Modifier la fréquence de la traite n’est pas contraire au bien-être des vaches laitières

Dans la filière lait, le travail et l’astreinte liés à la traite sont depuis longtemps une préoccupation majeure. Certes, les évolutions techniques ont permis d’améliorer les conditions de travail et d’optimiser le temps passé à traire, en fonction du nombre de vaches dans l’élevage. Mais une nouvelle demande à caractère social, qui vise des horaires en phase avec le reste de la société, incite de plus en plus d’éleveurs à repenser leur organisation vis-à-vis de cette obligation quotidienne. Parmi l’ensemble des tâches à effectuer par l’éleveur, et en dehors des travaux saisonniers, quelques-unes (la traite, l’alimentation, les soins aux jeunes, l’entretien du bâtiment) correspondent à ce qu’il est convenu d’appeler des astreintes, dans la mesure où ce sont des activités impossibles à reporter au lendemain.

À elle seule, la traite représente plus de la moitié du temps de travail. L’obligation d’être présent, 2 fois par jour et à heures fixes, tout au long de l’année, peut rendre cette astreinte contraignante et d’autant plus difficile à vivre que la traite est longue et le confort insuffisant.

Explorer le confort des animaux

Pour des raisons d’organisation, économiques ou personnelles, changer le rythme de traite des vaches laitières peut sembler bien pratique. Mais dans ce cas, y a-t-il une incidence sur le confort des animaux ?

Pour la savoir, 2 études¹ ont été menées : la première porte sur le passage de 2 traites par jour à 1 seule après 122 jours de lactation. La seconde étudie le passage de 14 traites à 13 par semaine, en sautant 1 traite hebdomadaire. Dans chaque cas, seuls les paramètres de confort des animaux sont explorés : difficultés de locomotion, temps passé couché, souplesse de la mamelle, perte de lait avant la traite.

Dans la première étude, aucun trouble de la locomotion n’est observé au cours des jours qui suivent le changement de rythme. En revanche, le lendemain, la mamelle est tendue et des pertes de lait sont enregistrées. Ces désagréments disparaissent en moins d’une semaine. Les vaches restent alors plus longtemps couchées que lors de la traite biquotidienne, car elles ne se déplacent qu’une fois par jour pour rejoindre la salle de traite.

Dans la seconde étude, les vaches ont une mamelle plus tendue le soir du jour où la traite est sautée, ainsi que le lendemain matin. Il en est de même pour les pertes de lait. Ces signes sont transitoires et tout revient à la normale le lendemain. Les auteurs concluent que les changements de rythme de traite sont responsables de signes d’inconfort chez les vaches laitières, mais ils sont transitoires et ne doivent donc pas empêcher leur mise en œuvre lorsque cela est nécessaire.

• 1 Keelin O’Driscoll et coll. « Does omission of a regular milking event affect cow comfort? », Livestock Science, 138 (2011) 132-143.