Une décennie de partages d’expériences en pratique mixte - La Semaine Vétérinaire n° 1513 du 26/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1513 du 26/10/2012

Journée normande vétérinaire

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : BÉATRICE BOUQUET

Pour son 10e rendez-vous, la Journée normande vétérinaire (JNV) a associé médecines bovine, équine et humaine à Touques (Calvados).

Entrée dans la cour des grands événements de formation professionnelle continue qui “rapportent des points” en pratique mixte, la Journée normande vétérinaire n’a pas renié ses acquis : un mélange d’équine et de rurale, et une large place pour les échanges, y compris “commerciaux”, à travers une exposition de plus en plus fournie. Cette année, 2 concepteurs de robots de traite ont présenté leur matériel, en écho à une conférence exposée par Jean-François Labbé dans l’auditorium (voir photo). Le praticien breton encourage à considérer conjointement les 3 membres du trio que sont les animaux, la machine et l’éleveur. Tout est enregistré dans le logiciel (sauf les cellules !). Les mammites y sont détectées via le recroisement de plusieurs informations, pour une fiabilité qui va croissant (conductivité, mais aussi temps de latence avant la traite ou encore colorimétrie). C’est le temps de réaction de l’éleveur à l’alerte donnée par la machine qui fait défaut, plus souvent que le paramétrage desdites alertes.

La visite de traite reste classique en termes d’observations à recueillir, même si elle apparaît un peu plus fastidieuse, car les vaches défilent une à une dans une loge parfois située au ras du sol…

Les “dadas” de la journée normande

En ophtalmologie équine, les praticiens sont ressortis forts des encouragements de leur consœur locale, Aurélie Rouquet, à pratiquer des gestes simples comme la pose d’un cathéter sous-palpébral (qui facilite l’administration répétée de collyres dans l’œil de chevaux récalcitrants, par exemple atteints d’ulcère ou de mycose) ou encore l’anesthésie locorégionale (qui facilite les examens, mais aussi la pose de ce cathéter).

Autre “dada” de la journée normande, l’idée d’inviter les médecins, pour appuyer la place du vétérinaire en santé publique. Leur regard s’est porté cette année sur la cryptosporidiose. Loïc Favennec, coordinateur du réseau national de surveillance de cette maladie depuis l’hôpital de Rouen, a insisté sur le caractère ubiquiste des parasites en cause (surtout C. parvum en France). Celui-ci est présent dans les eaux de captage pour le réseau potable (avant traitement aux ultraviolets ou à l’ozone). L’homme se contamine en buvant la tasse dans les eaux de piscine et de rivière, ou en mangeant des crustacés, sachant que ni l’eau de Javel, ni la cuisson ne le détruise. Comme nous, les médecins manquent de traitements curatifs. Le nitazoxanide est indiqué, mais trouve ses limites lors d’immunodépression. Or c’est justement dans ce contexte, en présence de patients atteints du Sida ou greffés, que la maladie a le plus d’impact.

Autour du rôle pathogène du virus BoHV 4

La reproduction n’était pas en reste, dans ce haut lieu d’élevage qu’est Deauville, grâce au symposium proposé par MSD en fin de journée. Le débat a été ouvert autour d’un possible rôle pathogène du BoHV 4, cousin de l’agent responsable de la rhinotrachéite infectieuse bovine et voisin de l’agent de la mononucléose en médecine humaine. Faudrait-il rechercher ce virus plus souvent, lors de l’introduction de taureaux de monte libre notamment ? Agit-il seul ou en synergie pathogène avec des agents bactériens ? , s’est interrogée Sylvie Chastant-Maillard, qui avait fait le déplacement depuis l’ENV de Toulouse.

L’arsenal diagnostique à la disposition du laboratoire de la Manche aidera sans doute à faire avancer les connaissances sur l’épidémiologie de ce virus, et à circonscrire son rôle pathogène supposé en élevage : une rt-PCR vient d’être développée, en partenariat avec Adiagène1. Les remontées d’observations de terrain des praticiens sont en cours d’analyse (métrites et mortalité embryonnaire précoce “au long cours”, voire ulcération impossible à cicatriser sur la peau du sillon intermammaire).

L’œil des laboratoires d’analyses enrichit chaque année les échanges lors de la JNV. Outre celui de Fabienne Benoit, du laboratoire de Saint-Lô sur le BoHV4, la contribution plus équine de Pierre-Hugues Pitel, du laboratoire Frank Duncombe à Caen, a consisté en un duo avec Denis Dugardin de Lisieux. Ils ont passé en revue des cas de syndromes piro-like dans la moulinette de l’interactivité. En équine, des maladies à la présentation clinique quasi pathognomonique chez d’autres espèces déconcertent : anémie, fièvre, baisse de performance caractérisent une piroplasmose (sans pissement de sang), une leptospirose (sans ictère), tout autant qu’une borréliose (sans gonflement articulaire)…

  • 1 Ce thème a fait l’objet d’un article de S. Chastant paru dans Le Point vet. 2012 et fera l’objet d’une série d’articles dans un cahier expert rural Point vét. à paraître début 2013.

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