Bien conseiller les propriétaires de NAC - La Semaine Vétérinaire n° 1512 du 19/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1512 du 19/10/2012

Entreprise

Auteur(s) : OLIVIER POUYOL

L’expertise du praticien est nécessaire pour accompagner le choix des futurs propriétaires de nouveaux animaux de compagnie (NAC), en particulier les néophytes.

L’avis du vétérinaire est trop souvent peu considéré dans la décision d’acquisition d’un nouvel animal de compagnie. Or l’accompagnement et les conseils du praticien (sensibilisation en salle d’attente, responsabilisation des propriétaires une fois le NAC acquis, etc.) sont nécessaires. Le choix raisonné d’un animal de compagnie résulte de l’équilibre entre 3 types d’investissement : économique, pragmatique et émotionnel (voir schéma ci-dessous). Négliger l’un d’entre eux peut avoir de lourdes conséquences, pour l’animal comme pour le maître.

L’INVESTISSEMENT ÉCONOMIQUE

Le budget lié à l’animal comprend le prix d’achat, les conditions d’entretien et les frais vétérinaires. Si les petits mammifères et les reptiles courants sont vendus à prix raisonnable, les espèces exotiques sont souvent plus coûteuses (perroquets, reptiles rares). Les futurs propriétaires doivent considérer au préalable les conditions environnementales (cage de transport, cage de vie, gamelles, cachettes, jeux, sources de chaleur pour reptile, etc.). Les infrastructures particulières comme les terrariums impliquent des frais supplémentaires. Les dépenses matérielles fixes ne doivent pas non plus être négligées (parc et litière pour lapin, hamac pour furet, arbre à perroquet). Les charges régulières sont liées à l’alimentation et aux consommables d’environnement (litière, substrat, sable pour chinchilla, rayonnement UVb pour reptile).

Quant aux frais vétérinaires, il convient de dissocier les frais initiaux (identification, dépistage, stérilisation) des charges régulières (déparasitage, vaccination) et occasionnelles (maladie). Contrairement aux souris et aux hamsters, les furets et les lapins impliquent des investissements proches de ceux des chiens et des chats. Les reptiles sont souvent à hospitaliser sur de longues durées, leurs propriétaires négligeant la médecine préventive. Enfin, les perroquets sont associés à des dépenses ponctuelles importantes, nécessaires à l’exploration d’états cliniques habituellement frustes. Certaines assurances commencent à prendre en charge furets, lapins, cochons d’Inde, chinchillas, rats, hamsters et perroquets.

L’INVESTISSEMENT PRAGMATIQUE

Avant d’acquérir un animal, la recherche d’informations propres à l’espèce est nécessaire (accès aux sources de qualité, consultation de sites régulièrement mis à jour et dotés de références).

Hormis les reptiles, tout NAC doit pouvoir se promener hors de sa cage, au sein d’espaces sécurisés, afin d’éviter un corps étranger ou l’électrocution. À l’exception des espèces non autochtones, les sorties extérieures sont possibles en écartant tout danger de fuite (harnais pour furet, parc pour herbivore, cage pour oiseau), de prédateur (chien, rapace) et de maladie (temps trop froid ou trop variable, parasitisme, tondeuse à gazon à l’origine de scalp de la carapace, etc.).

L’entretien de l’animal (brossage du lapin ou douche pour l’oiseau, par exemple) est aussi important que celui du milieu de vie. Furets et volatiles sont souvent associés à tort à la malpropreté, celle-ci pouvant être corrigée par une éducation et un environnement adaptés. Sans oublier que certaines espèces ont besoin d’aliments variés (légumes pour herbivores, insectes pour insectivores).

Au bien-être s’ajoute la nécessité d’interaction essentielle à l’épanouissement de l’animal. En fonction de l’espèce, le contact sera régulier ou permanent (perroquets). Certains mammifères demandent moins d’attention lorsqu’ils sont en groupe (chinchilla, octodon, rat, souris, gerbille, etc.). D’autres ont une activité plutôt nocturne (chinchilla, rat, souris, gerbille, hamster, etc.).

L’INVESTISSEMENT EMOTIONNEL

L’investissement émotionnel ne doit pas renvoyer les notions économiques et pragmatiques au second plan. Si ces dernières sont totalement occultées, il s’agit d’un achat compulsif sans conscience de ce que cela implique (frais, temps consacré à l’animal, etc.). Quand l’engagement rationnel et l’émotion sont associés, l’animal est alors considéré à sa juste valeur.

Le lien affectif se construit plus souvent à partir de l’attachement du propriétaire que de celui de l’animal. Ainsi, certains propriétaires de reptiles se montrent très attachés, alors que d’autres les considèrent uniquement comme des animaux d’ornement. L’aptitude d’un animal à exprimer épanouissement et attachement participe à renforcer la relation. Furets, lapins et perroquets sont parmi les plus interactifs. Hormis les rats, les autres myomorphes (hamster, souris, gerbille) sont plutôt réservés. Le propriétaire peut se trouver déçu vis-à-vis d’une espérance de vie courte (myomorphes) ou d’une agressivité potentielle de l’animal (furet, reptile, perroquet, par exemple). Toutefois, cette dernière se corrige souvent par une éducation adaptée.

LE BON CHOIX

Évaluer tous ces éléments permet de rationaliser le choix d’un NAC. Même pour un hamster, il faut éviter l’achat “coup de cœur” et cibler les exigences du propriétaire. Quel type d’animal recherche-t-il ? Le NAC est-il sans danger, interactif, exotique, d’ornement, à durée de vie longue ? À qui l’animal est-il destiné, à un enfant sensibilisé ou à un adulte correctement informé ? Le budget mensuel correspond-il Autant de questions utiles à se poser.

Pour le lieu d’acquisition (animalerie, particulier, refuge, association), mieux vaut privilégier les structures qui s’occupent d’espèces en particulier, notamment pour les reptiles et les oiseaux. Il est aussi judicieux d’observer les parents, le reste de la portée, le milieu de vie, ainsi que l’animal convoité. Ce dernier ne doit être ni prostré ni chétif, ni présenter d’anomalies (incisives, pelage, plumage, locomotion, etc.). Les mammifères et les oiseaux doivent être sevrés, d’où l’importance de connaître leur âge exact (voir tableau 1 sur WK-Vet.fr). Même si la stérilisation estompe certaines différences, le sexe de l’animal est parfois associé à des contraintes telles que l’odeur du furet mâle ou la dominance comportementale (chinchilla femelle ou octodon, souris et écureuil mâle, par exemple). Les femelles tendent à induire davantage de frais compte tenu de maladies sexuelles plus nombreuses (dystocie, hypocalcémie périnatale, lactation nerveuse, tumeur mammaire, rétention d’œufs, etc.).

Pour le bien-être des animaux, le regroupement éventuel de plusieurs individus doit se faire dès le plus jeune âge ou en laissant ensemble les animaux d’une même portée. Afin d’éviter toute reproduction non désirée, des groupes de même sexe doivent être constitués, à moins d’envisager la stérilisation. En outre, les espèces à forte dominance sexuelle doivent vivre au sein de groupes formés d’un seul sexe “fort” et de plusieurs animaux de sexe opposé.

Aussi, le contact avec d’autres animaux au statut sanitaire incertain n’est pas conseillé.

LA LÉGISLATION LIÉE À LA DÉTENTION D’UN ANIMAL

Il est toujours utile de conserver les papiers certifiant l’origine de l’animal. Alors que la détention d’animaux domestiques n’est soumise à aucune contrainte (arrêté du 10 août 2006), celle des espèces sauvages autochtones est réglementée par l’arrêté du 10 août 2004. À titre d’illustration, la possession du vison d’Europe et des tortues terrestres (Testudo hermanii et T. graeca) est soumise à une autorisation préfectorale de détention et à l’identification de l’animal. Certains spécimens sauvages communs, tels que le hérisson, le lapin de garenne, le hibou ou la chouette, ne peuvent être gardés qu’à condition de détenir un certificat de capacité (voir tableau 2 sur WK-Vet.fr). En cas de blessure, il convient de les apporter chez un vétérinaire ou un centre de soins capacitaire.

Retrouvez les tableaux de cet article dans les compléments de La Semaine Vétérinaire sur WK-Vet.fr, http://www.wk-vet.fr/mybdd/?visu=164&article=164_4044

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