La clinique du Grand Renaud peaufine son dispositif d’extraction de litières - La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012

Entreprise

La structure équine située à Saint-Saturnin (Sarthe), près du Mans, expérimente un système de nettoyage des boxes et de recyclage des déchets.

Peu importe que Christian Bussy y travaille depuis sept ans, que la facture dépasse déjà 200 000 €, que la céramique du four se fissure… C’est le lot commun de tout prototype ! Le praticien équin n’en démord pas, son système d’élimination de litières, « c’est l’avenir ! ». Avec son épouse Christine, également vétérinaire, il a fondé en 1996 la clinique du Grand Renaud à Saint-Saturnin, près du Mans. Douze ans plus tard, la structure est passée de 800 m2 à 1 600 m2 avec un nouveau système d’extraction des litières. Ce procédé inédit, soutenu par l’Agence de développement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et le conseil régional des Pays-de-la-Loire, fonctionne depuis un an. Déployé dans 20 boxes de la clinique, il est conçu pour réduire les risques de contamination bactérienne et réaliser, à terme, des économies d’énergie.

« C’est simple, lorsqu’un cheval est hospitalisé, nous utilisons deux à quatre balles de copeaux pour maintenir une litière sèche et propre. En fin de journée, le mélange de copeaux, de crottins et d’urines peut représenter jusqu’à 100 ou 150 kg », explique Christian Bussy. Avec vingt boxes, ce sont près de 2 tonnes de déchets à éliminer quotidiennement. Des quantités refusées par les champignonnières, difficilement épandables ou brûlées à ciel ouvert en zone urbaine, en raison des volumes et des risques sanitaires. La brouette engendre des risques de contamination élevés de box en box et les coûts de manutention et de traitement restent prohibitifs.

UN VÉRITABLE OUTIL INDUSTRIEL

La mise au point du prototype est presque terminée. Il a fallu installer un système d’aspiration débouchant dans chaque box, une canalisation traversant de part en part les différents barns, créer une chaufferie, une unité de stockage, un four, un échangeur thermique, des récupérateurs de déchets de combustion, des systèmes de filtres, deux microstations d’épuration. « Déjà, les coûts de main-d’œuvre pour la gestion des boxes ont diminué de moitié. Peu de problèmes sanitaires sont observés depuis la mise en service de l’installation et nous avons réduit notre facture énergétique de 10 000 € par an, constate le vétérinaire. Il nous reste aujourd’hui à effectuer quelques modifications sur l’échangeur thermique et à finaliser les réglages pour automatiser le procédé. »

Pour Christian Bussy, le projet doit donner naissance à un véritable outil industriel destiné aux haras, aux cliniques vétérinaires, aux centres d’entraînement et, plus largement, aux zones rurales mal desservies pour la collecte des déchets ménagers. L’objectif serait de le commercialiser en 2014.

Initialement prévue pour la clientèle locale, la clinique a rapidement élargi son périmètre et 60 % de son activité est générée, par les vétérinaires du grand Ouest. En croissance de 10 % par an, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 1,25 million d’euros en 2011. Des activités de recherche, avec un vétérinaire à temps plein, sont prévues pour l’an prochain.

1. INFRASTRUCTURES

La clinique est située près du Mans, à l’intersection de plusieurs régions équines. Spécialisée dans la chirurgie abdominale et dotée d’un important plateau technique, la structure comprend vingt boxes, dont deux pour isoler les animaux contagieux.

2. HÉBERGEMENT DES CHEVAUX

Chaque box est équipé d’une trappe destinée au nettoyage, par aspiration des copeaux souillés ou des eaux de lavage. La mise en œuvre d’un système pneumatique permet une dépressurisation des canalisations pour l’aspiration des litières ou des eaux usées et limite les risques de contamination bactérienne. Tous les boxes en sont équipés, ce qui évite notamment d’ouvrir régulièrement les portes des barns et minore ainsi les pertes caloriques.

3. DISPOSITIF DE RECYCLAGE DES LITIÈRES

Les conditions sanitaires imposent d’utiliser deux à quatre balles de copeaux par jour et par box, ce qui représente près de 2 tonnes de déchets à éliminer quotidiennement. Le projet de recyclage des litières a mobilisé trois compétences : un vétérinaire, un chaudronnier industriel et un ingénieur à la retraite.

4. TRAITEMENT DES EAUX ET DES DÉCHETS

Les filtres et le système by-pass permettent de basculer vers l’aspiration de copeaux ou de liquides. Cette séparation évite la production de méthane dans l’unité de stockage. Les eaux de lavage des boxes sont traitées par deux microstations d’épuration. « Sans être écolo-intégriste, nous cherchons à polluer le moins possible notre environnement et à le faire savoir à nos clients. »

5. ÉCHANGEUR THERMIQUE

Les copeaux souillés sont acheminés par dépression, séparés, puis stockés dans un silo avant d’être incinérés dans un four à haute température (800° à 1 200°) pour limiter au maximum les rejets dans l’atmosphère. Les calories produites sont recyclées via l’échangeur thermique, qui permet de chauffer les 1 600 m2 de la clinique vétérinaire et réduit la facture d’énergie de 10 000 € par an.

Une trappe est prévue pour récupérer les déchets de combustion.

L’absence d’émission de fumée désagréable ou visible contribue à l’acceptation du système par le personnel et la clientèle.

6. INDUSTRIALISATION DU RECYCLAGE

Christian Bussy, qui a reçu le prix de la meilleure initiative entrepreneuriale lors des Trophées vétérinaires 2012, pourrait ouvrir le “bal” du recyclage de nos déchets avec son prototype.

CARACTÉRISTIQUES

Généralités

– Statut juridique : Selarl.

– Ouverture : juillet 1996.

– Activité : clinique équine (médecine, imagerie, chirurgie, orthopédie, gynécologie, dentisterie).

– Horaires : du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et de 14 h à 19 h ; le samedi de 8 h à 12 h.

– Urgences : assurées 24 heures/24.

– Surface totale : 1 600 m2 depuis 2008.

Personnel

– 5 vétérinaires associés : Christian Bussy et Juan Munoz (chirurgie et locomotion), Guillaume Bonnet (médecine, dentisterie, visites à domicile), Christine Bussy-Nicolich et Thierry Cochard (médecine et reproduction).

– 2 vétérinaires salariés : Amélie Cadon et François Auzas, en charge de l’hospitalisation, des anesthésies, de l’imagerie.

– 3 auxiliaires vétérinaires.

– 1 secrétaire.

– 1 palefrenier.

– 1 personne en charge du nettoyage et de la désinfection des locaux.

Points forts

– Un service d’urgence 24 heures/24 et 7 jours/7.

– Un plateau technique diversifié et équipé pour accueillir les chevaux.

– Une situation géographique stratégique entre Angers, Laval, Alençon, Paris et Tours, à proximité des axes routiers principaux (A28, A11, A81).

– Des facilités de stationnement.

– Un hébergement des chevaux en box ou en paddock.

– Un service d’imagerie performant.

– Un laboratoire d’analyses intégré.

Points faibles

– L’absence d’un directeur de clinique.

– Des tâches administratives réparties entre associés, mais qui passent trop souvent en arrière-plan.

– Une organisation interne à améliorer.

– La communication avec les confrères référents à optimiser.

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