner une pseudothrombopénie selon l’automate utilisé. Il arrive aussi que certains neutrophiles toxiques et/ou jeunes neutrophiles (de grande taille) soient pris pour des blastes, conduisant à une interprétation erronée en faveur d’une leucémie.

ERREURS POSTANALYTIQUES

Elles sont liées à une interprétation hâtive ou à un mauvais diagnostic différentiel. Ainsi, lorsqu’un hémogramme révèle une pancytopénie vraie, il est nécessaire d’envisager les atteintes de la moelle osseuse, sans négliger les maladies infectieuses susceptibles d’induire des cytopénies périphériques multiples, telles que la babésiose ou l’erhlichiose. Leur diagnostic est établi par la simple lecture d’un frottis sanguin, ou via une sérologie ou une PCR. Le myélogramme est alors inutile.

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