L’alimentation du cheval exige du foin… de qualité

Comme chaque année, ce congrès de formation équine a permis de réunir les acteurs de la filière. Vétérinaires, chercheurs, industriels, entraîneurs, éleveurs, etc., ont ainsi débattu sur le thème de l’alimentation du cheval.

Catégoriser les chevaux

Les besoins nutritionnels du cheval sont à définir selon l’individu, sa race (le métabolisme est plus élevé pour certaines), son âge, son état physiologique et l’exercice pratiqué, comme l’ont développé Véronique Julliand (professeur de zootechnie et responsable d’une équipe de recherche en nutrition équine à Agro Sup Dijon) et Charles Barré (responsable de la commission équine de l’Avef et praticien nutritionniste). L’équipe de notre consœur réalise d’ailleurs des études pour catégoriser les équidés, comme cela existe en médecine humaine (athlète en aviron, nageur, etc.). La problématique est en effet similaire pour les chevaux : il convient de déterminer leurs besoins par type d’exercice, puis de catégoriser chacun de ces types. L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a mené des travaux dans ce sens chez le cheval d’endurance, le trotteur attelé, le cheval de concours complet ; d’autres sont en cours chez les chevaux de course de galop et de saut d’obstacles.

« Les facteurs extérieurs, comme la température ambiante, la conduite des animaux en lots individuels ou collectifs, etc., méritent aussi d’être pris en compte », a poursuivi Véronique Julliand.

En outre, les besoins dépendent du but à atteindre. Ceux en énergie reposent sur le poids de l’animal. Un coefficient de variation est défini selon l’objectif. De même, un coefficient correcteur est appliqué en fonction de la race. La démarche est quantitative, mais aussi qualitative.

Tous les facteurs de variation sont à prendre en compte et la valeur nutritive de l’aliment doit être connue. Pour aider à la réalisation de la ration, un logiciel sera lancé dans 1 mois sur Internet¹, a indiqué Samy Julliand, gérant de Lab to Field.

Analyser les besoins

Les intervenants ont développé point par point les différents éléments apportés par l’alimentation. Charles Barré a notamment insisté sur la qualité des protéines et sur le foin. En pratique, l’analyse de ce dernier est essentielle. Sa qualité organoleptique est intéressante. « L’analyse s’effectue grâce à la sonde à foin. Sans elle, la procédure présente moins d’intérêt. En outre, il convient d’analyser un nombre suffisant de bottes », a insisté notre confrère.

Macro-éléments, oligo-éléments, etc. Les carences comme les excès peuvent être délétères. Notre confrère Alain Cosnier (Vétoquinol) a détaillé les manifestations de ces carences « qui sont difficiles à identifier, car le dosage biologique direct est peu fiable. Une autre option consiste à doser dans la ration, ou encore à doser des témoins biologiques ».

Relier pathologie et alimentation

L’alimentation est associée à certaines maladies. Charles Barré a cité le cas du poney shetland insulinorésistant : si cela lui permet de résister sur son île, cela devient un problème quand il doit s’adapter à une alimentation riche dans d’autres pays. Le cheval “easy keaper” est également insulinorésistant. Comme l’obésité entretient cette insulinorésistance, la seule voie pour en sortir consiste à augmenter l’activité du cheval. « Chez ces animaux, il faut réduire, voire supprimer, les glucides (en tout cas les céréales). C’est là que l’aliment fibré devient un élément intéressant, car il constitue un bon support pour l’huile. » Charles Barré recommande dans ce cadre des fibres et de l’huile, et proscrit les concentrés.

Notre consœur Pascale Schott a développé, pour sa part, la gestion de l’equine gastric ulcer syndrom (Egus) : « L’objectif est de soulager la douleur et de prévenir les complications. Le traitement médical doit permettre de restaurer un pH stomacal normal et de supprimer les sécrétions d’acide chlorhydrique. » Il faut également agir sur les facteurs de risque afin que la maladie ne perdure pas : il convient ainsi de modifier celui lié à l’entraînement, de donner l’accès au paddock, de modifier la composition de la ration. La quantité de grains fournie et la fréquence des repas sont déterminantes.

Finalement, « s’il ne faut retenir qu’un seul message, le cheval est un herbivore, son alimentation exige du foin de qualité ! », a conclu Charles Barré.

• 1 http://qualif.lab-to-field.com