Emmanuel Bénéteau

Quels sont les événements majeurs de cette dernière décennie pour l’évolution des confrères salariés d’entreprise ?

3 actualités principales ont ponctué ces 10 dernières années : l’arrêt Riaucourt, le décret prescription-délivrance et l’évolution du mandat sanitaire.

L’arrêt Riaucourt a mis fin à une situation qui existait sur le terrain. Il présente le grand intérêt pour les vétérinaires salariés de se poser des questions sur les modalités de leur exercice et de les sortir de leur “coque”. Il a engendré une réforme de notre façon de fonctionner.

Le décret prescription-délivrance a légitimé la prescription sans examen clinique préalable des animaux et a recadré la partie pharmaceutique. Ce décret a validé notre exercice, il conforte l’approche collective de la santé animale que nous poursuivons. Nous l’avons ainsi vu comme une légitimation de notre métier.

L’évolution du mandat sanitaire signe une certaine privatisation et un désengagement de l’État, y compris concernant des missions régaliennes.

Quel regard portez-vous sur l’avenir des vétérinaires de filières salariés ?

Cette population de vétérinaires représente clairement l’avenir. Et ce pour différentes raisons : la concentration des troupeaux, la professionnalisation et la formation des éleveurs. L’approche de l’animal par une gestion collective dans le temps est de plus en plus importante, car l’éleveur effectuera lui-même la “bobologie” ou la sous-traitera. Nous sommes les plus à même de mettre en œuvre cette médecine collective et nous assistons à une mise en place grandissante de filières qui convergeront de plus en plus vers ces objectifs.

L’avenir de nos confrères évoluera aussi vers le renforcement de leur place au sein des filières : en tant que décisionnaires, managers, etc. Je ne donnerai qu’un conseil aux jeunes confrères qui souhaitent se lancer dans cette voie : n’avoir aucun préjugé, rester ouvert et ne pas avoir peur !