Les 100 premiers jours d’un vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1516 du 16/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1516 du 16/11/2012

Entreprise

Auteur(s) : Myriem Lahidely

S’installer est loin d’être une sinécure. Les contraintes administratives peuvent rapidement devenir un parcours du combattant. Seul, il faut tout bâtir. Associé, il faut trouver sa place.

Ce qui est compliqué et très pénible, c’est que tout est à faire en même temps », explique Anne Thieffinne (L 02) qui vient de dépasser ses 100 premiers jours à la clinique vétérinaire de Lodève (Hérault). Après avoir été salariée en clinique équine pendant 9 ans, elle s’est associée au début du mois de juillet 2012 avec Sébastien Meyrieu (L 01), installé à Lodève depuis 2006 (60 % de canine, 40 % de rurale). Tout en assurant ses consultations, elle a dû exécuter toutes les démarches inhérentes à son nouvel exercice : rendez-vous avec le banquier et l’expert-comptable, tâches administratives, travaux prévus dans la clinique, etc.

ÊTRE SUR TOUS LES FRONTS

« L’idéal aurait été que l’un de nous puisse se dégager quelques jours pour n’avoir à s’occuper que de l’installation, l’autre continuant à travailler. Mais c’est impossible, car s’associer est aussi un pari sur la viabilité de l’entreprise avec les consultations, la clientèle à amener ou à développer. Au début, il n’y a pas obligatoirement de travail pour deux », analyse la praticienne. S’imposer face à une clientèle habituée au même vétérinaire depuis 7 ans n’est pas aisé. Se faire connaître et accepter demande une présence d’autant plus importante. « L’idée de cette association, c’est d’être interchangeables. En canine, ce n’est pas facile de s’attirer la confiance des clients, les gens râlent au début. Il faut essayer d’être le plus disponible possible, toujours présent, car il faut développer la clientèle », souligne la vétérinaire.

Sans pour autant oublier d’autres impératifs. Payer les factures et encaisser les chèques des clients, que l’on exerce seul ou dans le cadre d’une société en nom propre transformée en Selarl, il faut ouvrir un compte bancaire. La praticienne, associée cet été, n’a obtenu son nouveau compte courant professionnel que début novembre. « Ouvrir un compte pour une nouvelle société ne se fait qu’après l’inscription au greffe du tribunal de commerce, qui permet d’obtenir un numéro de Siret, mais cet enregistrement prend du temps. Si je l’avais su avant, j’aurais commencé par cette démarche. »

S’ASSOCIER, UN VÉRITABLE ATOUT

Anne Thieffinne a pu utiliser momentanément le compte bancaire que possédait son associé lorsqu’il était en nom propre. « Mais comment fait un jeune qui débute tout seul ? », s’interroge-t-elle. Elle n’a pas eu non plus à rechercher l’expert-comptable susceptible de la conseiller, profitant de celui de son associé. « Si je m’étais associée avec un inconnu, le temps de faire connaissance, j’aurais pris un comptable personnel pour bénéficier d’un deuxième regard et de conseils concernant les modalités ou la forme de l’association », reconnaît-elle. S’associer avec un vétérinaire qu’elle connaissait depuis plusieurs années a facilité ses premiers pas dans la nouvelle clinique. Expérimentée, elle n’a pas eu à se préoccuper non plus de trouver une centrale d’achats pour constituer son stock de médicaments, de produits, de matériel médical ou de consommables. La clinique était déjà en contrat avec deux d’entre elles. « Quand on se lance seul, il faut y penser, car s’il est possible de travailler sans échographe et sans appareil de radiographie, il est inconcevable de recevoir le premier client sans médicaments ni matériel de soins. il s’agit d’une démarche supplémentaire à laquelle il faut songer avant même d’ouvrir son cabinet. »

LA SOLIDARITÉ DES CONFRÈRES EN QUESTION

S’appuyant sur un réseau constitué auparavant et connaissant bien son futur associé, cette praticienne s’est donc lancée en confiance. Il n’empêche qu’« il est absolument nécessaire de communiquer, de se fixer des moments pour faire le point, échanger, se projeter. Depuis que je suis arrivée, nous n’avons pas eu le temps de faire une vraie réunion. » Une de ses consœurs, Céline Bourbotte (Liège 06), installée en itinérante en équine depuis 3 ans dans l’arrière-pays héraultais, n’a pas eu la même chance. Elle a tout fait toute seule. Si les démarches administratives ont été effectuées facilement, un manque de solidarité entre confrères a posé quelques problèmes : « Je n’ai trouvé personne pour me donner les bons tuyaux qui m’auraient fait gagner du temps et de l’argent. » Par exemple, en matière d’assurances, savoir tout ce qu’il faut prendre en compte, ou encore quel laboratoire il convient de choisir pour tel ou tel type d’analyses et comment les envoyer. « Je n’avais aucune notion des tarifs, je ne savais pas non plus au départ que des laboratoires fournissaient des services Chronopost. » Où se renseigner pour s’assurer, comment gérer ses premiers clients ? « Je n’ai trouvé aucune aide pour les questions pratiques de l’installation, même en sollicitant des vétérinaires aux quatre coins de la France. » Aujourd’hui, c’est certain, elle ne débuterait plus seule son activité, même aidée par des formations à l’installation et au business plan. Ces difficultés des premiers temps expliquent sans doute le choix grandissant du salariat par les jeunes diplômés.

LES RAPPELS DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ORDRE DES VÉTÉRINAIRES

→ Avant de s’installer

Enregistrement du diplôme : démarche à faire auprès du conseil régional ordinal (CRO) du lieu de résidence ou du lieu d’exercice.

→ Avant d’exercer

Inscription obligatoire auprès du CRO du lieu d’exercice, à adresser directement au président du CRO par lettre recommandée (s’inscrire après avoir commencé son activité place le vétérinaire en situation d’exercice illégal de la médecine). S’acquitter de la cotisation ordinale (311,08 € en 2012, la 1re année étant exonérée).

→ Dans les 8 jours suivant l’installation : s’immatriculer

– Avant ou dès le premier jour d’exercice, le vétérinaire a 8 jours au maximum pour déclarer son activité et remplir le dossier d’immatriculation au Centre de formalités des entreprises (CFE). Le CFE se charge de contacter, dans le délai d’un mois, les autres caisses : Urssaf, maladie, retraite et prévoyance des vétérinaires (CARPV), impôts, Insee pour le numéro de Siret. Les SCP ou Selarl s’adressent directement au greffe du tribunal de commerce qui contacte les organismes à la place du CFE.

– Déclarer un appareil de radiologie auprès de l’Agence de sûreté nucléaire (ASN). La formation PCR (personne compétente en radioprotection) du vétérinaire qui en a la charge est obligatoire.

– Demander son habilitation sanitaire auprès de la DPPP, pour les vaccinations antirabiques, les actes de certification, la délivrance de passeport européen, etc. « Pour exercer la médecine et la chirurgie des animaux, le mandat est indispensable, même pour une semaine. Sans ce mandat, la responsabilité civile professionnelle ne marche pas en cas d’incident sur un animal », rappelle Marc Veilly, du Conseil supérieur de l’Ordre.

– Souscrire une assurance professionnelle. La responsabilité civile professionnelle (RCP) couvre les dommages causés à autrui dans l’exercice de sa profession (en cas d’accident anesthésique chez un chien, par exemple). Pour comparer les diverses offres, mieux vaut s’y prendre à l’avance.

→ Dans un délai de 2 mois

Possibilité d’informer le public par le biais d’une petite annonce publiée dans les journaux locaux, sous réserve de la communiquer pour avis au CRO au cours des 15 jours qui précèdent sa parution.

→ Dans les 3 mois

– Adhérer à un centre de gestion agréé (pour accéder aux services d’un aide comptable).

– Contacter les organismes professionnels pour la formation continue (SNGTV, Avef, Afvac, SNVEL, etc.). « Une obligation déontologique », rappelle Marc Veilly.

→ Sans délai

– Créer un site Internet. Les cliniques ont le droit de créer un site web. Les laboratoires et les centrales d’achats proposent des sites clés en main où seules les informations classiques (horaires, équipe, services proposés, spécialités liées à un diplôme officiel) peuvent apparaître, et non les données liées au secret professionnel (sauf dans une partie privée avec accès par mot de passe) ni les publicités pour des médicaments. « Cela faisait partie de mes pistes de développement de clientèle, mais je n’ai pas eu le temps », note Anne Thieffinne.

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