Actualités en ophtalmologie du chien : revue de presse - La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1518 du 30/11/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : LAURENT BOUHANNA

Fonctions : DESV d’ophtalmologie vétérinaire, praticien spécialiste à Paris.

HÉMORRAGIE INTRACORNÉENNE

Dix-neuf cas de chiens atteints d’une hémorragie intracornéenne (qui se manifeste par une néovascularisation cornéenne) ont été répertoriés1. Si aucune prédisposition raciale ou sexuelle n’est mise en évidence, les animaux âgés de plus de 10 ans sont plus souvent affectés. Ces hémorragies sont observées dans les quatre quadrants de la cornée, plus fréquemment dans la région périphérique médiale. Les zones lésées de la cornée présentent une perte de transparence à long terme. Cette lésion n’a pu être associée à une affection oculaire ou systémique spécifique. Les complications sévères décrites chez l’homme, telles que le blocage pupillaire ou la perforation de la cornée, ne sont pas observées dans cette étude. Chez le chien, elle semble se résorber avec le temps, avec ou sans traitement médical.

ULCÈRE D’ORIGINE FONGIQUE

Un bichon âgé de 9 ans est présenté pour un ulcère de la cornée de l’œil gauche, apparu trois semaines auparavant et ne rétrocédant pas au traitement classique2. L’examen révèle une hyperhémie conjonctivale et une ulcération, une néovascularisation, un œdème et une pigmentation de la cornée. L’examen des structures intra-oculaires ne peut être réalisé, en raison de la nature diffuse des lésions de la cornée. Une kératectomie lamellaire superficielle est pratiquée à des fins thérapeutiques et diagnostiques. L’examen histologique révèle une kératite fongique due à un champignon de la famille des Dématiacées3 (phaeohyphomycose oculaire). Un traitement topique avec du voriconazole est administré avec succès. Aucune récidive n’est rapportée au bout de sept mois. Chez le chien, une kératite fongique devrait être envisagée comme une cause possible d’ulcère de la cornée associé à une pigmentation mélanique ne rétrocédant pas au traitement.

DOSAGE EFFICACE DE TRAVOPROST LORS DE GLAUCOME

Une étude4 est réalisée chez douze beagles souffrant de glaucome héréditaire, afin de déterminer les effets sur la pression intra-oculaire (PIO) et la taille de la pupille d’instillations uniques de travoprost (Travatan® collyre) à différentes concentrations. La PIO et le diamètre pupillaire sont mesurés à quatre reprises durant 24 heures dans deux groupes de six chiens. Sept jours plus tard, l’excipient ou le produit sont instillés dans l’œil controlatéral. Aux concentrations de 0,00033, 0,001 et 0,0033 %, le travoprost provoque une diminution significative de la PIO et du diamètre pupillaire, mais à la concentration de 0,0001 %, l’abaissement de la PIO est limité, tandis que la modification du diamètre pupillaire reste significative. La concentration minimale efficace du travoprost se situerait donc entre 0,0001 et 0,00033 %. Par ailleurs, cette étude montre que ce modèle est hautement sensible aux principes actifs de ce groupe de molécules, même à des concentrations faibles telles que 0,00033 % (soit 1/12e de la concentration des produits commercialisés).

CONJONCTIVITE ALLERGIQUE : INTÉRÊT DES TESTS DE PROVOCATION

Un article5 évalue la prévalence des signes oculaires chez 60 chiens souffrant de dermatite atopique, et étudie la relation entre ces signes et les scores de la dermatite. Il souligne également l’intérêt, chez les chiens atopiques présentant un prurit oculaire, d’un test de provocation conjonctival pour les acariens de la poussière. Des signes oculaires et périoculaires d’allergie sont présents chez 60 % des chiens, l’hyperhémie conjonctivale étant la plus fréquente (90 %). Une corrélation significative est mise en évidence entre la sévérité des signes oculaires et le score des lésions cutanées faciales. Une différence hautement significative ressort pour le test de provocation conjonctivale, entre le groupe test et le groupe contrôle. Les signes de conjonctivite allergique associés à la dermatite atopique canine seraient donc sous-évalués : un examen ophtalmologique systématique pourrait donc être bénéfique pour les chiens atopiques. En outre, cette étude montre que le test de provocation conjonctival est fiable, sans risque, et facile à mettre en œuvre pour établir le diagnostic étiologique d’une conjonctivite allergique chez le chien.

LES DIFFÉRENTS TRAITEMENTS DE LA CATARACTE

L’évolution des 77 yeux de 44 chiens présentant une cataracte est comparée6 :

–  en l’absence de traitement (groupe 1 : 8 yeux pour 5 chiens) ;

– avec un traitement médical topique seul, anti-inflammatoire, +/- mydriatique, (groupe 2 : 35 yeux pour 20 chiens) ;

– après phacoémulsification et implantation d’une lentille intra-oculaire ,(groupe 3 : 34 yeux pour 19 chiens).

Pour les groupes 1 et 2, l’évolution est considérée comme un succès si, à la fin du suivi, l’œil n’est ni inflammé, ni glaucomateux et que l’animal ne présente pas de gêne. Pour le groupe 3, la fonction visuelle doit en outre être conservée. Pour les trois groupes, le développement d’une affection douloureuse, telle qu’un glaucome ou une luxation du cristallin, est considéré comme un échec. La médiane du temps de suivi est de 2,3 ans. Un échec survient pour tous les yeux du groupe 1 et le taux d’échec est respectivement 65 et 255 fois plus élevé pour ce groupe que pour les yeux traités médicalement et chirurgicalement. Le taux d’échec est quatre fois supérieur lors de traitement médical par rapport à la chirurgie. Dans tous les groupes, le taux de réussite est inférieur pour les cataractes mûres ou hypermûres, comparé aux cataractes immatures. Indépendamment du stade de la cataracte, les chances de succès sont supérieures quand une phacoémulsification est réalisée en comparaison du traitement médical seul.

HYPERTENSION ET SIGNES OCULAIRES

Un article7 étudie les liens entre les manifestations oculaires et l’hypertension artérielle chez le chien. 65 chiens ayant été présentés initialement pour une mesure de la pression sanguine (n = 22), un examen ophtalmologique (n = 25) ou les deux (n = 18) sont intégrés à l’étude. 42 présentent une hypertension (pression sanguine systolique supérieure à 160 mmHg), et 23 ont une pression sanguine normale. Chez 62 % des chiens présentant une hypertension, au moins une lésion oculaire est identifiée. L’hémorragie rétinienne est la plus fréquente (40 %). La présence d’au moins un type de lésion oculaire est un indicateur ayant une sensibilité et une spécificité moyennes pour détecter une hypertension (respectivement 62 et 61 %). 60 % des chiens pour lesquels une mesure de la pression sanguine a été réalisée après un examen ophtalmologique initial présentaient une hypertension. En conclusion, les lésions oculaires sont fréquentes chez les chiens souffrant d’hypertension. Ces derniers devraient donc être suivis pour rechercher d’éventuelles répercussions oculaires. A contrario, l’hypertension devrait être systématiquement envisagée chez les chiens présentant des lésions oculaires caractéristiques (hémorragies, décollement ou œdème rétiniens).

  • 1 M. Matas et coll. « Intracorneal hemorrhage in 19 dogs (22 eyes) from 2000 to 2010 : a retrospective studys », Vet Ophthalmol. 2012;15(2):86-91.

  • 2 J.D. Pucket et coll. « Treatment of dematiaceous fungal keratitis in a dogs », J Am Vet Med Assoc. 2012;240(9):1104-1108.

  • 3 Champignons filamenteux dont la paroi contient de la mélanine, d’où la couleur foncée des colonies et des éléments fongiques dans les lésions.

  • 4 E.O.Mackay et coll. « Dose response for travoprost® in the glaucomatous beagle », Vet Ophthalmol.; 15 Suppl 1:31-35.

  • 5 A.M. Lourenço-Martins et coll. « Allergic conjunctivitis and conjunctival provocation tests in atopic dogs », Vet. Ophthalmol.

  • 6 C.C. Lim et coll. « Cataracts in 44 dogs (77 eyes) : A comparison of outcomes for no treatment, topical medical management, or phacoemulsification with intraocular lens implantations », Can Vet J. 2011;52(3):283-288.

  • 7 N.L. Leblanc et coll. « Ocular lesions associated with systemic hypertension in dogs : 65 cases (2005-2007) », J Am Vet Med Assoc. 2011;238(7):915-21.

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