Effet de la complémentation en électrolytes et en vinaigre sur les performances du poulet de chair en pays chaud - La Semaine Vétérinaire n° 1508 du 28/09/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1508 du 28/09/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Karim Adjou

La région du Maghreb est une zone chaude avec, d’une part, une période de chaleur de plus en plus allongée (de mai à septembre, voire octobre selon les régions) caractérisée par une température ambiante entre 28 et 35 °C qui correspond à un stress thermique chronique et, d’autre part, des pics de chaleur fréquents, avoisinant les 40 à 45 °C, qui provoquent un stress thermique aigu. Ces conditions ambiantes entraînent des pertes économiques considérables en termes de baisse de performances zootechniques et d’accroissement des taux de mortalité des poulets.

Différentes mesures selon le type de stress thermique considéré

Pour pallier les effets néfastes de la chaleur ambiante sur la production avicole, différentes mesures sont envisagées selon le type de stress thermique considéré (chronique ou aigu). Lors de stress thermique aigu, les solutions sont essentiellement techniques (Amand et coll., 2004) et concernent la gestion des principaux paramètres à risque (température, hygrométrie, débit de renouvellement et vitesse de l’air). Elles sont éventuellement associées à d’autres pratiques telles que l’acclimatation précoce (De Basilio et Picard, 2002), la restriction alimentaire (Lozano et coll., 2006), la réduction de la densité des animaux (Puron et coll., 1997) et la gestion de l’abreuvement (Valancony, 1997), visant ainsi à réduire la mortalité des poulets en cas de coup de chaleur. Lors d’exposition chronique à la chaleur, des solutions nutritionnelles (Chen et coll., 2005), de complémentation en additifs (Zulkifli et coll., 2000 ; Hassan et coll., 2003 ; Sahin et coll., 2005) ou génétiques via la création de souches résistantes à la chaleur (Lu et coll., 2007) peuvent être appliquées pour atténuer le retard de croissance des poulets et améliorer leur survie dans ces conditions.

Électrolytes et acide acétique semblent être intéressants

Parmi les additifs potentiellement utilisés, les électrolytes (KCl et NaHCO3 ; Ahmad et coll., 2008) et l’acide acétique (Kadim et coll., 2008) sont le plus fréquemment employés en période estivale. Ils présentent l’avantage d’être facilement applicables par l’éleveur sans induire d’importants surcoûts. Si le recours aux électrolytes a pour effet de corriger le déséquilibre acido-basique induit par le stress thermique, l’action du vinaigre sur la physiologie du poulet soumis à la chaleur reste, en revanche, inconnue.

Dans ce contexte, une étude1 a été menée pour déterminer l’effet de la complémentation de l’eau de boisson en électrolytes (KCl + NaHCO3) et en vinaigre commercial (acide acétique) sur les performances de croissance, la consommation hydrique, la qualité de la carcasse et la température corporelle des poulets soumis à des températures ambiantes (Ta) estivales (Ta diurne de 31 °C, Ta nocturne de 25 °C en moyenne).

660 poulets de souche ISA J15, âgés de 28 jours, sont répartis en 3 groupes de 220 individus chacun, de poids homogène, comprenant 5 répétitions de 44 poulets (22 mâles et 22 femelles). Le groupe T (témoin) ne reçoit aucun traitement dans l’eau de boisson ; le groupe E est complémenté avec un mélange de 0,5 % de KCl et 0,5 % de NaHCO3 dans l’eau de boisson ; le groupe V est complémenté en vinaigre (à 5°, acide acétique) à raison de 2 ml par litre d’eau. L’aliment et l’eau de boisson sont distribués à volonté durant la période expérimentale qui s’étend du 28e au 49e jour d’âge.

Après une complémentation de 3 semaines, l’analyse statistique globale ne révèle aucune différence significative entre les poids vifs moyens, les gains de poids et la consommation alimentaire des poulets des différents groupes.

Toutefois, le lot de poulets complémentés en vinaigre présente un ingéré significativement plus faible que celui des poulets témoins entre 28 et 35 jours d’âge (– 26 %, p < 0,05). En revanche, entre 35 et 42 jours, la consommation alimentaire de ce même lot devient significativement (p < 0,05) supérieure à celle des témoins (+ 13 %) et à celle du groupe E (+ 17 %). Par ailleurs, en fin d’élevage, le lot E présente un ratio consommation d’eau/consommation d’aliment plus élevé que ceux des témoins et du groupe V.

Concernant le gras abdominal, les poulets du lot T en ont une proportion plus forte que dans le groupe V (+ 19 %, p < 0,05). En outre, les poulets complémentés présentent des températures corporelles inférieures à celles des poulets témoins (voir tableau).

Ainsi, l’addition d’électrolytes et d’acide acétique dans l’eau de boisson semble être une solution intéressante chez les poulets élevés en période estivale.

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