Des alternatives aux antibiotiques pourraient être exploitées - La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012

Antibiorésistance

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SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Quelles sont les solutions alternatives à l’antibiothérapie ? C’est en effet l’un des défis à relever, qui a été abordé le 21 novembre, lors de la séance interacadémique1.

Le professeur Pierre Bourlioux, membre de l’Académie nationale de pharmacie, fait deux constats : la diminution considérable de la mise sur le marché de nouveaux antibiotiques et la forte augmentation des publications relatives aux solutions alternatives. Mais, pour leur développement, des obstacles d’ordres réglementaire et financier persistent.

Des thérapeutiques ciblées et déjà présentes

La phagothérapie consiste en l’uti­lisation de virus bactériophages comme antibactériens. Présents partout, ils ont un spectre spécifique vis-à-vis des bactéries. « Il existe un renouveau de cette thérapie depuis 1994 lorsque la résistance des souches a été observée », précise Pierre Bourlioux. La phagothérapie s’adresse aussi bien aux bactéries à Gram négatif qu’aux bactéries à Gram positif. Faute d’essais cliniques, elle n’est pas reconnue en France. « Les procédures sont lourdes et ne sont pas adaptées à cette thérapie », explique le professeur.

L’apithérapie, l’emploi du miel à des fins médicales, est utilisée en thérapeutique dermatologique. Elle est reconnue pour ses propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires et immunomodulatrices.

« La thérapie par asticot est importante ». Reconnue, elle se fonde sur l’utilisation de larves stériles de Lucilia sericata. Ces larves sont nécrophages et désinfectent la blessure en tuant les bactéries et en stimulant la production de tissu cicatriciel. Les larves sécrètent des enzymes protéolytiques.

Renforcer l’arsenal

Pierre Bourlioux souligne aussi l’intérêt d’un réexamen des « anciens » antibiotiques.

Probiotiques, peptides anti­microbiens, etc. : de nouveaux traitements seraient potentiellement utilisables. Il dresse, enfin, la liste de nombreux pro­duits qui peuvent avoir des activités antimicrobiennes, comme les statines (fluvastatine et simvastatine) et les phosphonosulphonates (qui interviennent sur le pigment doré du staphylocoque doré, un facteur de virulence qui lui permet d’échapper à la défense cellulaire). Le diclofénac a une activité bactéricide, mais les essais sont effectués in vitro, donc des recherches sont encore à conduire. Pour lutter contre Staphylococcus aureus, l’association de molécules, comme les antibiotiques et les triterpènes, peut être aussi efficace.

Les nouvelles formulations offrent aussi un intérêt : les nanoparticules, vis-à-vis des pathogènes intracellulaires, permettent de mieux cibler l’efficacité des antibiotiques.

Les plantes constituent la base de nombreuses thérapeuti­ques, mais la littérature n’est pas orientée sur leur action sur les germes multirésistants. Certaines essences (le carvacrol, le thymol, l’eugénol) ont des propriétés antibactériennes et sont utilisées aux États-Unis comme conservateurs des aliments. L’ail et le poireau ont une activité antimicrobienne, les baies de cranberry sont employées pour traiter les infections urinaires chez la femme (l’action repose sur la présence de proanthocyano­side A). « On trouve des alternatives intéressantes avec les plantes, mais les essais réalisés ne le sont souvent qu’in vitro ».

Les lactobacilles peuvent être utilisés lors d’infection urinaire chez la femme, souvent due à une flore vaginale absente, qui n’assure plus le rôle de barrière.

Les transferts de flore sont étudiés (lors de diarrhée et d’entérocolite) à partir du microbiote d’un patient sain, mais cela impose beaucoup de contraintes.

Pierre Bourlioux souligne l’importance de la recherche de nouvelles cibles bactériennes (voir encadré). Il ajoute que « certaines thérapeutiques sont là et devraient être exploitées ». Nombre de publications existent, mais elles ont peu d’écho en infectiologie et nécessitent des travaux plus poussés. Enfin, la prévention reste de mise. Outre les principes d’hygiène, Pierre Bourlioux recommande de développer l’usage des vaccins.

  • 1 Voir aussi en page 24 de ce numéro.

De nouvelles cibles bactériennes

→ Le blocage de l’expression des gènes de virulence par celui des sortases

→ Le blocage du quorum sensing

→ Le blocage du système de sécrétion de type III

→ L’utilisation des ARN antisens : ils ciblent des gènes spécifiques

→ Le blocage de la synthèse des acides gras

→ Le blocage du lipopolysaccharide des bactéries à Gram négatif

→ Le ciblage des enzymes de résistance

→ Les prédateurs de bactéries : coculture de Micavibrio aeruginosavorus et Bdellovibrio bacteriovorus

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