Ces vétérinaires qui ont mis les pieds dans le plat - La Semaine Vétérinaire n° 1510 du 05/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1510 du 05/10/2012

Dossier

Auteur(s) : NATHALIE DEVOS

Grande distribution, restauration aérienne ou maritime, filière viande ou encore conseil en hygiène et en qualité : les vétérinaires qui travaillent au sein des industries agro-alimentaires se réjouissent de leur activité variée, qui ne se limite pas, loin s’en faut, à la salubrité des aliments. Découverte et témoignages de certains d’entre eux.

Selon les données de l’Annuaire Roy, un peu plus d’une centaine de consœurs et de confrères français exercent à temps plein au sein d’une industrie agro-alimentaire (IAA). Un faible nombre donc, rapporté aux quelque 19 000 vétérinaires en activité recensés dans le Roy. Pourtant, ceux qui y travaillent (voir témoignages en pages 32 à 36) ne tarissent pas d’éloges sur leur activité : ils mettent en avant la diversité des postes en IAA, les différentes facettes du métier (audit, formation, conseil, contrôle qualité, intégration d’une démarche de développement durable, réglementation, etc.), l’absence de routine ou encore les perspectives d’évolution offertes dans ce genre d’entreprise.

Alors comment expliquer que ce secteur, pourtant porteur, attire si peu de vétérinaires ? Certains de nos confrères interrogés estiment qu’ils ont « découvert » trop tard, durant leurs études, ce domaine d’exercice et qu’il était trop axé sur « l’inspection des viandes » (orientation ISPV1 et/ou abattoir en quelque sorte). D’autres avancent l’argument que le cursus vétérinaire n’est pas suffisant en lui-même pour exercer dans une IAA : une formation post-ENV est donc indispensable et il faut s’en donner les moyens.

SENSIBILISER LES ÉTUDIANTS DÈS LA PREMIÈRE ANNÉE

La première raison qui explique la faible présence des confrères en IAA, c’est que, lorsqu’on passe le concours qui donne accès aux écoles vétérinaires (malgré la réforme de la classe préparatoire qui ouvre plus la porte à d’autres domaines que la médecine), c’est avant tout… pour faire “véto“ : le docteur des animaux ! « Quand les élèves sont interrogés à leur arrivée en 1re année sur leurs intentions de pratique à la sortie de l’école, ils répondent : canine, nouveaux animaux de compagnie, équine, faune sauvage… Mais exceptionnellement l’agro-alimentaire, et très peu la recherche », constate notre confrère François-Henri Bolnot (responsable de l’unité pédagogique Hidaoa2 à l’ENVA et directeur du laboratoire Risques et aliments-Oralim). « À Alfort, ajoute-t-il, nous les sensibilisons dès la 1re année à ce domaine d’activité et au rôle de notre profession en termes de santé publique. Pour la plupart, c’est une découverte ! »

La seconde raison pour laquelle le secteur de l’industrie agro-alimentaire n’attire pas les jeunes, c’est qu’ils ne se sentent pas assez formés pour se lancer dans cette activité. « Et ils n’ont pas vraiment tort : le nombre d’heures de base consacrées à la sécurité et à la qualité des aliments n’est pas suffisant pour qu’ils puissent être opérationnels dans ce secteur à la fin de leurs études. Il faudrait en outre qu’ils aient une formation solide sur le monde de l’entreprise. Cela ne s’improvise pas ! »

UN CRÉNEAU PORTEUR À CONSERVER

Puis il est vrai que bon nombre d’étudiants associent les cours d’Hidaoa à une éventuelle carrière d’ISPV. « Il faut briser ce raccourci, et c’est ce que nous nous efforçons de faire à l’ENVA depuis des années, en élargissant le champ de la discipline vers tout ce qui concerne la prise en compte de la sécurisation de l’alimentation. Nous tentons de les sensibiliser au monde des IAA en espérant qu’ils suivront, à leur sortie, une formation approfondie afin de pouvoir y travailler et d’y occuper des postes clés. Il y a des exemples de réussite exemplaire de consœurs et de confrères ! Personnellement, je ne connais pas un seul échec dans ce domaine. » Et François-Henri Bolnot d’insister sur un dernier point : « Compte tenu des évolutions réglementaires et du contexte, l’inspection en abattoir sera de plus en plus placée sous la responsabilité des professionnels, même si le vétérinaire reste au final le garant de la salubrité des denrées qui en sortent. Il faut que notre enseignement et les programmes en tiennent compte. »

Pour notre confrère, il s’agit donc de ne pas perdre un créneau qui nous est encore ouvert en France, celui des IAA. À la différence des anciens pays du bloc de l’Est qui ont récemment rejoint l’Union européenne et où le rôle du vétérinaire s’arrête à l’abattoir en ce qui concerne la sécurité sanitaire des aliments.

Les enseignants d’Hidaoa caressent l’espoir que davantage d’étudiants choisissent cette voie d’exercice professionnel, tout en déplorant chaque année de voir fondre le nombre d’inscrits au CEAV HQSA3, qui attire davantage les vétérinaires étrangers, notamment issus des pays du Maghreb, que les Français. Malgré la qualité reconnue de cet enseignement, organisé par les écoles vétérinaires, il n’aura pas lieu cette année : trop peu de candidats !

  • 1 ISPV : inspecteur en santé publique vétérinaire.

  • 2 Hidaoa : hygiène et industrie des aliments d’origine animale.

  • 3 Certificat d’études approfondies vétérinaires en hygiène, qualité et sécurité des aliments.

LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN CHIFFRES1

→ Avec près de 14 000 entreprises, dont plus de 90 % de PME, elles représentent le 1er secteur industriel français.

→ Elles ont réalisé près de 150 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009.

→ Elles totalisent 3,7 milliards d’euros d’excédent commercial en 2009.

→ Elles valorisent 70 % de la production agricole nationale.

→ Elles sont fortement pourvoyeuses d’emplois (quelque 410 000 salariés).

1 Le panorama des industries agro-alimentaires est édité à l’occasion du Salon international de l’alimentation (le prochain aura lieu du 21 au 25 octobre 2012).

Source : Agreste et ministère de l’Agriculture (données 2009).

QUELQUES EXEMPLES DE FORMATIONS POST-ENV

→ Certificat d’études approfondies vétérinaires (CEAV) de gestion de la sécurité et de la qualité des denrées alimentaires (ENVA, ENVT, Oniris)

Informations sur http://www.vet-alfort.fr/web/fr/462-ceav-et-desv.php

→ Diplôme interécoles ENVA-École du Val-de-Grâce (service de santé des armées) en hygiène, qualité et sécurité des aliments.

Informations sur

→ Master en management des entreprises du vivant et de l’agro-alimentaire, École de management et VetAgro Sup (Lyon) puis SupAgro (Montpellier).

Informations sur http://www.supagro.fr/web/pages/?idl=19&page=314

→ Master management de la qualité et de la sécurité des aliments dans les industries agro-alimentaires, université de Nantes et Oniris.

Informations sur http://www.sciences-techniques.univ-nantes.fr/SI00197/0/fiche___formation/&RH=1211532077898&ONGLET=1

→ Master aliments et bio-produits, AgroParisTech à Paris.

Information http://www.agroparistech.fr/Aliments-et-Bio-produits,1845.html

→ Sécurité sanitaire des aliments et analyse de risque, Institut Pasteur à Paris.

Informations sur http ://www.pasteur.fr/ip/easysite/pasteur/fr/enseignement/pole-epi-epidemiologie-et-sante-publique/securite-sanitaire-des-aliments-et-analyse-de-risques

→ Master MSC international agro-alimentaire, École supérieure d’agriculture à Angers.

Informations sur http ://www.masterstudies.com/Masters-Degree/Business-Economics-and-Administration/Agribusiness/MSc-in-Agribusiness/France/ESA-Ecole-Superieur-d’Agriculture/MSc-International-Agribusiness/

→ Management des risques sanitaires alimentaires et environnementaux, AgroParisTech à Paris.

Informations sur http ://www.agroparistech.fr/ALISeE-Management-des-risques.html

→ Master complémentaire en médecine vétérinaire spécialisée, option santé publique vétérinaire, module santé des aliments, université de Liège (Belgique).

Informations sur http ://progcours.ulg.ac.be/cocoon/programmes/VHVETS01.html

→ Il existe également des formations plus ou moins ciblées proposées par des centres techniques agro-industriels (IPL, Adria Quimper, Ifip, Adiv, Actilait, etc.).

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