L’ÉCURIE SECONDE CHANCE MISE SUR UNE VIE APRES LES COURSES - La Semaine Vétérinaire n° 1512 du 19/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1512 du 19/10/2012

REPORTAGE

Auteur(s) : CLÉMENTINE DENY

L’Écurie Seconde chance, qui a vu le jour début 2009, est spécialisée dans le commerce des chevaux retirés ou réformés des courses.

Chaque jour en France, de 10 h à minuit, des centaines de chevaux participent à des courses. Le cheptel est conséquent, mais la sélection est rude. Et les moins rapides, économiquement peu rentables, terminent leur carrière à la boucherie. Face à ce constat, Sylvain Martin a décidé d’agir et s’est lancé dans l’aventure de l’Écurie Seconde chance. « Passionné de chevaux, j’ai monté pendant plusieurs années en tant que jockey amateur. Je me suis aperçu que les entraîneurs avaient des difficultés pour assurer une sortie élégante à leurs chevaux qui ne convenaient pas ou plus sur les hippodromes. » À leur contact, Sylvain entrevoit pourtant un autre avenir pour certains de ces jeunes réformés des pistes. Il décide de lancer son projet de commerce de chevaux en reconversion à Combrée, dans le Maine-et-Loire, persuadé que « ces animaux possédaient des qualités et qu’on pouvait leur redonner de la valeur ».

Autour de la maison, des paddocks s’étendent à perte de vue. Les chevaux y séjournent, hiver comme été. « Dans notre processus de reconversion, il est important d’inverser le mécanisme du cheval de course, très conditionné. Avant son arrivée, il vivait 23 heures sur 24 enfermé dans un box. Ici, il évolue au milieu des prés. Nous avons installé une plate-forme pour lui permettre d’avoir les pieds au sec, et des tas de sable pour qu’il se roule afin de favoriser sa décontraction musculaire. En hiver, une couverture imperméable sur le dos suffit. »

Sylvain Martin se rend presque chaque jour chez des propriétaires qui veulent se séparer de chevaux « atteints de lenteur », selon le jargon des courses. « Je les observe, juge de leur qualité de locomotion, de leur état sanitaire, de leur caractère, et j’en sélectionne entre 2 et 5 par semaine. »

Un travail qui passe par le mental

Ce matin, Gilles Baratoux, l’un des vétérinaires de la clinique équine de Meslay-du-Maine, est de passage pour examiner les nouveaux pensionnaires. Cet autre amoureux des chevaux ne tarit pas d’éloges sur le projet. Le praticien intervient ici pour des boiteries et des troubles médicaux classiques. « Ces chevaux de course ont des maladies spécifiques à leur activité, ajoute-t-il. Affections ostéo-articulaires, anciennes fractures, tendinites. Des problèmes que nous pouvons “récupérer”. » Gilles Baratoux est aussi propriétaire de chevaux de course. C’est donc un monde qu’il connaît bien. « Comme je travaille avec beaucoup d’écuries, je connais souvent l’historique des chevaux. Je peux ainsi mieux conseiller Sylvain Martin. » Ce qu’il admire le plus, c’est le travail sur le mental de l’animal réalisé par les membres de l’écurie.

« Je suis particulièrement impressionné par la façon dont ils arrivent à remettre bien dans leur tête des chevaux pourtant si marqués par les courses. »

L’ambition de 400 chevaux en 2015

C’est à Frédéric Duval, le cavalier de l’écurie, que revient en grande partie cette mission. Avec patience et passion. Depuis l’âge de 14 ans, il dresse et débourre des chevaux. Il est d’abord présent au nourrissage, dès le matin. Puis aux soins, avant de les prendre en main, chacun leur tour. « Nous commençons par travailler dans le calme. Je marche à côté et nous passons ensemble les obstacles. Puis nous travaillons sur l’assouplissement aux 2 mains, car ils n’ont connu que la ligne droite ! » Le cheval reste entre 3 semaines et 3 mois ici. Au fil du temps, il prend confiance et peut être proposé à la vente. C’est aussi Frédéric Duval qui présente le cheval à son éventuel acheteur.

Ce jour-là, après avoir échauffé Apercute Trésor, il passe les rênes à une jeune femme à la recherche de montures pour son club : « Nous voulons évaluer son niveau afin de trouver le cheval le plus adapté à ses critères, à sa demande. Il faut qu’il y ait une bonne adéquation entre le cavalier et sa monture. Ces chevaux ont un passif, ils ont souvent été sollicités au maximum de leurs capacités physiques. Un cheval de course réformé nécessite d’abord un budget, mais aussi un niveau de compétences, un état d’esprit. Ils sont vendus en cours de conversion, nous leur avons donné des bases en dressage, mais on ne les considère pas comme dressés au moment où ils partent d’ici. »

Lors de sa première année d’existence, l’Écurie Seconde chance a reclassé 36 chevaux. Pour son 4e exercice, entre janvier et août 2012, ce chiffre atteint 114 chevaux. Alors qu’il vient de louer 20 hectares, doublant ainsi sa capacité d’accueil, Sylvain Martin imagine qu’en 2015 près de 400 chevaux pourraient ainsi profiter de la vie tout en faisant la joie d’heureux propriétaires.

D’AUTRES VOIES DE RECONVERSION

Outre cette initiative de l’Écurie Seconde chance, certains propriétaires reconvertissent également leurs chevaux de course eux-mêmes, afin de les destiner à d’autres filières (loisirs, voire sport). De plus en plus de petits propriétaires se lancent dans cette aventure, portée par quelques grands noms du cheval de course. Par exemple, Marie-Christine Leroy, championne de concours complet d’équitation, a été précurseur de ces réformes, car elle a monté, à haut niveau, des chevaux issus des courses.

En outre, il existe un partenariat entre France Galop et la Ligue française pour la protection du cheval pour la prise en charge des chevaux réformés des courses au sein d’un fonds de reconversion. Le financement de leur entretien est assuré par France Galop, grâce à la participation volontaire des professionnels affiliés qui reversent au minimum 1/1 000e de leurs gains en course. La LFPC s’engage à remettre en état et à placer ces chevaux réformés. < MARINE NEVEUX

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