Comment luttez-vous contre l’antibiorésistance en pratique canine ? - La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/07/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/07/2012

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : LAUREN FIGUERES

Ne pas systématiser l’antibiothérapie

Antoine Dunié-Merigot, praticien canin en chirurgie à Montpellier (Hérault).

Je m’attache à prescrire le moins souvent possible un antibiotique en phase postopératoire. Tout est mis en œuvre pour obtenir une stérilité peropératoire optimale. Nous venons d’emménager dans une nouvelle structure pensée pour travailler dans les meilleures conditions d’hygiène possibles : ni carrelages ni plinthes (donc pas de joints), un bloc opératoire spécialisé équipé d’une ventilation à pression positive et d’un revêtement au sol ultralisse spécialement conçu pour cette utilisation. Nous demandons également un contrôle de qualité annuel, avec des analyses bactériologiques des surfaces. En phase peropératoire, j’utilise un seul antibiotique, choisi selon les germes les plus fréquemment retrouvés lors des antibiogrammes. Le choix de prescrire ou non un antibiotique en phase postopératoire dépend beaucoup du type et de la durée de l’intervention. J’essaie de ne pas le systématiser. En général, je ne prescris pas d’antibiotique à la suite d’opérations des tissus mous non contaminés et qui ne font pas intervenir de temps septique. Dans le cas des interventions chirurgicales en site contaminé, un antibiogramme est toujours demandé.

Responsabiliser les propriétaires

Estelle Aymeric-Cuingnart, praticienne canine à Auriol (Bouches-du-Rhône).

Nous avons toujours fait relativement attention à notre façon de prescrire des antibiotiques. Pour ma part, je trouve que nous avons été bien sensibilisés aux phénomènes d’antibiorésistance pendant notre formation. Bien entendu, nous sommes vigilants sur le choix des antibiotiques et sur l’observance, mais nous avons aussi modifié petit à petit nos habitudes. Nous essayons de sensibiliser au maximum les propriétaires, les éleveurs en particulier, à cette problématique afin d’éviter des traitements non justifiés ou mal conduits. Nous réalisons davantage d’antibiogrammes, et nous n’utilisons plus systématiquement d’antibiotique de couverture lors d’actes chirurgicaux de convenance chez le chat. J’ai également modifié mes prescriptions, car je reviens à l’association sulfamide-triméthoprime, qui était beaucoup plus utilisée auparavant. En dermatologie, je n’utilise plus la mupirocine, une molécule de la pharmacopée humaine. Lors de trouble cutané localisé, je prescris un topique à base d’acide fusidique en première intention, et je réserve les antibiothérapies orales aux animaux qui présentent des lésions étendues ou en seconde intention. Lorsque je prescris un antibiotique per os pour une longue durée, j’essaie de responsabiliser le propriétaire pour que le traitement soit administré jusqu’au bout.

Privilégier la prévention des infections

Philippe Masse, praticien canin en référé chirurgical exclusif à Strasbourg (Bas-Rhin).

Je n’ai pas vraiment changé mes habitudes en matière d’antibiothérapie. J’ai toujours appliqué les règles de base : traiter vite, fort et longtemps. En matière de chirurgie, je privilégie l’asepsie à l’antibioprophylaxie. Je suis particulièrement vigilant sur la qualité de la stérilité au bloc opératoire : désinfection de la salle par brumisation, contrôle de la stérilité des instruments, préparation optimale de l’animal. Pour certaines interventions, je pratique une antibio­prophylaxie peropératoire, mais je ne prescris pas d’antibiotique en phase postopératoire. Lorsque j’estime qu’un traitement antibiotique est nécessaire (pose d’un fixateur externe, par exemple), je choisis une molécule à large spectre qui diffuse bien dans le tissu incriminé et j’insiste particulièrement auprès du propriétaire sur l’importance d’une bonne observance. Lorsque l’intervention implique des tissus contaminés, la prescription repose systématiquement sur un antibiogramme (chirurgie des bulles tympaniques, prostatite, complication infectieuse, etc.). L’antibio­résistance est un problème de santé publique auquel je suis sensible. Selon moi, l’idée principale consiste à agir en prévention pour éviter les infections.

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