Limousin : une continuité des soins qui nécessite un retour sur investissement

« Dans la partie rurale de la région, la continuité des soins n’est pas un véritable problème, estime Jean-Claude Colombo, trésorier de l’Ordre du Limousin. Les confrères assurent à la fois la permanence et la continuité des soins. C’est toutefois un sujet que nous abordons systématiquement lorsque nous réunissons les nouveaux inscrits. » De fait, aujourd’hui, en pratique rurale, rares sont les vétérinaires qui s’installent seuls, sans associé. « Même avec une clientèle mixte, si on veut avoir à la fois une pluralité de compétences, une qualité de vie et faire autre chose que de la médecine d’urgence pour les ruminants, le regroupement est nécessaire, estime Claude Andrillon, associé de la clinique de la République, à Guéret (Creuse). Ne serait-ce que pour la mise en commun de moyens. » Yvan Ducochez, qui travaille à Bonnat (Creuse) au sein d’une structure de 3 vétérinaires mixtes, partage cette analyse : « La conjoncture freine les embauches et nous devons fonctionner ensemble, entre confrères. Si bien qu’un praticien qui exerce seul peut nous demander de prendre le relais pour quelques heures ou quelques jours. Ce système a ses limites en raison du nombre de kilomètres, du coût du carburant, du temps passé sur les routes et de l’indisponibilité pour notre propre clientèle. »

La clinique des Vanteaux, une structure référente à Limoges

À Limoges (Haute-Vienne), certaines cliniques ont trouvé le moyen d’assurer la continuité des soins tout en développant leur activité et en valorisant leur image. Ainsi, en 2011, celle des Vanteaux a quitté le Suacal (service de garde partagé entre des vétérinaires mis en place au début des années 90 par le D^r Denève) pour développer son propre système de garde et d’urgence. Une initiative qui rejaillit sur la continuité des soins, tant pour l’accueil de la clientèle que pour le suivi des animaux hospitalisés. « Nous avons engagé 2 vétérinaires internes qui, le jour, sont en stage et, la nuit, sont présents à la clinique où ils disposent d’un studio, et assurent les gardes à tour de rôle, 1 nuit sur 2, raconte David Mathurin, l’un des 4 associés. Ils accueillent les urgences, traitent les cas moins urgents, même pour un vaccin, et effectuent les soins des animaux présents, mieux que dans un système d’astreinte. Chaque nuit, 1 des 4 vétérinaires associés peut intervenir en cas de besoin. » Des confrères qui exercent seuls renvoient leur clientèle la nuit ou le week-end vers la clinique des Vanteaux. Les dossiers sont considérés comme référés et toutes les informations sont consignées dans un rapport remis dès le lendemain au vétérinaire traitant. De quoi conforter la clinique comme un établissement référent. Et ce dispositif de garde 24 heures sur 24 avec une présence permanente semble un gage de qualité. Pour en financer le coût, le tarif des visites de garde s’élève à 81 € et les prix des actes et des médicaments sont majorés de 20 %. Ce surcoût, annoncé au préalable, est plutôt bien accepté. Au final, avec une moyenne de 2 visites par nuit, le système représente entre 6 et 8 % du chiffre d’affaires de la clinique. Or, 6 % constituent le seuil qui permet de couvrir les frais. « S’il est vrai que cela permet d’assurer une véritable continuité des soins, la mise en place en est coûteuse et complexe. Elle répond, en tout cas, à une attente de la clientèle de plus en plus exigeante. »