Rhodococcose : évolution et facteurs de risque1 - La Semaine Vétérinaire n° 1505 du 31/08/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1505 du 31/08/2012

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

ÉVOLUTION DE LA MALADIE

« La rhodococcose est apparue pour la première fois en 1920, majoritairement dans des régions à climat chaud et sec ou désertique (Middle Est, Australie, États-Unis), a rappelé le Pr Des Leadon, de l’Irish Equine Centre (Irlande). L’accroissement des échanges, de la taille des élevages, de la production de pur-sang en Irlande ont aussi modifié l’incidence de la rhodococcose. » Cette incidence correspond à l’augmentation de la virulence de R. equi dans l’environnement, corrélée à celle de la densité des populations de chevaux.

Les signes cliniques ont également évolué, passant d’une fièvre élevée à une maladie facilement omise à un stade précoce : les poulains présentent uniquement un mauvais état général, avec un poil sec, pauvre, mais un appétit qui, souvent, demeure bon. Cette maladie engendre une chute de productivité et des pertes économiques importantes.

RECOMMANDATIONS OUTRE-ATLANTIQUE

« Les recommandations émises sont fondées sur la médecine factuelle, avec des perspectives principalement américaines », a précisé Noah Cohen, de l’université du Texas2.

→ Densité équine : il existe des preuves solides selon lesquelles les risques de pneumonie sont plus élevés dans les écuries à forte densité. La fréquence de cette affection a ainsi décru quand la densité équine a été réduite dans une ferme en Californie, mais cela est à interpréter avec prudence, car le nombre de cas diffère chaque année.

→ La présence ou la concentration de R. equi dans le sol n’est pas associée à la fréquence des pneumonies chez le poulain.

→ La concentration de R. equi dans l’air est associée à sa présence chez des poulains dans une étude en Australie. Les concentrations sont plus hautes en box qu’au pré. Les plus élevées sont mesurées dans les paddocks et les allées, plutôt que dans les pâturages. Elles augmentent aussi lorsque la température ambiante est élevée, quand l’humidité au sol est réduite, et quand l’herbe est moins haute.

→ L’association entre la concentration de R. equi en aérosol et la rhodococcose est démontrée au niveau de l’individu. Est-ce que réduire R. equi dans l’air permettrait de réduire la fréquence des pneumonies ? « On ne sait pas, les preuves sont faibles en faveur de cette hypothèse », estime Noah Cohen.

→ On ne sait pas non plus si le poulinage au paddock ou au pâturage versus au box est significatif. Les preuves sont également trop faibles.

→ Selon des études en Australie, arroser les paddocks pourrait réduire la rhodococcose, mais les résultats sont à interpréter avec prudence.

→ En Australie, R. equi est retrouvé le plus souvent dans le sol des fermes équines dont le pH est inférieur à 6.

→ L’enlèvement des crottins des paddocks n’est pas associé à une incidence moindre des pneumonies. « De meilleures mesures de quantification sont encore nécessaires. »

De même, l’incidence des pneumonies n’est pas expliquée par une souche de R. equi spécifique à la ferme.

→ La question de l’isolement des poulains reste posée, car ils excrètent des concentrations plus élevées de R. equi dans leurs matières fécales que les chevaux adultes. Chez les poulains affectés, il y a plus de R. equi dans les fèces que chez les sujets sains. Mais R. equi est répandu dans l’environnement des poulains, il n’est donc pas démontré d’intérêt de les séparer des adultes. « Je pense qu’il ne faut pas isoler les poulains », estime Noah Cohen.

→ La chimioprophylaxie avec des macrolides n’est pas recommandée. Leur utilisation en mode préventif pourrait en effet favoriser les antibiorésistances.

ÉTUDE EN BASSE-NORMANDIE

Comme l’a développé notre consœur Jacky Tapprest (Anses Goustranville), une étude menée en Basse-Normandie s’est intéressée aux pratiques d’élevage, mettant en exergue les facteurs taille et densité3. La poussière est également un facteur de risque important, et de contamination du poulain : paddock avec un sol en terre ou en sable, aire d’attente en terre devant la salle d’échographie, etc. Cela rejoint les résultats d’autres études.

Sinon, il peut être intéressant d’identifier les zones à risque, c’est-à-dire celles où il y a de la poussière, propres à chaque élevage, et d’en interdire l’accès aux poulains ou d’y réduire la poussière (paddock, alentours du bac à eau en le changeant de place, etc.).

Il est donc préconisé de réduire la taille des élevages (même si cela est souvent difficile d’un point de vue économique) et la densité, de favoriser les naissances précoces et de diminuer l’exposition des poulains à la poussière (ramassage des crottins, chaulage, bonne ventilation, etc.).

  • 1 Voir le diagnostic, le traitement, la gestion, les nouveautés du workshop de Deauville et la stratégie immunitaire dans les prochains numéros de La Semaine Vétérinaire.

  • 2 Voir aussi les numéros 1478, 1480 à 1482 de La Semaine Vétérinaire.

  • 3 Voir aussi en page 21 de ce numéro.

    Source : colloque organisé le 13 juillet 2012 à Goustranville par l’Anses et Hippolia.

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